Une agression dans la passe des Moon Tug...

Par Faruun le 17/6/2002 à 10:25:28 (#1670838)

Les abords des montagnes étaient calmes. Mis à part quelques skraugs belliqueux, en quête sans doute de reconnaissance par le combat, il s’était avéré que les skraugs n’avaient pas de haine particulière envers les humains, certains allant même jusqu’à avoir fait des études parmi les habitants de Stonecrest, afin de parfaire leur maîtrise de la langue et de la culture humaine. En fait les hommes pouvaient être des combattants parmi d’autres, mais les combats se faisaient dans un esprit de défi, testant la force des protagonistes, plus que dans celui d’une bataille. Faruùn aimait à dire qu’ils étaient bien proches des bréhanites, à bien des égards. Le combat ne laissait nulle inimitié, le vainqueur en ressortait grandit, le vaincu rejoignait la terre des ancêtres, ce que les hommes-rats appelaient le grand skraug dans la terre, sans doute une facette de leur culture qui honorait les morts tombés au combat.

Le soleil était haut dans le ciel, dardant ses flèches de lumière à travers les feuillages épars des bois, éclairant la route qui sillonnait les montagnes pour mener au campement. Le bandeau qu’il avait ajusté sur ses yeux pour les protéger lui masquait les paysages, aussi avançait-il doucement, aveugle au milieu du chemin. Un bien piètre défi pour les skraugs, qui ne jugeaient pas bon de l’inquiéter. Sans doute était-ce un déshonneur de combattre un adversaire aveugle, ou peut être était-il plus intéressant pour eux de se mesurer à des adversaires qu’ils jugeaient plus forts. La fougue et l’imprudence menaient bien des jeunes skraugs à leur perte, se confrontant à des aventuriers toujours plus aguerris, et connaissant les techniques de combat de ces derniers.

Faruùn n’aimait pas se promener ainsi à découvert. En pleine journée il était bien plus vulnérable que d’ordinaire, il n’était pas à l’abri d’une embuscade, d’un traquenard, et devait redoubler de prudence, malgré sa vue manquante. Attentif au moindre bruit, au moindre souffle de vent, l’homme avançait prudemment, ce que l’on aurait pu prendre pour la lenteur inhérente à sa vision défaillante. Et alors qu’il approchait de la passe marquant l’entrée du campement, il entendit des paroles brèves qui ne pouvaient porter à confusion. Un chaman skraug devait sans doute estimer que quelques-unes de ses entrailles pourrait lui servir pour ses rituels. Se jetant à l’abri derrière quelques rochers, tout en se guidant au son pour riposter, il attendit quelques instants que tout se calme. Et là, il sut qu’il venait de commettre sa première imprudence.

Il n’était pas seul. Dans sa précipitation, il n’avait pas fait attention à l’homme qui se tenait, invisible, à quelques distances de là. Cruelle erreur, cet homme s’était déplacé à présent, et il était là, quelque part... L’attaque ne se fit pas attendre, la lourde masse s’abattant sur lui, Faruùn n’eut que le temps de rouler sur le sol, accompagnant l’impact pour éviter le pire. Le coup avait été porté avec une rare violence, et le vieil assassin remercia silencieusement l’armure légère qu’il portait sous son manteau. Terminant sa roulade, il se releva dans le même mouvement, se tenant en garde. Son agresseur était un imposant séraphin aux ailes noires. Il revêtait une armure complète de plaque qui irradiait d’une étrange lueur bleutée, une armure magique, à n’en pas douter. Faruùn le jaugea de suite comme un adversaire dangereux, mais il n’avait pas souvenir de l’avoir déjà croisé. Qu’importe après tout, nombreux étaient ceux qui avaient des raisons de lui en vouloir, et ceux ci avaient très bien pu s’adjoindre les services de tueurs comme cet homme…

Les muscles tendus, prêt à bondir d’un côté ou de l’autre, Faruùn guettait le moindre mouvement de celui qui lui faisait face. Ses pensées fusaient. S’il pouvait rejoindre l’obscurité d’une grotte, il serait plus à son avantage. Ici, il n’aurait guère le temps de se servir de son arc, et ses deux poignards ne lui seraient pas d’une grande utilité face à l’armure et à la masse que maniait son adversaire. La tension montait, les deux hommes guettant la moindre ouverture, la moindre erreur sans doute, quand l’agresseur prit la parole.

« - Voleur ! »
« - Pardon ? » L’assassin ne put cacher sa surprise. Avant de se reprendre rapidement, tant la situation lui sembla soudain absurde. Nombreux étaient ceux qui pouvaient vouloir sa mort, mais rares étaient ceux qui savaient qui il était. Voleurs et assassins développaient souvent une certaine rivalité, les uns et les autres ne se mêlant guère. Oh il n’était pas rare qu’un voleur doive tuer, ou qu’un assassin ne dépouille une victime. Mais les arts n’étaient pas les mêmes, et l’un comme l’autre évitait souvent de marcher sur ces territoires voisins.

Le quiproquo fut rapidement réglé. L’homme, qui disait s’appeler Zeratull Crow, avait du le méprendre pour un autre, ou prétendait cela. Dans tous les cas, Faruùn ne cherchait pas l’affrontement dont l’issue aurait été par trop incertaine. Si cet homme l’avait effectivement attaqué par erreur, il n’y avait pas eu trop de mal, à part une contusion certaine qui se dissiperait rapidement. Si par contre il avait espéré le tuer, leurs chemins se croiseraient sûrement de nouveau… Non sans méfiance, l'assassin attendit que son agresseur disparaisse.

Par Iann-Nyo Darken le 17/6/2002 à 11:59:55 (#1671369)

:lit:

Quand un loup en croise un autre, la nature reprend son droit et tout deux comprenent alors le sens de la loi du plus fort...
Qu'importe... Une Ombre reste une ombre et elle ne peuvent se caché l'une l'autre.

:)