La Geste des Croisés [Partie III]

Par Bardiel Kissous le 20/3/2002 à 19:23:02 (#1145287)

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Ils cheminèrent longtemps dans le désert, quelque peu assommés par la chaleur infernale, et sans cesse assaillis de brigands et de vers géants. On leur avait fourni une carte pour pouvoir trouver l’entrée du labyrinthe des Minotaures, heureusement ; ils y parvinrent en début d’après-midi, et après avoir attachés leurs chevaux à l’abri dans une anse discrète et abandonnée, ils entrèrent chacun leur tour, tirant leurs armes ou préparant leurs sortilèges.

Ils furent frappés par la fraîcheur de la grotte, contrastant avec la fournaise du dehors. Orson réprima un léger frisson, et Julian se demanda s’il était du à cette fraîcheur ou à l’excitation du combat prochain.

Les Croisés avancèrent lentement, à la faible lueur des torches et des sorts, sans rencontrer âme qui vive. Au bout d’un moment, des torches disposées ça et là sur les murs leur procurant toute la lumière qu’il leur fallait, ils éteignirent les leurs ; ils continuèrent leur route prudemment, faisant le moins de bruit possible et guettant tout mouvement suspect.

Esthan, alors en première ligne, intima le silence au détour d’un carrefour. Prêtant l’oreille, ils entendirent des grognements étouffés et quelques mugissements provenant d’au-delà du carrefour, à une proche distance. Il leur fallait agir vite, le sens de l’odorat des Minotaures était très développé et ils risquaient d’être trahis par l’odeur de leurs armures – sans compter le fait qu’un humain n’a pas la même odeur qu’un de ces monstres.

Ils fourbirent leurs armes et leurs sortilèges lentement, puis se découvrirent et frappèrent à la vitesse de l’éclair ; une boule de feu gigantesque envahit la pièce où se trouvaient les Minotaures, carbonisant la plupart d’entre eux. Puis Esthan et Julian entrèrent en scène, maniant hache et épée dans une danse macabre, une danse de mort. Orson se jeta dans la mêlée, et ses dagues effilées furent redoutables ; grâce à son agilité innée, il échappa plusieurs fois à des coups pouvant le tuer. Faedra, en arrière-plan, guérissait et protégeait à tour de bras ses compagnons, alors que Kamu empoigna son puissant marteau et acheva quelques monstres désireux d’en découdre.

En quelques instants, tout était fini, et au vacarme des armes succéda le silence de la mort. Tous rangèrent leurs armes, à l’exception d’Orson qui gardait encore ses dagues en mains, passant son regard sur les cadavres des monstres qu’ils avaient annihilés. Tout s’était passé si vite…

Julian le regarda quelques instants, puis s’approcha de lui et posa sa main sur son épaule ; Orson tressaillit et se retourna vivement, le regard effrayé, pointant ses dagues vers le guerrier… Celui-ci ne bougea pas, et garda son regard rivé à celui d’Orson, tâchant d’atteindre son âme et d’apaiser sa crainte. Ce qu’il réussit au bout de quelques secondes. Le jeune danseur de guerre baissa ses lames courtes, et murmura un « pardon », la tête basse.

- C’était ta première bataille Orson, je me trompe ?
- NÂ… NonÂ…
- Je m’en doutais. Tu as découvert ce que c’était que d’être plongé dans un combat dont tu pourrais difficilement affirmer que tu sortirais indemne. Tu as affronté tes peurs… Tu as affronté la mort. Et cela, tu ne l’oublieras plus, à chaque combat que tu feras. Tu as tué des monstres à l’apparence moitié humaine ; tu n’as pas encore provoqué la mort d’un homme, et je prie pour que tu ne ressentes pas la même souffrance que moi, je prie pour que tu n’aies jamais à tuer quiconque…

Le jeune homme ne répondit pas, il hocha juste la tête doucement, comme s’il absorbait et réfléchissait à ces paroles.

- Allons, Orson. C’est justement ce que je voulais t’éviter en ne t’entraînant pas à notre suite dans la Croisade… Mais je réalise maintenant que, de toutes façons, tu aurais été amené à cela. Sache que, mon ami, tu n’as pas à t’en faire. Tu as été valeureux et as bravement combattu. Nous sommes à tes côtés, et tant que nous serons là, tu n’auras pas à craindre de mourir, je te le promets.

Orson resta quelques instants sans répondre, puis releva son regard déterminé vers Julian.

- Nous devons continuer. Et je sais que vous êtes là pour m’aider… Mais je vous promets pour ma part que je ne serai pas un poids pour vous, et que je me battrai jusqu’à épuisement de mes forces, pour Bréhan et sa vengeance.

Le guerrier hocha la tête, et les autres Croisés, restés en retrait, sourirent à leur tour. Julian avait remarqué un changement d’expression dans les yeux du danseur de guerre… Ils n’étaient plus souriants comme avant et portaient les marques caractéristiques de quelqu’un qui a du affronter la mort, et se battre pour ne pas succomber. « Il me ressemble plus que je ne voudrais l’admettre » pensa-t-il…

Les Croisés se remirent alors en route, plus silencieux que jamais. Kamu était en éclaireur, accompagné par Esthan ; Orson et Faedra les suivaient de peu, et Julian fermait la marche, surveillant les arrières. L’ambiance était oppressante, et le fait de voyager dans des dédales en pensant que plusieurs milliers de tonnes de roche les surplombaient n’arrangeait rien.

Ils explorèrent longtemps les cavernes, et eurent quelques fois affaire avec des monstres errants, mais sans, cependant, trouver trace des artefacts disparus. Les cinq compagnons trouvèrent une caverne plutôt tranquille et inhabitée, et planifièrent d’y faire un bivouac. Julian et Esthan s’éloignèrent pour vérifier qu’aucun monstre ne rôdait aux alentours alors que les trois autres établirent le campement. Ils reprirent chacun leur tour de garde, dans le même ordre que la nuit précédente.

Orson prenait donc le premier tour, soutenu par le paladin Esthan, qui le rassura d’un sourire engageant. Il entama la conversation à voix basse avec le jeune homme, voulant lui apporter réconfort après la journée éprouvante qu’ils avaient vécue.

- Comment te sens-tu ? murmura Esthan.
- Bien… Mal… Je ne sais pas… répliqua Orson sur le même ton.
- Tu es désorienté, car tu n’imaginais pas une bataille comme cela, n’est-ce pas ? Ou plutôt, tu ne pensais pas ressentir quelque chose après avoir tué et frôlé la mort…
- Oui… répondit le jeune homme après une seconde d’hésitation. Cela ne ressemble pas à ce que je pensais… La renommée, le plaisir de vaincre l’ennemi… mais tuer… C’est différent, je ne saurais l’expliquer comment mais…
- Tu n’as pas besoin de l’expliquer, je sais parfaitement ce que tu ressens. Moi-même, à chaque bataille, j’appréhende de donner la mort… Mais si l’on ne tue pas, alors ce seront nous que la faucheuse viendra prendre sur le champ de bataille. Il faut se battre pour survivre, et pour la gloire de Bréhan, qui nous apporte la force de nous relever après être blessés. Aucune hésitation ne doit voiler ton épée, si tu dois frapper alors fais-le. Le but que nous poursuivons, nous cinq, est de venger nos frères disparus, tués injustement, et récupérer ce qui est nôtre.
- Je comprends… Bréhan nous accompagne, et c’est pour lui et nos frères que l’on se bat. Mon bras ne fléchira pas, et en aucun cas vous ne regretterez de m’avoir pris dans la Croisade…

Esthan acquiesça, et se leva pour faire un tour et se dégourdir les jambes. Il entendit le jeune homme murmurer « merci » avant de s’engouffrer dans un tunnel, vérifiant qu’aucune créature n’errait près de leur bivouac.

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A suivre...

La Geste des Croisés - Partie I
La Geste des Croisés - Partie II

Par Hôte des Kissous le 20/3/2002 à 19:38:27 (#1145402)

:lit:

Par Azulynn Kissous le 20/3/2002 à 20:35:35 (#1145733)

La suiteuh :amour: :chut: