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Affaires illégales dans Port-Libre
Par Zraak le 15/4/2002 Ă 3:20:22 (#1287507)
Je me présente : Minalya Ethermind. Je joue sur le serveur Karana depuis environ un an mais le système de jeu d'EverQuest, basé sur le camping et le level up, me rebute pas mal. J'envisage donc de quitter EQ dès qu'Horizons sortira, ce qui a motivé la prise de ce pseudo (draconique) pour les forums.
Vous remarquerez que les nouvelles que j'écris ici seront parfois écrites à la première personne, parfois à la troisième. Cela dépend de mon humeur et aussi du fait que l'un ou l'autre des styles représente mieux certaines ambiances (le système subjectif dépend une ambiance plus forte et un immersion totale, alors que le système objectif permet une vision globale au dépens d'une immersion partielle)
Minalya regardait le massacre avec des yeux vides, le regard complètement détaché, comme s’il s’agissait d’une illusion. Peu de gens seraient restés de marbre devant les scènes d’horreur qui défilaient devant ses yeux, comme notamment la petite fille cachée derrière un des bâtiments de Port-Libre Nord (ooc : ça en choquera beaucoup, mais j’aime autant traduire les noms autant que possible, désolée pour les esprits chagrins J) qui attendait que sa mère revienne la chercher, et qui devrait un jour se rendre à la triste évidence de sa mort. Les affaires qui menaient la belle dame, raffinée et superbe, dans cette ville poussiéreuse où la misère cotoie la corruption, différaient de celles qui poussaient certains gardes à agir d’une façon aussi odieuse sous le couvert d’un simulacre de justice créé par la Milice.
La première des règles d’or de Minalya était bien de ne jamais intervenir dans une affaire qui ne lui rapportait aucun bénéfice ou plaisir direct. Elle avait vécu pas mal de temps avec ce style de vie, et ne s’en portait pas réellement mal. De toute façon, les choses ne changeraient probablement jamais à Port-Libre, avec ou sans son aide. Elle ne pouvait que se contenter de profiter du chaos dissimulé par les faux-semblants entretenus par le petit nombre de marchands à ne pas encore toucher au marché noir et aux dessous-de-table avec les gardes – nombre qui décroissait chaque jour –. Ce chaos nuisait grandement au fonctionnement interne de la ville mais avait engendré une multitudes de commerces parallèles, des pioches volées aux peaux de requins, ce qui avait eu pour effet de rendre Port-Libre encore plus intéressante aux yeux des commerçants occasionnels que constituaient les aventuriers de toutes extractions. Il était possible d’y trouver de tout – du meilleur comme du pire – et à prix souvent réduit, la misère ambiante rendant le marchandage facile.
Car Minalya n’était pas de ces paladins au cœur fondant, prêts à payer le triple de sa valeur un objet sous prétexte que le petit garçon qui le vendait était acculé à la ruine. Minalya était une adepte des arts changeants et trompeur de l’Enchantement. Aussi longtemps que sa mémoire remontait – et cela est peu dire – elle avait toujours été attiré par l’Art. On l’eut aisément prise pour une mineure lorsqu’elle avait envie de casser la roche, et d’une princesse lorsqu’il fallait faire montre de paillettes et de feux de diamants. A l’instar des hobbits du Val Rivière, il était impossible de mettre la main sur elle si elle voulait se dérober aux regards. Ce maniement habile de ses talents lui avaient plusieurs sauvé la vie. Pour en revenir à son cœur, force était de constater que la neutralité absolue – la neutralité égoïste – avait la main mise sur son âme. Beaucoup avaient à tort pris cela pour de la méchanceté, de la vanité, ou de la provocation. Il n’en était rien. Si Minalya n’aidait pas les gens en détresse si ceux-ci n’avaient rien d’intéressant à offrir en retour – et pas nécessairement de l’or –, c’était juste parce qu’il était stupide de se la croire appropriée ou soumise. Elle vivait sa vie, à son gré, souvent changeant d’ailleurs.
Minalya respirait calmement. Une maison était en flammes à côté d’elle, une autre, derrière, abritait déjà les cadavres putrescents d’une famille qui n’avait pu payer la « traite » aux gardes corrompus. Beaucoup pensent souvent que seule Qeynos abrite des gardes corrompus, mais Port-Libre n’avait rien à lui envier, car aucune entité à la poigne de fer et au fort charisme ne l’unifiait comme Antonius Bayle le faisait pour sa cousine occidentale.
Toujours est-il que Minalya descendit dans une ruelle sombre et malodorante de cette ville dédalienne pour y mener quelque affaire.
Le ciel, gris depuis plusieurs heures, tint sa promesse de pluie et des gouttes tièdes tombèrent bientôt des nuages noirs stagnants. Les murs prirent une odeur de sueur, comme si on les eut forcé à travailler eux aussi. En fait de sueur, la pluie se mélangeait au torchis utilisé à unifier les pierres et le phénomène degageait une odeur proche de celle d’un ouvrier Ogre ayant oublié l’heure dans les basses-fosses vaseuses d’Oggok. Minalya esquissa une légère grimace, expression assez rare sur son visage d’ailleurs car elle essayait toujours de garder une apparence strictre et impassible. Ses cheveux d’ambre tomber sur des oreilles bien rondes et plaquées. La pluie devenait étrangement poisseuse au contact de cette ville, comme si elle-même eut été imprégnée de la mollesse de l’administration du Port...
Minalya avisa la petite échoppe clandestine – incroyablement bien dissimulée entre deux bâtiments miteux – qui était sa destination. Elle poussa la porte vermoulue qui ne fit pas un bruit. La pièce était assez spacieuse pour un commerce illégal. Le mobilier était spartiate, et l’isolation pour ainsi dire inexistante. L’endroit dégageait une impression de vice et de complot, et sans doute l’homme moustachu qui vint à la rencontre de la belle y était pour quelque chose. C’était un humain d’âge moyen – trente cinq ans à vue de nez –, brun aux yeux marrons. Un homme commun qui respirait le mépris. Non qu’il fût méprisant ou hautain, mais plutôt inspirait-il amplement ces deux sentiments. Il était habillé d’une veste brune sans manche, grasse et poussiéreuses et d’un pantalon sobre marron. Curieusement, là où Minalya aurait du rayonner et faire intruse dans le décor, elle semblait s’y intégrer parfaitement. Elle avait semblé avoir pris une allure délabrée et sale, bien qu’elle n’eut rien touché à son apparence. Un vrai caméléon.
— Entrez, chère Dame. Jé mé nomme Narmis. Zerbel Narmis.
— Je sais, lâcha sans intonation Minalya, qui scrutait la pièce sans prêter attention à son hôte.
— J’ai cé qué vous avez démandé. Si vous voulez bien mé suivre...
L’homme roulait les « r » et parlait avec une lenteur exaspérante, comme s’il réfléchissait à chaque instant à ce que serait le mot qui sortirait de sa bouche l’instant d’après. Sans réellement se tenir bossu, il ne se mettait pas en valeur et avait les mains croisées comme s’il eut prié un dieu mort depuis longtemps. Minalya le suivit au fond de la pièce, et comprit que celle-ci ne se limitait pas à quelques mètres carrés. Derrière l’armoire que Zerbel s’échinait à pousser s’ouvrit un couloir sombre et étroit, taillé dans la terre humide. Une odeur de moisi fit irruption dans la pièce, ce qui ne sembla pas incommoder Zerbel outre mesure. La lumière semblait absorbée par les murs, mais elle suffisait à éclairer les quelques pas qui les séparaient d’un complexe de salles au plafond douteux. Zerbel toussa deux fois d’une toux grasse et renifla avant de passer son avant-bras sous son nez, souillant celui-ci d’une substance peu ragoûtante. Ils arrivèrent dans ce qui semblait être un entrepôts, et après avoir cherché, le dos courbé, dans plusieurs caisses, Zerbel tendit à Minalya une petite bourse en tissu sale, souillée par plusieurs taches de gras et même de sang, mais il était dur d’avoir aucune certitude. Il retourna la petite saccoche au-dessus de la main de la dame, sur laquelle tomba deux petites pierres bleues, et une rouge, plus opaque que les deux autres. Le visage de Mina sembla prendre des couleurs à la vue des cailloux. Zerbel la contemplait avec une envie qui n’était rien de plus qu’une soif de platine. Elle examina chaque pierre à la lumière de la torche, seule source de lumière de la place.
— Un rubis étoilé et deux saphirs, madame. Comme vous les avez commandés.
— Namis, votre réputation n’est pas volée. Les joyaux sont superbes. J’ose espérer que le prix suit la légende.
Zerbel blêmit imperceptiblement, bien que la dame n’eut pas semblé bien dangereuse. Il perçut dans la voix et le regard de sa cliente une grandeur absurde. Comme s’il eut été un petit garçon parlant à une femme de trente ans.
— Bien sûr, madame. J’en demande cent cinquante pièces de platine pour lé tout.
— Considérez l’affaire comme conclue.
Elle lui concéda un sourire, ce qui dissipa en partie les peurs du marchand peu scrupuleux. Minalya tendit les pièces à Zerbel, puis ouvrit la marche vers la sortie de ce trou boueux. Avoir recours à ce genre de marché pour trouver des gemmes à bas prix était devenu de plus en plus courant, l’aventure ne rapportant pas aussi bien qu’elle n’y paraît.
Zerbel marchant de moins en moins vite, de plus en plus douteux. Son front se plissa quand il aperçu deux hommes devant l’armoire. Ils étaient bien dans le ton général de l’endroit – l’un était gras comme du lard huilé et son visage arborait pas mal de pustules peu ragoutants, l’autre était de petite taille et assez gros aussi, mais plus imposant –. Ils montraient tous deux un air vicieux et sûr d’eux, comme si dépouiller la dame de son argent dans ce quartier isolé était une affaire conclue d’avance. Minalya ne cilla pas et tenta de forcer le passage comme s’ils eurent fait partie des meubles. Les deux acolytes ricanèrent quelques secondes en se regardant, puis décroisèrent leurs bras pour les tendre vers la dame.
— Alors ma p’tite dame, on est quand même pas si pressée de quitter notre belle ville, si ? ironisa le plus musclé des deux.
— Laissez moi passer, articula Minalya d’une voix où ne perçait pas la moindre peur.
— Vous auriez pas une tite pièce pour deux pauvres bougres des quartiers boueux ?
Elle jaugea les deux hommes. Elle esquissa un petit sourire. Les deux gars n’étaient pas plus dangereux que deux gros rats malades, et ne semblaient pas des bandits de grand chemin, mais juste deux pauvres garçons que la misère avait poussé à mener des affaires peu glorieuses. Aussi décida-t-elle de ne pas utiliser une magie trop violente, elle se contenta d’invoquer un petit sort qu’elle affectionnait beaucoup : le Flux de Couleurs. Personne ne la remarqua se livrer à son petit jeu habile de doigts. En quelques instants, la vision des trois hommes s’emplit d’une myriade de couleurs magnifiques et d’une brillance irréelle. Il ne s’agissait que d’une illusion imposée à leurs pauvres cervelles. La pièce n’était toujours éclairée que par la grise clarté du dehors orageux. Les trois brougres équarquillèrent leurs yeux avec un sourire béat, oubliant complètement la situation dans laquelle ils se trouvaient. Minalya poussa du coude le grassouillet et se faufila sans hâte au dehors. Elle était déjà loin quand, quelques secondes plus tard, les acolytes virent les couleurs s’affadir sur leur quotidienne et grise réalité.
/ooc
Et oui désolée, pas de grands combats épiques. Pour moi, le roleplay passe par toutes sortes d’histoires, du combat de liches draconiques à une petite affaire illégale dans les quartiers d’une ville boueuse J
J’espère que l’histoire, quoiqu’un peu longue, vous a plue, j’attends vos réactions.
Minalya Ethermind
Par Dodger le 15/4/2002 Ă 14:22:36 (#1288796)
Joli =)
Mais ca serait bien de mieux connaitre le contexte de l'histoire, la vie de Minalya, etc...
Bonne petite histoire en tout cas =)
Histoire de Mina
Par Zraak le 15/4/2002 Ă 14:56:11 (#1288918)
L'histoire suivant est en gestation dans mes neurones, et elle sera un peu plus épique. J'aime bien situer l'action dans un seul lieu ou sur une étendue très réduite. Une grande aventure peut se passer en traversant le désert de NRo jusqu'à SRo en ne manquant pas de parler des Spectres de l'Oasis des Marr :)
@+
Wiz
Par Wizoom le 15/4/2002 Ă 19:24:53 (#1290667)
:)
je m'y met demain...
Par Hynkuel le 15/4/2002 Ă 19:39:26 (#1290746)
lol ai pas eu le temps de lire non plus ;) le lirait demain aussi :)
hu hu hu
Par Wizoom le 16/4/2002 Ă 13:09:38 (#1294087)
vi.... la vie est cruelle pour peu que l'on ne suive pas la voie du bonheur
louée soit Quellious pour la tranquillité qu'elle essaye d'instaurer sur Norrath
Que la connaissance vous apporte la joie... et la suite des tes ecrits hu hu hu :)
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