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La Geste des Croisés [Partie II]

Par Bardiel Kissous le 19/3/2002 Ă  21:13:20 (#1140456)

[Posts provenant du forum de Bréhan ]

Le paladin continua sa lecture, sans se soucier des regards posés sur lui...

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Après quelques jours de marche, les Croisés arrivèrent en vue de la capitale royale, SilverSky, haut lieu d’intrigues politiques et de complots. D’un commun accord, ils décidèrent de prendre un peu de repos, puis avisèrent une auberge où passer la nuit. Ils se lèveraient au petit matin pour voyager ensuite vers l’ouest, en direction des terres arides de l’île.

L’auberge était confortable, le tenancier sympathique et jovial. Ca et là des hommes jouaient aux dés, pariant leur maigre fortune en vue d’en obtenir une plus importante ; des Gardes Royaux étaient assis un peu plus loin, surveillant tout débordement – en dégustant tout de même une petite pinte. Les serveuses étaient affairées, mais l’endroit était tranquille, et rien ne venait troubler l’ambiance bon enfant qui y régnait.

Les quatre s’installèrent auprès du feu de la cheminée, commandant boisson et repas pour se restaurer, et commencèrent alors à discuter de la stratégie à adopter. Les avis divergeaient, tant sur la méthode d’approche que celle des combats, mais leur quête demeurait primordiale, et leur tactique se devait d’être suivie par l’unité. Ils résolurent qu’il ne leur fallait pas s’entredéchirer, alors que leur Dieu les avait investis de sa vengeance.

La stratégie de bataille resta donc classique, mais sa simplicité ferait son efficacité : Kamu et Faedra, en seconde ligne, invoqueraient sorts offensifs pour écarter les combattants de mêlée adverses et les diviser en groupes plus faciles à combattre, et leurs sorts défensifs et de soins pour rendre leurs compagnons plus résistants. Julian serait en tête de ligne avec Colosse, accompagné par Esthan qui lèverait haut son épée à deux mains pour trancher les têtes les approchant de trop près.

Un peu plus loin dans l’auberge, masqué par un coin d’ombre, un adolescent tendait l’oreille ; il ne perdait pas une miette des échanges, et avec l’ébauche d’un sourire sur les lèvres, se leva pour monter à l’étage des chambres à la fin de la discussion, alors que les Croisés se préparaient à en faire de même, en ayant achevé leur repas. Ils avaient pris deux chambres à l’auberge ; Kamu et Esthan en partageraient une, alors que Faedra et Julian allaient dormir dans l’autre.

Au moment d’entrer dans la chambre qu’ils avaient louée, ceux-ci sentirent cependant que quelque chose clochait : la porte était très légèrement entrouverte, et une respiration se faisait entendre, faiblement, de l’autre côté. Julian tira sa hache et ouvrit la porte, conforté par les sorts de protections de son aimée. Là était assis tranquillement en tailleur sur un lit le jeune homme qui les avait écoutés plus tôt, dans la salle commune, et qui les regardait avec un bon sourire. Ses cheveux bruns étaient coupés court, et ses yeux semblaient ne jamais avoir porté trace de larmes tant ils véhiculaient une gaieté juvénile pleine de naïveté. Il était habillé de pied en cap en armure de cuir elfique, le rendant plus agile, et de part et d’autre de sa taille étaient accrochés deux longues dagues effilées ; nul doute qu’il en dissimulait encore d’autres dans son armure.

- Ah, enfin vous voilĂ  ! dit le jeune homme.
- Qui es-tu, enfant ? répliqua Julian, d’une voix froide qui doucha l’enthousiasme de son interlocuteur.
Celui-ci se reprit vite cependant, et rétorqua :
- Je me nomme Orson, danseur de guerre au service de Bréhan. Et j’aimerais vous accompagner dans la Croisade, conclut-il d’un air insouciant.
- Aurais-tu donc perdu la raison, petit ? Ne crois pas que tu vas nous accompagner, car si tu te joins à la Croisade, tu périras à coup sûr.
- Julian, du calme mon amour, dit Faedra d’une voix apaisante en posant une main sur le bras de celui-ci, tendu comme la corde d’un arc. Après tout, pourquoi ne viendrait-il pas ? Il m’a l’air déterminé, et un danseur de guerre peut être utile, tu le sais… Et Kamu et moi-même pourrons l’aider à survivre grâce à nos pouvoirs, conclut-elle d’un sourire engageant.
- Il n’est pas question de cela, Faedra. Toute notre puissance doit être destinée à vaincre nos ennemis, et l’on perdrait du temps à l’emmener avec nous.
- Julian, poursuivit-elle, n’oublie pas qui sont nos ennemis. L’union fait la force, et un compagnon de plus ne serait force négligeable, d’autant qu’Orson m’a l’air débrouillard, acheva-t-elle en jetant un sourire éblouissant au jeune homme, qui en rougit et baissa la tête.

Le guerrier baissa son antique hache, et fixa intensément son regard sur l’effronté qui leur faisait face. Un silence s’installa, et Orson déglutit doucement dans l’expectative d’une parole. Finalement Julian soupira, et rengaina sa hache.

- Bien, Orson, tu pourras te joindre à notre compagnie demain à l’aube. Ce soir, tu feras selon tes propres moyens ; si demain matin tu n’es pas au rendez-vous, à l’écurie au lever du soleil, alors nous partirons sans toi. Prends tes propres provisions, nous partagerons ensuite sur la route. Aiguise tes armes, fortifie ton âme ; prie Bréhan, et apprête-toi à rencontrer tes peurs les plus profondes.

Orson ne se départit pas de son sourire, qui s’en allait grandissant au contraire, et Julian se demanda l’espace d’un instant si le jeune danseur de guerre avait déjà eu à frôler la mort, et à la vaincre. Celui-ci se mit debout avec une légère pirouette, et les dépassa en sortant, sur une dernière parole :

- A demain matin, frères Croisés. A l’aube à l’écurie.

Julian le regarda disparaître au fond du couloir de l’étage, et un instant fugace, il se remémora sa propre jeunesse, la même insouciance, la même fougue, jusqu’à ce jour où…
Il fut tiré de ses pensées par un baiser de Faedra, qu’il enserra de ses bras puissants avec une douceur non soupçonnée, et l’attira dans leur lit où ils passèrent la nuit, tendrement enlacés après l’acte d’amour.

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Ils se levèrent tous peu avant le lever du soleil, et après avoir pris un petit déjeuner salvateur, les quatre prirent leurs provisions et leur équipement puis se dirigèrent vers l’écurie. Julian et Faedra avaient raconté leur rencontre de la veille à Kamu et Esthan, et tous se demandaient si Orson allait être là…

L’écurie était déserte. Le jeune homme n’était pas là.
Julian soupira, puis monta sur son étalon d’un mouvement leste malgré son armure.

- Je te lÂ’avais dit, Faedra. Il nÂ’est pas venu.

Une once de déception semblait poindre dans ses paroles, mais ses compagnons n’osaient pas lui en parler, montant à leur tour sur leurs chevaux. Ils se mirent alors en route, à petit trot jusqu’à l’orée de la ville, puis commencèrent à galoper sitôt qu’ils furent sortis. Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent à une petite colline, et aperçurent une silhouette montée sur un cheval, semblant les attendre. Les Croisés parvinrent à distance de vue, et la prêtresse ne put réprimer un sourire.

- Je te lÂ’avais dit, Julian. Il est venu.

Julian n’en disait rien, et hocha la tête. Faedra fut soulagée qu’Orson ait tenu sa promesse, car dans le cas contraire Julian n’aurait plus eu confiance en celui-ci et aurait été en colère tout le voyage d’avoir cédé à sa fiancée pour rien. Lorsqu’ils furent à portée de voix, le jeune homme les apostropha de manière naturelle.

- Vous en avez mis du temps ! Je vous attends depuis une bonne demi-heure déjà !

Le groupe des Croisés ralentit l’allure de leurs montures à l’approche d’Orson, sauf Julian qui continua à bon train dans la direction qu’ils avaient initialement prévue.

- JÂ’ai comme lÂ’impression quÂ’il ne me porte pas dans son cÂśurÂ…
- Non Orson, répondit Esthan. Ne prête pas attention à l’expression de son visage, il n’est jamais jovial avant la bataille, mais sois certain qu’il est heureux que tu aies tenu ton engagement. Allons maintenant, nous devons nous hâter pour le rattraper, sinon il sera forcé d’affronter seuls les Minotaures… Même si je suis sûr que cela ne lui déplairait pas !

Kamu éclata de rire, ainsi qu’Esthan, et Faedra partit d’un petit rire. Orson hocha la tête, et les quatre retardataires talonnèrent leurs montures, et rejoignirent Julian qui s’était arrêté, à bas de son cheval.
- J’ai fait un peu de ménage, dit-il en replaçant sa hache à son côté.

Près de lui se trouvaient des cadavres de disciples de l’ombre, et de gargantuesques et hideuses tarentules. Le guerrier ne portait aucune trace de blessure, et Orson fut impressionné par sa facilité à se défaire de tels adversaires.

Julian se remit en selle, puis ils repartirent de concert vers le désert de Raven’s Dust. En chemin ils eurent affaire à d’autres tarentules, filles de Feyd-Ehlan, mais aussi à des arbres démoniaques, divers mages renégats et, non loin du désert, aux horreurs railleuses, atroces parodies de gargouilles dont les griffes acérées donnèrent du fil à retordre à Orson – mais pas aux autres Croisés, qui les vainquirent sans mal.

- Je propose que nous passions la nuit dans la forêt proche, nous serons à même de nous défendre sans avoir à affronter la morsure du soleil, dit Julian.
- Je suis d’accord, approuva Kamu. Nous devrions prendre une nuit de sommeil avant d’affronter les créatures du désert, et l’eau du lac des tarentules pourra nous servir à remplir nos gourdes.
- Je t’accompagne, proposa Esthan, ce que Kamu accepta de bonne grâce.

Julian, Faedra et Orson descendirent de cheval, tandis que leurs amis se dirigèrent un peu plus au nord en découdre avec les tarentules infestant les abords du lac. Ils revinrent quelque temps plus tard, et le feu était déjà allumé au centre du campement et le dîner prêt.

Ils établirent un tour de garde. Esthan et Orson devaient prendre le premier, puis ce fut au tour de Kamu, auquel succéda Faedra. Enfin, Julian fut réveillé trois heures avant l’aube par celle-ci pour prendre le dernier tour.
Durant celui-ci, le guerrier observa le visage d’Orson, qui reprenait des forces dans son sommeil. La vague de nostalgie revint le frapper, et à nouveau il revenait dans ses souvenirs, à l’époque où il avait son âge. Il avait été comme lui, vivant au jour le jour, un sourire constamment imprimé sur son visage juvénile ; rien ne l’effrayait, et il attendait chaque jour que le moment vienne où il pourrait se battre pour Bréhan.

Un jour, finalement, il fut appelé pour servir son Dieu, et prendre part à la bataille. Et, pour la première fois, il tua un homme. Depuis ce jour, son sourire disparut…

Le soleil pointa à l’horizon, et peu à peu ses compagnons se réveillèrent. D’abord Kamu, puis Faedra ; enfin, Esthan et Orson se levèrent et commencèrent à empaqueter leurs affaires.

Il avait les traits tirés, mais il n’abandonnerait pas. Pas maintenant. L’espace d’un instant, il se remémora comment tout cela avait commencé ; puis, tous ensemble, ils repartirent vers le désert, non sans avoir pris une collation.

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A suivre...
La Geste des Croisés : Partie I

Par Yolinne MIP le 19/3/2002 Ă  21:40:18 (#1140665)

*avait deja commence anterieurement la lecture de ce recit epique :)* *aime bcp =)*

Par Dodgee MIP le 19/3/2002 Ă  21:50:02 (#1140731)

Une histoire Ă©pique comme il en manque pour raviver la flamme :)

Par Bardiel Kissous le 20/3/2002 Ă  13:43:41 (#1143244)

*et paf histoire de*

Par Ethel Tvar le 20/3/2002 Ă  13:51:44 (#1143301)

l'histoire est superbement decrite *attend la suite*

Par Ame de Karen le 20/3/2002 Ă  14:16:38 (#1143456)

Bardiel, tu m'épates! :) et tu n 'as pas intérêt à arrêter maintenant parce que sinon.......... :lit:

Par Azulynn Kissous le 20/3/2002 Ă  20:25:55 (#1145669)

En voilà un breau récit épique Bardichou :amour: :amour:

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