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Retour à Trandling - 29ème partie
Par Galadorn le 20/3/2002 Ã 21:24:18 (#1146021)
Ils avancent, cliquetant et grinçant, ils marchent dans une pale parodie d'armée, ils se meuvent avec la mémoire de ce qu'ils ont été. Squelettes aux armures couvertes de rouille, zombies à la chair putréfiée, goules aux crocs aigus se mêlent dans une marée nauséabonde qui se nourrit de la vie tout en rejetant son cycle universel.
Ils corrompent ce qu'ils touchent, absorbant toute existence, ils progressent comme la gangrène gagne un corps malade, lentement, inexorablement, ils ne laissent derrière eux que pourriture et putréfaction. Charognes infectes dont les ficelles sont tirées par des esprits d'un autre monde, morts ranimés par la plus noire des sorcelleries, corps déliquescents habités par une haine immortelle vacillent dans une valse grotesque.
A l'appel de la pierre de tristesse, les Légions ont traversé la Porte des Morts. Les esprits se sont emparés des cadavres du siège de la cité-forteresse, ont pris possession de ces coquilles vides et déliquescentes, ont volé leurs souvenirs en lambeaux. Pour nourrir leur faim inextinguible, ils détruisent la vie, pour trouver de nouveaux réceptacles, ils tuent les vivants. Ravageant la nature et les hommes, les Légions dévorent les terres du Nord...
Le moellon est froid, couvert de la suie et des cendres de l'incendie qui a détruit la batisse. La grosse pierre est posée à même le sol, à quelques mètres de l'endroit où le mur s'est écroulé, stigmate solitaire de ce qui a été une riche maison de marchands. Tout autour du batiment, le paysage est celui d'une dévastation irréelle, complète. Là où il y a encore deux jours s'est dressée la ville de Médalis, il ne reste de ses fiers édifices que des pans noircis et quelques poutres maitresses. Des corps jonchent le sol, glacés par le froid, pétrifiés dans la mort. Ici le cri d'une jeune femme aux traits lourds résonne pour l'éternité, là un homme entre deux âges semble vouloir fuir un danger qui depuis longtemps l'a rattrapé.
En observateurs morbides, quelques corbeaux se sont perchés sur les vestiges d'une tour, mais même les charognards hésitent à s'approcher de leur nourriture.
C'est alors que le bruit de lourdes bottes décide les oiseaux à abandonner leur spectacle, dispersant leurs ailes sombres dans un ciel délavé.
L'armure est noire, un contraste profond dans un paysage aux teintes grises et blanches, et sur sa surface sans éclat des runes ont été gravées, puis remplies d'argent enchanté par la magie du sang. Son porteur avance au milieu des débris, s'arrêtant un instant au niveau du moellon. Autour de lui, invisibles aux yeux des hommes, tournoient les créatures qui ont franchi le Seuil. L'une d'entre elles se précipite sur le corps de la femme, une autre se détache pour se diriger vers son infortuné compagnon.
Malgré leurs efforts, les esprits sont incapables de pénétrer dans la chair des morts. Tourbillonnant, ils reviennent hurler un prière silencieuse au guerrier. Ce dernier psalmodie un court rituel, arrachant à sa gorge des accents éraillés, et bientot les spectres se fondent dans les carcasses agitées de convulsions.
La femme tente de reprendre son souffle, porte la main à son coeur qui ne bat plus depuis longtemps. L'homme pousse sur ses bras, sans se rendre compte qu'il laisse à terre ses entrailles. Trainant des pieds, il essaye d'avancer, puis recule, avant finalement d'arracher ce qui reste de son organe pourrissant. Les deux macchabées s'éloignent ensuite pour rejoindre un groupe de zombies qui errent un peu plus loin.
Un rictus amusé se découpe sous le heaume au visage de démon alors que les esprits continuent de le harceler, pour disparaitre aussi vite. Si loin de la pierre de tristesse, ses sortilèges lui coûtent beaucoup d'efforts, et l'homme ignore de nouveau les rondes incessantes des ectoplasmes.
Après la bataille du pont sur la Luliune, les Légions ont suspendu leur progression pendant deux semaines, le temps pour les prêtres noirs de faire traverser la Porte des Morts à d'avantage de spectres et ainsi relever plus de cadavres. Même de cette manière, les corps récupérés ont été moins nombreux que ceux détruits par l'armée de Lutri.
En effet, contrairement à leurs ennemis précédents, le baron a été un adversaire avisé, qui a su replier ses troupes quand le vent de la défaite a soufflé. Pire encore, lorsque ses hommes ont incendié la forêt, ils ont ôté aux Légions toute chance de récupérer les dépouilles de leurs compagnons tombés au combat.
En dépit du choc psychologique indéniable que cela aurait porté à leurs ennemis, le grand guerrier s'est refusé à ranimer Heyron de Lutri. Il ne doute pas de l'issue de la guerre, et pense pouvoir se permettre d'honorer le vieil homme. Il a veillé personnellement à ce que le noble soit mis en terre, de même que son compagnon, son maitre de chasse probablement.
Il hoche la tête, perdu dans ses réflexions.
Si le baron avait pu rallier plus de soldats, la victoire des Légions aurait été coûteuse, alors que dans les faits elles n'ont subi qu'un contretemps, et perdu une occasion de grossir encore leurs nombres.
Portant sa main droite sur la poignée de son sabre recourbé, il se tourne vers l'est, vers Trandling. Deux hommes marchent vers lui, escortés par un groupe de squelettes. Ils portent une armure identique à la sienne, excepté leur heaumes qui évoquent un serpent à la machoire ouverte. Arrivés à quelques mètres, ils s'inclinent avec raideur, puis l'un d'eux prend la parole.
"- Général, nous avons identifié l'intrus qui cherche à pénétrer dans le Labyrinthe Obscur."
"- Oui?"
"- Comme vous le savez, depuis des semaines il rôde autour de l'entrée des catacombes et d'après les dégats qu'il a causé, nous avons pensé avoir à faire à l'un des hauts mages de l'ile du Phénix, ou encore à un dragon utilisant la magie pour se dissimuler."
"- Et cela n'est pas le cas?"
"- Non, nos guetteurs nous ont rapporté avoir vu un séraphin blanc."
"- Dites leurs de continuer leur recherches."
"- Mais..."
"- Aucun séraphin n'est assez puissant pour vaincre les entités de Cauchemar que nous avons lachées dans les ruines de la cité. Il en faudrait dix ou vingt, et avec un tel nombre nous les aurions repéré depuis longtemps."
"- Notre Maitre semble penser le contraire... Il a ordonné que vous marchiez personnellement contre ce dernier à la tête de dix Kraals."
A l'abri derrière le masque de démon, le général des Légions retient un juron. Marcher sur Trandling? Tandis que l'ost de Cymod se rapproche à l'ouest, avec la perspective d'une bataille imminente? Impensable. Pourquoi son Maitre lui demande t'il de soustraire à son armée dix Kraals, soit exactement soixante dix gardes noirs, prêtres et sorciers, et de les diriger contre un homme seul? Que craint il à ce point?
"- Qui prendra le commandement des Légions?"
"- Jailisir a été désigné mais le Maitre vous laisse seul juge au final."
Kerdshain, le capitaine de la Garde Noire, acquiesce. De tous ses lieutenants, Jailisir est le seul qui fasse preuve de suffisamment d'initiative et de créativité, et malgré sa relative faiblesse en matière de stratégie, il sait quand suivre les ordres avec scrupules et quand improviser.
"- Jailisir est un bon choix. Que la volonté du Maitre soit exécutée."
Le champion dépasse ses hommes pour se rendre vers sa tente, afin de laisser des instructions écrites à son officier en second. Le deuxième heaume à tête de serpent l'interrompt d'un mouvement de tête.
"- Général?"
"- Quelles autres nouvelles?" rétorque t'il avec sècheresse, avant de se souvenir que les messagers ne sont que les porteurs des décisions du Maitre, aussi inattendues qu'elles soient, et qu'ils n'en sont pas l'origine.
"- Les... Les Kraals que vous avez envoyés pour éliminer les destinataires des missives du Berseker sont revenus. L'archimage Hoak'Reem a été le dernier à périr. Quant à l'homme aux mille sabres, Telanath Sed Zarul, et ses disciples, ils nous ont couté à eux seuls cinq Kraals... Sur un total de six unités perdues."
Le général se retourne et parle d'une voix plus douce.
"- Je pensais que ce chiffre serait plus élevé, compte tenu des prouesses du légendaire danseur de guerre. Nos hommes ont bien travaillé."
"- Malheureusement, aucun des corps n'a pu être récupéré."
Kerdshain soupire.
"- C'était à prévoir. A cette distance, le pouvoir de la pierre se fait trop ténu."
"- Dois-je renvoyer des assassins pour s'occuper de ceux qui sont parvenus à rejoindre l'armée du Berseker?"
Le stratège réfléchit quelques instants, puis secoue la tête.
"- Non. Mes frères de Tornheim veillent à présent, et découvriront nos tueurs avant qu'ils n'aient pu s'approcher suffisamment pour agir. L'armée de Cymod est sur le qui-vive et les gardes noirs seront plus utiles en support aux Légions. Nous avons déjà saigné leur avant-garde avec un seul prêtre, et ces idiots se réjouissent de leur victoire..."
"- Qu'en est il de notre atout dans leurs rangs?"
"- Je préfère le conserver pour sa mission initiale. Un ou plusieurs meurtres risquent d'attirer l'attention sur lui, alors que si nous sommes patients, l'effet de surprise jouera en faveur de notre opération. De toute manière, le contacter encore risquerait de tout compromettre... Lui même ne se doute pas qu'il sera l'instrument de la mise à mort du Berseker."
Par Darksoul Zenox le 20/3/2002 Ã 21:36:31 (#1146130)
:merci: :lit: :merci:
Par Zeed Mithror le 20/3/2002 Ã 22:02:53 (#1146337)
*Sourit*
*Compte bien arriver un jour à Trandling éclairer les ténèbres*
Comme toujours, Galadorn...
Par Dodgee MIP le 21/3/2002 Ã 0:35:59 (#1147174)
Bon... eh bien maintenant il manque le 30ème épisode...
*se tourne vers Zeed*
Au boulot!
Par Conrad McLeod le 21/3/2002 Ã 5:37:37 (#1147711)
*incante un icone RP sur le texte, par habitude...*
Par Alith Anar le 21/3/2002 Ã 17:14:04 (#1149671)
Malheureusement je l'avoue, je suis profondement motive par l'envie de remonter le post.
Alors honnetement, je l'avoue, je le confesse, sans subterfuges, sans manipulation de forme, je le remonte.
Et ainsi le post s'en trouva-t-il remonte...
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