Rencontre dans un champ fleuri [Part V]

Par Kyriane Feals le 15/3/2002 à 21:56:04 (#1122874)

Le soleil couchant de ce froid jour d’hiver fait étinceler la petite clé que je fais remuer entre mes doigts. Sa hampe a la forme d’une tête de loup qui hurle vers sa compagne favorite, la lune, blanche dame du ciel.

Voilà des jours que je cherche la serrure dans laquelle elle va, mais aucun indice n’est venu me mettre sur la voie, depuis la rencontre avec Fleur. Seul l’objet que je tiens maintenant est une preuve toute cette histoire n’est pas juste un rêve du à mon isolement.

Assis sur un banc près de la fontaine de WindHowl, je repense à Elswindel, que je n’ai pas aperçue depuis bien longtemps. Je suis revenu ici pour elle ; pour savoir comment elle se porte depuis notre dernière rencontre. J’ai beaucoup réfléchi à notre histoire au cours de cette retraite imposée de plusieurs semaines ; à la suite à lui donner. J’en suis arrivé à une seule et unique conclusion : j’aime Elswindel Soon et, quoiqu’elle fasse, je l’aimerais encore et toujours. J’ai tant vécu avec elle et j’ai encore tant à vivre que je ne souhaite aucunement arrêter maintenant une histoire qui n’en est encore qu’à ses balbutiements. Mais cet amour avec entre Vas Grav Hur et Nevaeh ; la druidesse est, à mon sens, une barrière entravant quelque peu la notre… Pourrais-je le supporter ? Je n’ai point la prétention de me connaître assez pour savoir comment je vais réagir face à une situation qui n’est pas complètement établie.

Donc… il ne me reste plus qu’à attendre. C’est une chose à laquelle je n’aime pas participer, car je n’aime pas être à la merci de ce que bien des sages appellent le… destin.

Un feulement se fait entendre.

Mon esprit se reconnecte à la réalité et je lève mon regard vers un loup plus gros que tous les loups que j’ai pu rencontrer jusqu’à aujourd’hui. Il me fixe de ses yeux luisants… non, d’un seul en faite, le droit étant parcouru par une sordide balafre. Il me montre ses crocs jaunis et grogne plus fort en oscillant de droite à gauche avec une démarche léonine.

La nuit est tombée et j’en suis le premier étonné.

- Kaït, viens là ! Laisse ce jeune homme tranquille.

Docilement, le loup s’exécute et rejoint un homme massif, paré de peaux de bête et appuyé sur une lourde hache à deux tranchants dont le manche repose sur le sol. Les deux lames ont l’air d’être fabriquées à partir d’un cristal opaque et sont gravées de symboles et de dessins. Des cheveux longs et désordonnés s’agitent sur des épaules musculeuses et son regard noisette ne cherche qu’une seule chose : m’intimider.

D’une voix neutre, il s’adresse à moi.

- Désolé. Kaït vous a peut-être fait peur, mais il n’aime pas les étrangers. Que cela vous rassure de savoir qu’il ne vous fera aucun mal en ma présence.

Comme un petit animal de compagnie, le loup se met calmement en position assise, non sans laisse un œil inquisiteur à mon encontre.

- Ce n’est rien, mais vous avez là une bien curieuse créature.

- Ha ! Comme son apparence l’indique, c’est bien un loup. Mais celui-ci vient des steppes de l’est. C’est un Urhil, autrement dit Loup Royal en langage Pilarii, du nom de la tribu qui les a domestiqués. Ils sont beaucoup plus agressifs, et donc dangereux, que le loup classique, mais aussi plus fidèles à qui sait les apprivoiser.

- Je vois. Le votre semble bien éduqué.

- Bien sûr ! Il a déjà quatre ans et a passé la majeure partie de sa vie avec moi comme seul compagnon. Nous nous comprenons tous les deux.

Il caresse le cou de son loup et celui-ci émet un grognement de satisfaction qui résonne dans la nuit.

- Je manque à tous les honneurs. Je me présente : Anthios, voyageur et vagabond pour qui me demande ma profession, barbare pour beaucoup, ermite pour les autres. Je pense que je suis un peu de tous cela et bien plus encore.

Je ne parviens pas à empêcher un mouvement de recul lorsqu’il me tend la main en signe d’amitié, mais il ne paraît pas le noter et me sourit en laissant suspendre son geste. Feignant la sollicitude, je lui tend la mienne et c’est à peine si je garde mes doigts intacts tellement sa poignée de main est vigoureuse.

- Kyriane Feals… Petit apprenti des arts magiques.

- Feals… Ce nom me dit quelque chose. Il réfléchit quelques secondes et une expression joyeuse se lit sur son visage. Feals… Comme Hanck Feals ? Le capitaine de la garde?

- Euh… Oui.

- Voilà un bien illustre lignage. Je suis heureux d’avoir pu rencontrer l’un de ses descendants, à défaut d’avoir vu l’homme lui-même.

- Vous semblez le tenir en haute estime.

- Je le connais surtout de réputation.

- Oh ! Je vois… Mais la réputation ne fait guère l’homme.

- Je suis d’accord avec vous. Mais elle y contribue… parfois.

- Parfois n’est pas toujours. Vous ne devriez pas baser votre jugement sur ce qui est dit. Peut-être n’aimeriez vous pas l’homme en lui-même ?

- Et je compte bien le rencontrer pour cela. Anthios s’approche de la fontaine, son animal à la suit et regarde l’eau d’un air absent. Mais avant, j’ai quelque chose de bien plus important à faire.

Je lève un sourcil interrogateur.

- Ah bon ? Et quel en est l’objet ?

Surpris, il se tourne vers moi.

- Ai-je dit cela tout haut ? Il observe un couple qui discute. Veuillez m’en excuser. Il part d’un rire tonitruant. Je ne vais pas vous révéler toute ma vie. J’aime conserver cette part de mystère qui, plus tard, vous fera dire de moi que je suis un homme au but inconnu. N’est-ce point flatteur ?

- Je n’en suis pas certain.

Anthios pose sa hache dans un support fixé à son dos par des lanières de cuir et marche dans ma direction. Son loup reste impassible et le suit de son œil valide. Arrivé à ma hauteur, il pose sa main sur mon épaule.

- A un de ces jours, peut-être. Content de vous avoir rencontré mon jeune ami. Que Milmaä vous protège. Il secoue la tête. Ah oui, c’est vrai, ici elle a pour nom Titiana. Je dois me faire à vos coutumes, pour un temps. Au revoir…

- Au… Au revoir.

Devenu silencieux, Anthios s’éloigne vers la sortie de WindHowl. Kaït pousse un jappement de contentement et part avec lui. Je ne peux m’empêcher de penser que cet homme est si différend de la mise en garde de Fleur.

Mais quelle est cette mission dont il parle ? Serait-ce, comme moi, retrouver ce coffre ? Sûrement, si je dois me fier à mon instinct.

Vraisemblablement, il ne se doute pas que c’est moi qui suis son adversaire. Pour l’instant, je mène le jeu, mais dois-je en profiter ?

La tête remplie de questions, je pars à mon tour en direction de LightHaven pour affronter une autre histoire, mais de cœur celle-là…

Tandis que je franchis les portes de la ville, une question vient me hanter, supplantant toutes les autres. Quel sera le prix à payer pour garder Ely près de moi ? Voilà bien une énigme dont je me serais bien passée…

Par Azulynn Kissous le 15/3/2002 à 21:59:59 (#1122898)

Toujours aussi délicieux à lire mon cher Kyriane ;)

Par Delorfilia le 15/3/2002 à 22:21:26 (#1123024)

:lit: :) :amour:

Par Azulynn Kissous le 16/3/2002 à 12:37:22 (#1124443)

Descendrait-il si vite...?

Par Pico Thy le 16/3/2002 à 17:46:53 (#1125681)

:lit: