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Quelques pages blanches...
Par Cyran le 10/4/2002 à 15:08:01 (#1261326)
L'ouvrage aux feuilles immaculées sombra dans l'oubli...
La récente disparition de ma fille me plongea dans une chasse aux souvenirs. C'est ainsi que, parmi tant d'autres objets traînant au grenier, je retrouvai ce mystérieux livre. Je décidai que résoudre ce mystère me distrairait un instant de mes sombres pensées...
Je m'installai dans un moelleux fauteuil, près d'un feu crépitant qui à défaut de me réchauffer me servirait d'éclairage. J'ouvris le grimoire à sa première page. Mes yeux se rivèrent aux lettres qui dessinèrent lentement une phrase sur la page : "Laissez libre cours à votre imagination..."
Fébrile, je tournai la page... et succombai au conte qui apparut devant mes yeux...
Par Cyran le 10/4/2002 à 15:09:22 (#1261336)
Unique fils d'un petit seigneur, les travaux aux champs avaient rythmé l'essentiel de sa vie. Pourvu du seul titre de chevalier, son père ne pouvait assurer le grand train généralement associé aux nobles. Tout comme ses serfs, il cultivait la terre de ses propres mains ; il ne chassait pas pour la distraction mais bien pour assurer la pitance de quelques jours. C'est ainsi qu'avait vécu le jeune garçon, du moins jusqu'à il y a peu... jusqu'à la levée des armées. L'Empereur avait requis l'aide de tous ses vassaux, du plus grand duc au plus petit chevalier. La famille de Sigane n'avait pas échappé à la règle.
C'était Alexandre qui avait dû répondre à l'appel. L'armure d'un métal sombre qu'il portait tenait plus de la tenue d'apparat que d'une véritable armure conçue pour le combat, mais elle était la seule que la famille possédait : une véritable relique qui aurait appartenu à l'arrière arrière grand père d'Alexandre qui acquit ses lettres de noblesse par ses hauts faits d'armes. C'était un jeune homme ignorant bien des choses de la vie qui avait rejoint les troupes impériales.
La soirée avançait et l'alcool enivrait de plus en plus ses compagnons. Ils débattaient à présent de divers détails anatomiques et du tempérament de certaines dames de compagnies de l'Impératrice. Sourd à toutes ces histoires, Alexandre se laissa submerger par le souvenir des quinze derniers jours.
Quelle excitation que de rejoindre une telle armée ! Voilà qu'elle avait été sa première impression. L'éclat des armes offrait un spectacle merveilleux de ces troupes en rangs réguliers. Un sentiment de fierté emplissait le jeune homme : il allait combattre pour une cause juste ! L'Empire et ses habitants comptaient sur leurs nobles défenseurs...
La première bataille le fit déchanter. Une peur irraisonnée l'avait saisi au ventre alors que la fureur des aciers s'entrechoquant raisonnait autour de lui. Il n'y avait plus d'ordre, tout n'était que chaos. Il n'y avait plus d'étincellement, tout était poisseux de sang. De cette mêlée il était sorti vivant mais son sentiment de grandeur avait disparu... Il n'avait pas défendu de grands idéaux, il avait tué ses adversaires, il avait vu mourir ses compagnons d'armes... mais leur sang avait la même couleur, tous restaient des hommes privés à jamais du souffle de leur vie. C'est profondément changé qu'il avait quitté le champs de bataille.
Depuis, il avait moins fréquenté la noblesse, préférant la compagnie des gens du commun qui avaient répondu à la levée de l'armée pour la solde qui leur permettrait de vivre plus confortablement à leur retour et non pour une quelconque gloriole. Toutefois, Alexandre restait seul et silencieux la plupart du temps. Une bataille croisa à nouveau leur route au milieu des plaines de Folherbe. Il avait espéré un moment que la terreur serait atténuée de par son expérience. Ce fut pourtant le contraire qui se produisit, le choc des deux osts lui tordit les tripes. La nausée ne quittait la limite de ses lèvres alors qu'il frappait de toutes parts, une question s'imposant à son esprit : pourquoi survis-je alors qu'eux meurent ? L'herbe sanglante marqua une nouvelle victoire pour l'Empire.
Ce sont ces pensées que ruminait Alexandre tandis que les quelques chopes de bière consommées n'avaient fait que renforcer sa morosité. Il laissa là les ivrognes et se dirigea vers sa tente. Il prit à peine le temps d'ôter son armure avant de s'écrouler sur sa paillasse, succombant au délice de l'oubli d'un sommeil sans rêve. Demain verrait une autre bataille...
[à suivre...]
Par So le 11/4/2002 à 2:12:52 (#1265881)
Elle couvrit ses épaules d'une couverture, raviva le feu de bois en y ajoutant quelques branchages, et referma doucement la lourde porte derrière elle, se fondant dans la nuit à pas feutrés ...
Par Vrittis le 11/4/2002 à 15:00:40 (#1268237)
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