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Une enfance... [Part IV]
Par Ombre Océane le 16/4/2002 à 17:19:11 (#1295504)
- Océane ! Tu peux faire mieux que cela ! Tu en as les capacités.
La préceptrice Assani était bien gentille, mais il était malaisé dappliquer sa théorie dans un environnement aussi improductif. Je nétais pas encore ladepte quelle aurait voulu que je fus. Cela ne faisait quune semaine que jétais Aspirante et déjà, jen avais un peu assez de suivre des cours et sans cesse être dirigée. Et puis, après réflexion, ma sur me manquait un peu.
Je minterrogeais sur son devenir et sur ce quelle pouvait bien faire en ce moment même. Jessayais de limaginer avec une belle robe rose pâle à rendre jalouse la vieille Sadie, dansant sous le clair de lune dans les bras dun jeune prince venu de contrées inconnues quelle venait de marier. Jaurais aimé la revoir alors que jétais là, dans le noir, à essayer de faire marcher un sort, pourtant basique, sous les houspilles de lune de mes tutrices.
Elles étaient au nombre de trois pour ma seule personne. Kinès, également responsable de notre groupe et que je soupçonnais de faire partie du Concile des Quatre, les dirigeantes des Lys, Assani, la représentante de la branche magique et Niruane, celle qui avait réussi à me voler une pièce dans ma bouche sans que je men aperçoive. Toutes ces femmes et quelques autres allaient mapprendre la Voie des Lys, qui ferait de moi un membre à part entière de lOrdre.
Malgré tout, je nétais pas encore parvenu à cerner ce pourquoi une telle voie existait. Bien des questions me taraudaient à ce sujet mais je nosais pas les poser. Les réponses viendraient delle-même, je nen doutais pas. Et puis
que voulez-vous quune fillette de neuf ans puisse comprendre quelque chose aux jeux des adultes.
- Bon ! Cest fini pour aujourdhui ! Océane, tu peux y aller.
Les torches sallumèrent sur une salle vide. Aucun moyen ne métait donné de connaître ce qui avait provoqué tant dagitation. La porte souvrit sur une petite femme brune portant une robe dargent, à leffigie des Lys, qui savança vers moi. Elle me tapota le front dun air pensif.
- Tu as fait quelques progrès, mais ce nest point encore cela. Tant que tu ne sauras pas lancer ce sort correctement et ce, même dans des conditions extrêmes, je ne tenseignerais rien de plus. Si, à demeure, tu nen est guère capable, tu naurais rien de plus à faire ici. Entraînes-toi
je nai rien à ajouter.
Je quittais Assani remplie dune certaine appréhension pour rejoindre la salle dentraînement de Niruane. Il sagissait dune vaste pièce où étaient réunies des fillettes dâges divers, saffairant par petites bandes dans chaque recoin. Isolée, une charmante tête auburn, dun an ma cadette, finissait denfiler sa tunique de protection, quon appelait ici « Thilaï ». Elle se composait dun haut en cuir bouilli un certain nombre de fois pour obtenir une meilleure résistance, de deux jambières souples, dune paire de bottes et dun casque qui couvrait la majeure partie de notre visage. Ainsi vêtue, nous ne devions guère nous faire de mal, avait insisté Niruane. De plus nous nattaquions quavec des armes de bois, certes mal étudiées pour éprouver le poids dune arme réelle, mais qui auraient le mérite de ne pas entailler, choquer ni blesser une Aspirante. Nous aurions à faire nos preuves plus tard, lorsque nous aurions acquis les bases.
Pour le moment, je mapprochais delle à petits pas. Elle ne mavait pas remarquée, ce qui rendait ce jeu intéressant.
- Bouh !
Elle sursauta, lâchant au passage sa botte qui tomba sur le sol avec un bruit sec qui se répercuta dans le silence que je venais de créer. Tous les yeux étaient rivés sur nous, y compris ceux de notre préceptrice du moment, Niruane.
- Je vois que vous savez faire preuve dun certain esprit pour nous maintenir informées de votre présence en ces lieux. La prochaine fois, faites-moi penser à rendre cela obligatoire.
Je minclinai respectueusement.
- Je suis désolée, madame.
- Je lespère bien. Elle se détourne de moi. Allons, allons ! Mesdemoiselles, hâtons-nous, lentraînement va bientôt débuter.
Elle cessa dès lors de sintéresser à nous pour prêcher quelques conseils aux vingt-huit autres filles présentes. De mon côté, je retournais à mon précédent sujet de préoccupation.
- Alors Lilas, je tai fait peur ?
Elle secoua la tête.
- Non, pas du tout.
- Même pas un peu ?
- Non, jai dit.
- Menteuse, je ta presque vu bondir.
- Et alors ? Jai été surprise, cest tout
Intérieurement, jexultais davoir réussi à provoquer cette réaction chez une fille aussi calme que Lilas. Par dessus tout, elle voulait devenir une Lys et sacrifierait père et mère je pense si jamais elle les avait eus sous la main. Ne pas faire confiance en une personne qui ne serait pas une Lys est lun des premiers préceptes que lon apprend en tant quAspirante. Lilas lappliquait à la lettre, même pour moi qui, malgré tout, avais réussi à attirer sa sympathie dès notre première rencontre. Elle vouait une affection toute particulière envers la nécromancie et la magie qui en résultait. Sa passion morbide laccompagnait jusque dans le dortoir où, sous son lit, elle cachait des ossements de petits animaux quelle espérait pouvoir bientôt animer. A lépoque, je me demandais ce qui avait pu bien se passer dans sa vie pour, quà huit ans, elle soit autant fascinée par la mort. Ce que jallais découvrir par la suite resterait sans doute lun de mes pires souvenirs
Le cours a difficilement commencé, du en partie aux multiples retardataires, dont je faisais évidemment partie, qui navaient pas eu le temps denfiler leur Thilaï. Il ne consista quen des mouvements maintes fois répétés, tous plus ou moins utiles en cas dattaques au couteau, larme de prédilection de nos instructrices.
Il prit fin, sous les soupirs de lensemble des filles, avec le discours rituel de Niruane, qui notait chaque fille et leur annonçait les mouvements quelles auraient à perfectionner. Puis nous saluions Niruane et toutes rejoignaient une pièce bizarre où des centaines de plantes poussaient sous la houlette de Tammaryl, une adepte des poisons en tout genre. Pour ce que je savais delle, il devait sagir dune druidesse, si lon tenait compte de sa robe verte.
Là, elle nous apprenait à reconnaître toutes sortes de végétaux, de celui qui guérit en cas de blessure, à celui qui peut tuer une personne par simple contact épidermique quelle conservait dans un endroit fermé afin déviter les malencontreux accidents.
Ce cours nétait pas particulièrement passionnant à mon goût, ce qui faisait que je laissais souvent vagabonder mes pensées dans des endroits auxquels nul autre que moi navait accès.
Bien souvent, je mendormais et ce jour là, aucune exception ne vint enfreindre cette règle.
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Je volais à une vitesse vertigineuse dans cet espace qui nous est tant inconnu. Les étoiles filaient devant mes yeux en dinfinis traits lumineux. Et pourtant je navais aucune sensation de mouvement. Je passais à côté de gigantesques sphères que javais le loisir dobserver de très loin. Certaines étaient brunes, dautres rouges, dautres encore dun bleu iridescent
Le voyage dura plusieurs minutes et je maperçu que je mapprochais rapidement de lune des sphères, qui grandissait à vue dil. La peur de mécraser simmisça en moi mais une petite voix à lintérieur de mon crâne me rassura. Je ne savais guère doù elle venait mais je me décidai à lécouter.
Dun camaïeu de bleu et docre, mon lieu datterrissage devint un vaste territoire marron et vert où seffilochent quelques nuages, chassés par le vent.
Brusque blanc devant mes yeux
Tout sétait arrêté. Je me trouvais à présent sur un chemin de graviers qui menait à une maison immense, vraisemblablement un manoir. De part et dautres du chemin, des arbres à perte de vue, bien que cette dernière fut particulièrement restreinte par cette nuit sans lune. Derrière moi, une grille condamnée par un cadenas et un mur haut denviron quatre mètres me bloquaient toute retraite.
Le vent soufflait fort et faisait murmurer les feuilles en une complainte triste et lancinante.
Je mavançais de plusieurs pas vers la maison mais une voix denfants, étrangement familière, marrêta soudain.
- Par un beau matin dhiver, la souris sapproche du chat
. Elle demande à son compère, sil ne peut la suivre en bas
. Le chat lui répondit : madame, je ne peux vous escorter
. Car le sommeil me gagne et je my endormirais
Une petite fille, toute vêtue de rouge, longue robe, petits souliers à talon et serre-tête incrusté de rubis, se balançait davant en arrière sur une planche de bois attachée à une branche en chantonnant. Sa peau sombre jurait presque avec les couleurs vives de ses accessoires vestimentaires, mais plus je mapprochais, plus javais la sensation bizarre que je me trouvais à sa place.
Alors que je me trouvais à quelques mètres delle, la fillette sarrêta et leva sa tête vers moi.
Avec un hoquet de surprise, je me découvrais, comme si un miroir avait été installé là et me montrait une autre moi. Trait pour trait, elle me ressemblait, à lexception des vêtements, les miens étant gris, et de ces dessins autours des yeux. Le gauche représentait une araignée de façon incroyablement précise mais avec deux détails qui mintriguèrent : elle navait pas huit pattes, mais dix et deux dentre elles étaient des bras humains ; de plus elle navait pas lair dêtre tatouée mais comme faisant partie intégrante de son visage. De même que le lys dessiné autour de son il droit.
Une voix gutturale sortit de la bouche de la jeune fille.
- Tu seras moi et je serais toi. Ton avenir est le mien et plus tôt tu en prendras conscience, mieux cela sera. Ouvre tes yeux
et vois par les miens !
Un flot dimages vint apparaître dans mon champ de vision. Elles sont si intenses que je vacille sous le choc. Je ny distingue que de vagues scènes rapides : des corps et du sang, un homme penché sur un chaudron, de nombreuses personnes réunies dans une luxueuse salle et égrenant une sombre litanie, et toujours cette araignée en filigrane.
- Suis lAraignée, elle te guidera. Tu ne resteras pas longtemps
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- Aspirante Océane !
Réveillée en sursaut, je mis quelques secondes à réaliser que jétais dans la salle des plantes et que le cours avait pris fin. Tammaryl me sermonna car elle nappréciait pas particulièrement que je vienne à son cours pour y dormir. Elle promit ce jour là den parler à Kinès, mais cétait bien là le dernier de mes soucis. Encore embrumée par les relents de mon rêve étrange, jécoutais à moitié ses recommandations et acquiesçais à chaque temps mort pour donner le change.
Une fois libérée, Lilas sempressa de me rejoindre.
- Quest-ce qui tarrive ? Dhabitude même quand tu dors, tu te tiens sur tes gardes. Là, tu as même gémis pendant lexposé de Saphir sur les Trompe-la-Mort.
- Ce nest rien
Juste un rêve un peu trop
prenant.
Lilas fit la moue.
- Comme tu veux ! Mais je naimerais te voir partir.
- Nous venons à peine de commencer. Elles ne vont pas me renvoyer dès maintenant. Jai le droit à plusieurs chances, je pense.
Tout en discutant, nous arrivâmes au dortoir, lun des seuls havres de paix que je partageais avec Lilas et deux autres co-locataires. Il sagissait de deux filles un peu timide, répondant aux doux nom dIris et Mirage. Jimaginais que le Concile des Quatre réunissait les filles par caractère. Celles avec des tempéraments différents ne pouvaient que sapporter mutuellement des choses ; ou bien le groupe explosait sous le couvert de tant dambiguïté
Un peu plus tard, après avoir pris le repas et lorsque, enfin, je pus me retrouver seule dans mon lit, je repensa à celle que jallais peut-être devenir dans un avenir proche. Ce que représentait laraignée, je lignorais
Ressasser ce rêve me conduisit tout droit dans le pays dont il était originaire. Là, je mabandonnais avec délectation aux charmes déloyaux dont ces contrées étaient pourvues.
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Assise sur une pierre près du pont aux gobelins, je regarde lhorizon pâlir, lobscurité cédant peu à peu le pas à une aube naissante, prélude à la journée ensoleillée qui allait suivre.
Ma journée à moi est finie et je peux me reposer loin de tout, de tous
- Bonjour à vous, peuple dAlthéa qui, en cette heure, vous levez. Que Feyd vous accueille en ce jour propice à la mort ! Puisse-t-elle maccorder ce sommeil dont jai tant besoin...
http://membres.lycos.fr/kyrianefeals/Oceane.jpg
Par Azulynn Kissous le 16/4/2002 à 19:58:14 (#1296592)
Par Darksoul Zenox le 16/4/2002 à 20:02:38 (#1296616)
Wow...t'a raison Azu, ca manquait...
*clap clap*
:)
Par Azulynn Kissous le 16/4/2002 à 21:04:09 (#1296973)
Vivi, je sors, je sais où est la porte maintenant... :D
Par Kyriane Feals le 17/4/2002 à 0:42:31 (#1297984)
Provient du message de Azulynn Kissous :
A la réflexion, ça me fait penser à Poudlard, tout ça :rolleyes:
Vivi, je sors, je sais où est la porte maintenant... :D
Une peu... c'est vrai.
Mais l'école des Lys existait déjà dans ma tête avant que le premier Harry Potter sorte. Je l'ai un peu adapté pour Althéa en lisant les aventures du célèbre petit magicien.
:)
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