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Les contes de la nuit noire I : Quand la nuit tombe...
Par MortifeR le 17/3/2002 à 10:29:58 (#1128029)
Épuisé par une longue marche à la lumière diurne, lalbinos savança aux portes du village. Un hameau simple et commun, dont les habitants devaient être fermiers et cultivateurs. Il pourrait sy ravitailler sans aucun doute, et même y passer inaperçu, pour peu que personne ne cherche à percer lombre de sa lourde cape richement brodée. Avec suffisamment dor aussi, il pourrait soffrir un bain et quelques dames de compagnies pour la nuit, sans quon ne limportune.
Pas un bruit, pourtant. Pas un rire denfant, pas une interjection venant de quelque rustre malodorant
Simplement les longues rues vides, sétirant étrangement sous le poids invisible dune tranquillité oppressante.
Lalbinos huma lair longuement, comme laurait fait un grand loup blanc. Une habitude de cette époque où il avait dû remplacer ses yeux morts par dautres organes.
Il avança prudemment dans les ruelles de terre battue, scrutant lhorizon et les fenêtres à la recherche dun signe de vie.
Le regard fixé sur le lointain, il trébucha sur un objet souple et humide
et simultanément, lodeur de charogne larrêta dans sa marche aussi sûrement que lavait fait lobstacle. Il baissa lentement les yeux sur ce cheval mort, retirant avec dégoût ses bottes des entrailles éparpillées. Puis, il se courba lentement vers le cadavre, observant calmement les traces de morsures et de griffes sur lesquels les parasites sactivaient.
Personne navait prit la peine de disposer de ce corps
Il était là depuis deux jours peut-être, mais personne ny avait touché
Soudain, un mouvement furtif attira lil perçant de Mortifer
Un rideau bougeant à une fenêtre
rien de plus quun courant dair sans doute, mais peut-être aussi un habitant, quelquun qui pourrait apporter la réponse à la lourde interrogation qui semblait infecter lair même de cette petite ville, au même titre que le parfum pestilentiel de la mort.
Larrivée dun étranger avait-elle effrayé les villageois au point quils préféraient lobserver en silence derrière les carreaux crasseux ? Lalbinos avait déjà eu à faire face à des réactions de ce type
Mais le cheval mort ?
La peur
Il lui semblait pouvoir en entendre les échos dans la longue rue principale, bordée de boutiques diverses. Mais pas âme qui vive entre les murs de pierre blanche. Il profiterait des derniers instants du jour agonisant pour extorquer à quelques commerçants des renseignements convenables sur la situation de ce lieu abandonné.
Ainsi poussa t-il la porte grinçante de cette boucherie
Un établissement bien mal tenu en somme, comme pouvait en témoigner la vitrine éclaboussée du sang des bestiaux. Lalbinos jeta un coup dil rapide sur le comptoir, ou traînaient ça et la quelques pièces dor, comme si le boucher pressé navait pas pris la peine demporter son dû avant de sen aller
où quil fût.
Une observation circulaire de létablissement ne lui apporta rien de bien surprenant sur léchoppe nauséabonde : une boucherie comme le royaume en comptait des milliers, à la différence près, peut être, que le nombre de mouches y étaient préoccupant, et quelles pouvaient sy repaître de la marchandise sans que personne nessaie de les chasser.
Soudain, Mortifer sarrêta net. Il plaça instinctivement sa main sur la garde de son épée, alors quil posait les yeux sur la table où la viande devait être découpée
Un hachoir y était fermement planté, couvert de sang séché. Il sapprocha encore, mû par une intuition malsaine. Ã coté de loutil, trois doigts humains étaient disposés, visiblement tranchés net par la lame.
Mais pas de corps
Lalbinos recula lentement de quelques pas. Il cherchait à recouvrer son calme, malgré langoisse qui assaillait ses nerfs déjà éprouvés par sa longue marche au cruel soleil de printemps. Il se mit jeter des coups dil frénétiques à chaque élément de la scène, comme sil sattendait à ce que quelquun ou quelque chose surgisse des ombres naissantes de cette boutique sanglante.
Les doigts
le sang sur la vitrine
la viande pourrie : Il sétait passé quelque chose ici
quelque chose
dune horreur indescriptible.
Mortifer dégaina la longue lame aux symboles runiques, et sapprocha de larrière-boutique
Cette partie avait manifestement été épargnée par les parasites : plusieurs belles pièces de viandes reposaient dans une croûte de sel qui assurait leur fraîcheur relative.
Lalbinos poussa un soupir soulagé : il pourrait se ravitailler, et partir dici au plus vite. Sa curiosité avait des limites
et il avait traversé suffisamment lhorreur pour savoir quand il était préférable de regarder ailleurs.
Aussi entreprit-il de se saisir de plusieurs outres de vin, et de la viande la plus accueillante. Il jeta le tout dans sa besace, sans ménagement, trop pressé de quitter cet endroit qui suintait la terreur. Ce qui sy était passé ne lintéressait guère, à cet instant précis, et un étrange pressentiment lui dictait de quitter ce village, au plus vite. Il lavait tout dabord ressenti comme une gêne, puis il sétait précisé comme un malaise profond, aussi tenace que ces taches de sang sur les murs. A mesure quil remplissait son sac, il grandissait encore, le pressant de se sauver.
Mais lalbinos avait également cette opiniâtreté à vouloir savoir ce qui ne devrait pas lêtre, et à chercher à dompter lemprise irraisonnée de leffroi. Cela finirait bien par le tuer, un beau jour. Celui-ci nétait pas encore terminé, Bien que la lumière commençait à décliner lentement.
Il passa lentement sa main sur les marques singulières laissées sur la porte de la remise, comme si le bois en avait été labouré par les ongles dune créature cherchant à déloger celui ou celle qui sétait enfermé ici. Après un examen plus attentif, Mortifer découvrit du sang dans les sillons, et aussi
Un ongle, un ongle humain, planté dans la porte.
Il eut un mouvement de recul instinctif, comme sil entrevoyait une esquisse imprécise de ce qui avait transformé ce lieu en une ville fantôme.
Et que dire de cette large tache pourpre, ornant le sol de larrière boutique, comme si on avait traîné là un homme récalcitrant, couvert de sang. Les pensées de lalbinos se figèrent en cet instant, de même que sa respiration, coupée net par un frisson aussi soudain que violent
Un gémissement, sourd mais distinct, venant du premier étage.
Pendant quelques instants qui lui parurent interminables, Ssahors ne sautorisa pas un geste, pas un son, pas même un souffle pouvant signaler sa présence dans la bâtisse.
Il semblait quon tirait quelque chose sur le plancher au-dessus de lui.
Dans sa confusion, il retourna momentanément à lexamen du petit réduit qui servait de remise à la boutique. Il y avait là une table, encombrée de parchemins à demi recouverts de sang séché. Dune main légèrement tremblante, il se saisit de lun deux, pour en faire la lecture :
Septième jour du mois de lours :
Jai ici assez de provisions pour tenir plusieurs semaines, et il faudra bien que quelquun vienne à passer au village. Je prie Artherk que celui-là ne voyage pas seul, alors, et quil me vienne en aide. Il ne sécoule dailleurs pas un instant sans que je prie le dieu bienveillant, pour quil me rende ma vie telle quelle était quelques jours plus tôt, et quil les chasse de mon pays.
Huitième jour du mois de lours :
Les nuits sont si longues lorsquon ne peut pas dormir. Je les entends gratter à la porte, et gémir jusquaux lueurs de laube. Même ma fille et ma compagne marchent avec eux désormais, et cela faisait pourtant plusieurs semaines déjà que
Lalbinos tenta de déchiffrer lécriture masquée par la tache brunâtre, mais, sans succès, sauta quelques lignes
..jai tenté de méchapper, mais les chevaux du village sont tous morts, et toute la campagne alentours en est infestée, jamais je ne pourrai méloigner suffisamment en une seule journée
car ils ne semblent oser sortir quà la lueur de la lune
Mortifer marqua une pause, incapable de continuer tant langoisse paralysait son souffle, et semblait-il, jusquaux battements de son sur. La même angoisse, sans doute, qui avait déformé lécriture qui noircissait ces parchemins. Il ne put sempêcher dobserver le mince disque solaire disparaissant derrière lhorizon pourpre
la nuit promettait dêtre sombre.
Alors il revint sur la partie quil navait tout dabord pas pu lire
il approcha son visage du document, plissant les yeux comme pour voir plus clairement
Puis il laissa choire les pages à terre, en répétant tout haut, pour lui même :
Huitième jour du mois de lours :
Les nuits sont si longues lorsquon ne peut pas dormir. Je les entends gratter à la porte, et gémir jusquaux lueurs de laube.Le village entier. Même ma fille et ma compagne marchent avec eux désormais, et cela fait pourtant plusieurs semaines déjà que la peste les a emporté, mais le désir de dévorer la chair des vivants semble les avoir ramenées à une parodie infecte de vie.
Lobscurité se faisait plus franche, désormais, et les bruits à létage supérieur plus nets
Des beuglements inhumains séchappèrent des demeures voisines, comme pour saluer le crépuscule
Mortifer se jeta hors de la boucherie, couvert de sueur et pantelant, alors qu'autour de lui, les morts sortaient finalement de leurs retraites, animés par la seule volonté de se repaître de chair fraîche...
Il déploya ses grandes ailes pourpres.
Il était grand temps de partir, désormais.
Par Azulynn Kissous le 17/3/2002 à 11:47:55 (#1128289)
Par Ame de Karen le 17/3/2002 à 11:57:50 (#1128329)
Par Kyriane Feals le 17/3/2002 à 13:35:41 (#1128663)
Par Balkis Legend le 17/3/2002 à 16:03:59 (#1129320)
Par Yolinne MIP le 17/3/2002 à 16:44:23 (#1129573)
Par MortifeR le 17/3/2002 à 18:18:23 (#1130220)
Quant à la suite, je comptais pas faire rester Morti plus longtemps dans ce trou à rat, en fait :p.
Mais y aura bien d'autres épisodes : après tout, s'il y a bien quelque chose dont on ne manque jamais, c'est les horreurs ;).Provient du message de Yolinne MIP :
Rahh j'adore ce genre de recits sombres et effrayant ... *insert one more coin* allez hop a la suite petit aureur bourre de talents, meme s'il est misanthrope :p
Merci de ce délicieux lapsus, Yolinne, je l'espère bien révélateur :D
Par Gengis Khan le 17/3/2002 à 20:00:13 (#1130895)
Par Alanis Lyn le 18/3/2002 à 10:11:33 (#1132712)
Par MortifeR le 18/3/2002 à 18:33:10 (#1134639)
Il fallait espérer que ses ailes pourraient le porter là où les jambes du dernier habitant n'avaient pu l'amener...
Cet homme enfermé dans sa remise, et qui devait en ce moment même lever son visage grimaçant et livide vers lui... au côté des autres cadavres ambulants.
L'albinos avait vécu situations plus désespérées, et il parviendrait sans doute au bout de la nuit...
Mais il y en aurait d'autres...
Et à chaque crépuscule sécrirait un autre conte, un nouveau conte de la nuit noire.
Par Dodgee MIP le 18/3/2002 à 18:35:30 (#1134656)
Par Lorana le 18/3/2002 à 20:53:46 (#1135511)
Par Shammana Delyn le 19/3/2002 à 13:44:55 (#1137980)
*a jamais lu de stephen king mais essaye de montrer une certaine culturation :) *
Mais en gros guerrier tu aurait pas pu leur rentrer dans le lard à ces morts-vivants histoire de faire gicler des tripes un peu partout? :chut:
Par Subtil le 19/3/2002 à 16:40:03 (#1138544)
:lit:
Par Ame de Karen le 19/3/2002 à 16:42:33 (#1138560)
Par Chrysaor Osten le 19/3/2002 à 19:21:34 (#1139526)
Par Sanvis Galliano le 19/3/2002 à 22:47:01 (#1141009)
Y'a pas à dire, y'a toujours des "noms" que je lis avec plaisir jamais de mauvaises surprises
Tout à fait d'accord avec Dodgee
Par Gorthor le 20/3/2002 à 2:25:29 (#1141682)
Sur ce le seigneur des ténébre mis son plus vaillant guérrier le seul en qui il pouvait mettre fois. Il envoya là Arbaal, pour lui donné la tâche d'identifier et d'élliminer se petit problème.
(hrp- p-e que ceux qui voulait voir gicler des entraille de mort-vivant vont être content)
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