Un revenant [Part II]

Par Justine Jellers le 3/6/2002 à 2:39:38 (#1581024)

La mer s'agitait en tous sens. L'écume blanche de cette furie s'envolait , portée par les bourrasques qui ne manquaient pas de s'engouffrer dans la cabine.

L'homme s'était réveillé voilà maintenant deux heures, alors que les nuages noirs menaçaient le bâteau de leur gouttes d'eau, salutaires dans les campagnes mais qui se révélaient dangereuses en pleine mer. Le navire oscillait de haut en bas, si bien qu'il était difficile d'apercevoir quoique ce soit au dehors, qui ne soit pas un océan agité ou un ciel assombri. Parfois, un éclair venait zébrer de sa vive lumière un horizon trop uniforme en temps normal.

Assis sur son lit, l'homme semblait perdu dans des pensées aui ne l'avaient plus quitté depuis le départ du capitaine, le soir qui précédait leur départ. Il lui avait donné la rapière, cadeau de son père, héritage d'un lointain ancêtre dont il avait oublié le nom et Rignar, depuis, traitait l'arme comme si elle était sa fille, vantant curieusement ses mérites, lui qui se prétendait pacifique.

Le mouvement du bâteau, rythmé par les vagues sans cesse grandissantes, ne tarda pas à rendre l'homme somnolent, la fatigue ne l'ayant pas encore totalement quitté. Il s'allongea à nouveau, ne pressentant aucun danger, aux cris que poussaient le capitaine, et se rendormit presqu'aussitôt.

Un chuchotement...
Des paroles qu'une voix aigue prononçait rapidement.

- Nourriture... Bonne... Plus loin... Par là... Odeur... Bonne... Compagnons... Venez...

Encore un peu vaseux, l'homme s'aperçut qu'il faisait maintenant un soleil radieux et que celui-ci inondait la pièce, s'arrêtant au pied de son lit, comme s'il n'avait pas souhaité le sortir de son sommeil.

La voix reprit, maintenant accompagnée d'autres non moins perçantes.

- Bon...

- Faim... Nourriture...

- Sûr?.. Sentir danger... Grand...

- Non danger... Moi aller...

- Sur?..

- Moi aller... Oui... Vous venir... Après... Si non danger... Allez loin...

Puis ce fut le silence, mais l'oreille attentive de l'homme put discerner quelques grattements sur le sol. Il ne comprenait pas le sens de ces paroles; elles semblaient être prononcées par des êtres primitifs, bien qu'il ne saisissait que des mots et non les phrases dans leur entière composition.

Il risqua un oeil par dessus son lit en direction du sol et vit son assiette, encore occupée par les restes d'un frugal repas, reniflée par une petite créature à poils gris qui ne pouvait être qu'un rat. D'étonnement, l'homme hoqueta bruyamment, signe que le rat ne manqua pas de percevoir, ce qui eut tôt fait de le faire détaler sans prévenir. Malgré tout, l'homme crut encore entendre cette voix stridente.

- Danger... Attendre... Grand là...

Maintenant parfaitement réveillé, l'homme se leva en direction du trou où le rat avait trouvé refuge, mais n'entendit plus rien. Il n'arrivait pas à saisir ce qui s'était passé ces dernières minutes, pas plus qu'il n'arrivait à comprendre l'origine de ces voix.

Ce n'était pas ce rat, tout de même...?

Un coup à la porte le fit revenir à la réalité et un homme parla derrière le panneau.

- Messire? Il est presque midi et le capitaine souhaite savoir si vous prendrez une collation avec lui. Il tient à s'enquérir auprès de vous si ces deux jours n'ont pas été trop pénibles pour votre personne.

- Dites-lui que je viens dans quelques instants.

- Bien, messire.

L'homme se leva et observa ce même reflet qu'il avait pu entrevoir lors de la découverte des lieux et s'étonna de sa tranformation. Il ramercia intérieurement ce jeune mousse dont la père était barbier et qui maniait les rasoirs avec une certaine dextérité. L'homme ressmblait plus au portrait qu'il avait de lui, enfoui dans un recoin de son cerveau. Des cheveux roux, nettoyé de la saleté qui les avait recouverts, tombant en mèches hirsutes, car point encore peignés. Un visage jadis massif, mais qui, aujourd'hui était plus creux, un peu maladif, sans nul doute dû à ce qu'il avait subi. Des yeux turquoises, signe de grande lignée dans sa patrie. Un corps efflanqué, aux muscles encore saillants, ayant perdu de leur superbe.

L'homme n'en doutait pas, elle allait le reconnaître, et sans nul doute encore l'aimer. Il ne savait toujours pas la raison qui avait poussé la silhouette à lui permettre de retrouver sa fiancée, mais il n'allait pas manquer une chance de lui parler et encore moins de l'aimer. Combien de temps s'était écoulé entre le moment où elle l'avait laissé sur les lieux où s'était déroulée la bataille? Il l'ignorait totalement. Il n'avait pas pris l'initiative de le demander. Ce qu'il avait pu être bête... S'agissait-t-il de quelques semaines? De quelques mois? Il envisageait cette dernière possibilité puisque le voyage pour la retrouver qu'il avait entrepris prenait lui-même au moins six mois et qu'il était sur l'un des plus rapides navires, s'il en croyait Rignar. Peut-être même des années...?

Cette dernière pensée raviva en lui une certaine amertume... Avait-il donc été mort? Il ne s'en souvenait pas. Mais si cela avait vraiment été le cas, pourquoi le faire revenir lui? Et qui était cette homme à la voix sifflante? Pourquoi l'a-t-il envoyé vers celle qu'il aimait? Les conjectures se bousculaient des sa tête, mais il décida de les mettre de côté pour aller discuter avec le capitaine. Peut-être connaissait-il la date de cette guerre qui avait opposé deux Maisons rivales dans la province de Sandor.

Cela lui permettrait de mieux connaître les dessous de cette mystérieuse affaire...

(A suivre...)

Par La grenouille le 3/6/2002 à 2:49:04 (#1581043)

suis intrigué la ;)

Par Carna Rogue le 3/6/2002 à 3:14:50 (#1581101)

:lit: les suites de telles histoires ont cela de commun qu'elles sont toujours trop longues a venir

Par Pico Thy le 3/6/2002 à 9:39:37 (#1581807)

:lit:

Par Leylia le 3/6/2002 à 10:07:39 (#1581964)

:lit: Superbe et très bien écrit :merci: *prendra son mal en patience en attendant la suite*