La Voie des Lys [Part III]

Par Serenade le 29/3/2002 à 23:48:41 (#1197931)

Ma fille,

Tant d'années se sont écoulées... Si tu lis ces lignes, c'est que tu as accepté, car je doute que tu ai réussi à prendre la lettre sur le corps de Lyliade. Non pas que je sous-estime tes capacités, mais je puis t'assurer que seule une Lys peut définitivement mettre un terme à la vie d'une autre. Si tu l'avais combattue, tu n'aurais alors réussi qu'à retarder l'instant de ta propre mort.
Mais bref... là n'est pas le sujet.
Vois-tu, aucun destin n'est la propriété de celui ou celle qui le suit. Cela, je l'ai appris à mes dépends il y a bien longtemps. Il est parfois nécessaire que d'autres interviennent. C'est ce qui s'est passé lorsque je t'ai laissé seule dans cette auberge. Et regardes ce que tu es devenue! Certes, ta maladie fut un handicap, mais ta force de caractère et ton envie de vivre ont fait le reste.
Tu dois me haïr et je peux le comprendre, je t'y engage même. Cela ne te rendra que plus forte car ta vie aura un but: la vengeance.
Un jour, tu comprendras beaucoup de choses, mais pas avant d'avoir vécu assez pour te départir de ce regard naïf qu'une adolescente de seize ans peut avoir.
Pour l'instant, j'ai beaucoup à t'apprendre, sur ta vie, sur moi, sur ton père... Les Lys encore plus.
Tu trouveras avec cette lettre, un parchemin que toi seule peut lire. Mémorise ce qui est inscrit dessus puis détruis-le par le feu. Pour plus de sureté, vérifies bien qu'il n'en reste que des cendres. Je t'attendrais trois jours entiers après que Lyliade t'ai quittée, pas un de plus. Si tu n'es pas là dans ce délai, c'est que tu auras changé d'avis. Tu sauras alors que je t'aimais, que la vie est parfois dure, mais que je n'y puis rien...


- Cette chambre est si... sordide.

Je viens de finir la lettre de ma mère pour la vingtième fois et cette voix retentit dans mon crâne. Je la connais, mais refuse de me retourner vers son origine, car le faire serait accepter cette fatalité qui ferait que ma vie ne serait pas celle que j'espérais contrôler, mais celle passée à être une marionnette guidée par celle qui est derrière moi.

Sur le deuxième parchemin, y était inscrit un plan qui présentait le plan d'une ville: Windhowl. Puis dans un recoin, celle d'une maison abandonnée... Elle avait osé me donner rendez-vous dans MON propre repaire! Celui-là même que je cachais à tous...

Je la regarde pour la première fois depuis mon abandon. C'est une femme grande, svelte, à l'ondoyante chevelure dorée, parée d'une robe fendue noire aux liserets rouge sang, de sandales de cuir attachées aux chevilles par de slanières et de bijoux finement ouvragée, qui se tient devant moi. Quelques rides viennent émailler so visage, mais elle a gardé ce charme qui fait d'elle la fort belle femme de mes souvenirs.

Elle passe un doigt sur un ma table de chevet improvisée et note avec circonspection la fine pellicule de poussière qui se trouve collé sur le bois. Elle dévisage le reste de la pièce avec des murmures d'insatisfaction.

Je lui tend la lettre à bout de bras en l'agitant.

- A quoi rime cette mise en scène? Si tu savais où j'étais, pourquoi ne pas venir me voir directement, au lieu de passer par cette subalterne.

- M'aurais-tu seulement écoutée?

Je dois bien avouer qu'elle n'avait pas tort. Me connaissant, je pense que j'aurais fui avant même qu'elle n'ai pu prononcer le moindre mot.

- Non, il est vrai que...

- Tu vois! Tout ceci était nécessaire. Te laisser un temps de réflexion a été une bonne chose. De plus, maintenant que tu connais l'existence des Lys, tu ne peux plus revenir en arrière.

- Tu serais prête à sacrifier ta propre fille au nom d'une stupide organisation prétendumment secrète?

- Silence! Tu ne sais rien de nous! Mais tu apprendras...

- Contrainte et forcée... Comment pouvez-vous vous abaisser à de telles basses-oeuvres? Les Lys ne seraient-elles qu'un ramassis de pauvres filles prêtes à tout pour...

Avant que je ne comprenne ce qui se passe, je me retrouve plaquée contre le mur, un couteau sur mon larynx. Je songe avec angoisse que jamais, en si peu de temps, je ne me suis retrouvée si près de la mort. Je tâcherais d'éviter les poignards à l'avenir.

- Ose encore proférer de tels propos sur les Lys et c'est moi-même qui te tuerais. Tu aurais du apprendre le respect de tes ainés.

- Ce que j'ai appris, je croise son regard, c'est à survivre sans aucune aide dans un monde qui n'était pas fait pour moi. Ce que j'ai appris, c'est à voler et à mendier ce qui m'était tout juste nécessaire pour subsister. Ce que j'ai appris, c'est à mesurer la chance que j'avais de vivre quand j'ai vu certains de mes amis mourir, exécutés pour avoir pris un poulet... Et cela, je l'ai appris seule, sans mon père pour me gronder et ma mère pour me consoler si jamais je faisais une erreur de jugement. Et, par Sélène, tu prétends être ma mère? Où étais-tu tous ce temps?

Je sens le couteau s'enlever et vois ma mère s'écarter de moi.

- J'étais avec toi, tout comme j'étais avec celle qui a subis les même épreuves que toi. Je devrais d'ailleurs te la présenter... voici Harmonie... ta soeur jumelle...

Par Dias Tribal le 30/3/2002 à 12:19:27 (#1199025)

Rah Superbe encore:) *attend la suite avec impatience*

Par Azulynn Kissous le 30/3/2002 à 12:49:49 (#1199129)

(Wow :amour: :amour: La suite ? :chut: )

Par Opheylia le 30/3/2002 à 20:14:22 (#1201147)

Voilà qui mérite d'être remonté... ;)

Par Gengis Khan le 31/3/2002 à 3:19:59 (#1202316)

*Repense à de lointains souvenirs aussi tranchants que des rasoirs*