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Appel au Lointain (vieux texte d'Enthymion)
Par touanou le 12/3/2002 à 23:51:58 (#1109092)
Doute
Il y a longtemps, javais connu Eden
Une belle ville ma foi avec ses échoppes chargés de mets succulents et de moult épices en provenance dEkkabar, de Longuepierre, de tous les coins du monde
Et les soieries mordorées, pourpres, dun vert luisant sous mes yeux denfants
Enivrants souvenirs, si mon esprit navait été aussi ballotté
Aurais-je cru que je pourrais rester en Eden ? Non, lorsquune Malédiction sabat, elle dure longtemps
au-delà des générations
A travers les limbes du sommeil, les vieux fantômes sont là, décharnés dans leurs linceuls, et leurs mains si floues, si irréelles caressent mon visage dans une tendresse toute maternelle ou paternelle
Leurs visages dombres oubliées affichent
rien, pas une expression
pas même un mouvement
Des masques de cire
Père, Mère
Pourquoi hantez vous mon sommeil ? Jai déjà assez à faire avec mes vieux démons ! Ils sappellent Devils, Theodrick, Chevalier Déchu, Jaakal, et dautres démons tout aussi mystérieux que connus
Ils sagitent dans mon sommeil, trament les fils de mon destin en ricanant, comme sils tressaient la corde autour de mon cou .
Père, Mère
Il y a aussi ce dragon lumineux qui semble séloigner de moi
devenir un point brillant dans le firmament de mon esprit
Mais qui revient toujours, sans cesse, volant majestueusement au-dessus des démons
Il y a aussi des visages
blancs
souriants
figés
de ceux que je connais
de ceux que jaime
Cest eux que je regarde
en essayant de ne pas me soucier de ce ricanement venu des gorges mortelles
Je les vois
Mais pourquoi séloignent ils ? Jai tant besoin deux
Et vous êtes venus, Père et Mère
Avec vos douces mains si diaphanes. Jai cru en vous regardant, avec le sourire béat du rêveur, que jétais revenu à Eden aux étroites ruelles, Eden à la grande place, Eden surplombée du majestueux château
Pourtant
la senteur ny était pas
Que celle de la chair avilie par les années de non-existence...
Père, Mère
Êtes-vous morts ? Que voulez vous de moi ? Venez vous rire en chur avec les démons
? Vous êtes
si différents
La magie qui tauréolait, Mère, a disparu et du fond de tes deux orbites, je ne sens que le froid
quelque chose de glacial qui menveloppe
Et vous, Père, vos mains si rugueuses davoir sans cesse hisser les voiles, semblent être devenus des griffes dos tout aussi glaciales
Pourquoi disparaissez-vous, lentement dans les ombres de la nuit, comme les démons, et les visages blancs
? Je vois le dragon, il continue de tournoyer de plus en plus dans lespace, pour ne plus que se fondre dans le noir. Mabandonnez vous aux Ténèbres ? Quest ce que cela veut dire ?
Souvenirs
Oui Eden, le guet apens
le cachot ! les hurlements et râles de prisonniers. Puis lévasion, lair douceâtre fouettant le visage. Le sang qui coule le long du fer de lépée, souillant les dalles. Un refuge dans la Guilde des Marins. Un navire, chargé de présents en partance pour Goldmoon. Des jours, des semaines passés à fond de cale, puis une arrivée au port de Windhowl, à demi mort. Je me suis senti soulevé, puis soigné
durant longtemps. Trois nuits en fait. Trois Nuits, Trois Songes.
Une forêt majestueuse, aux arbres puissants. Tout autour de moi, je voyais les animaux, tout aussi beaux. Et des Elfes, au visage clair, en lame de rasoir, aux yeux dopale, de rubis, daméthyste. Leurs corps longilignes, enrobés de leurs diaphanes vêtements. Et puis, je vis ma main, fine, aux longs doigts soignés. Jétais un elfe. Puis le Néant. Juste le temps de voir une lame noire sabattre.
Une grotte à large voûte, sertie de milles pierres. Tout autour de moi, je voyais la lave, le fer en fusion couler dans un torrent bouillonnant et bruyant. Et des Nains, au visage rugueux, ronds, aux yeux dacier luisants pailletés de lor des richesses dAlthéa. Leurs corps trapus, encastrés dans des vêtements de cuir épais, noirci par le feu. Et puis, je vis ma main, petite, sale, mais ô combien agile. Jétais un nain. Puis le Néant. Juste le temps de voir une lame noire sabattre.
un lit, dans une petite pièce, recouverte de paille au sol. Tout autour de moi, je voyais des meubles de mauvaise facture, simples. Et un homme dans le lit, dormant à poings fermés, en sueur. Torse nu, il portait les stigmates de longues tortures et sur son visage se lisait la souffrance. Je me reconnus. Cétait moi. Sur une petite table, était posé une chandelle, une flammèche la couronnant. Puis doucement, comme sil yavait un courant dair venu de nul part, la flamme vacilla et séteignit
me laissant dans le noir
Une Grande lumière étincelante et aveuglante et je vis un dragon entouré dhommes en armes, imposants, fiers, le visage marqué par une tâche dont ils étaient profondément investis. Comme si celle-ci constituait leur essence même, leur raison dêtre
Le réveil fut rude. Tout sestompa et je pus voir où jétais. La même pièce que dans mon songe. Et puis, je vis le visage de ce vieil homme, usé par les ans, aux rides de profonde sagesse. Durant quelques jours, je fus tourmenté et finalement je fis part de mes appréhensions à ce vieil homme. Pour lui, cétait clair. Javais eu Trois Vies. Celle delfe, puis de nain, puis dhumain. Et que le dragon ressemblait fort à Orback, fils de Caern Sidhe, entouré des Chevaliers Dragons, un ordre millénaire, voué à la destruction de lHaruspice.
Il me demanda mon nom alors. Javais été Bryn Brylhon Crindefeu en Angélus et pendant les années où je parcourus les mers. Mais ce nom était mort, tout comme lhomme qui est tombé sur le quai, agonisant
Du fond de moi même, je sentis un autre nom, le surnom donné par ma mère
Enthymion. Nom venant dEndymion, grand père maudit par Sélène
Je ne pus donc que marmonner à trois reprises ce nouveau nom, comme sil détenait le secret même de ce que jétais
et le vieil homme me donna de quoi vivre, des vêtements usés, et maccompagna à Lighthaven, là où je pourrais sans doute refaire ma vie, selon lui.
Je me souviendrais aussi de ce jour, où javais repris le contrôle de ma vie quelle futilité de dire cela, mais jy croyais-, je découvris un homme, tout aussi misérable que moi lors des premiers temps. Son visage était fort étrange, et de lui émanait quelque chose de très familier. Nous nous liâmes damitié. Et nous ne tardâmes pas à comprendre ce qui nous attirait mutuellement lun vers lautre. Nous étions demi-frères. Il sappelle Ezekiel, et comme moi il est devenu Chevalier Dragon
Chevalier Dragon
LOrdre fondé par Orback. Quelle ne fut ma surprise de rencontrer un jeune Écuyer qui arborait fièrement linsigne de lOrdre. Son nom était Silthor. Encore jeune dans lordre, il mindiqua aimablement à qui sadresser. Cest ainsi que dans une des ruelles fréquentées de Lighthaven, je rencontrais Toril. Très vite, jeus du respect pour ce quil était. Peut être parce que quelque part, il semblait si inaccessible que cela créait autour de lui une sorte daura de mysticisme
Enfin
Je fus accueilli au sein de lOrdre quelques mois après mon arrivée sur ces terres. Et en moi, grandissait la graine de la haine de lHaruspice, et étrangement, un grand amour pour les humains, pour ce quils étaient, dans tous leurs travers, défauts et qualité.
Je noublie pas mon impétuosité, qui était synonyme de désir ardent de se montrer à la hauteur
Et qui me valut de nombreuses réprimandes. Enfin fut venu le jour où je devenais pleinement chevalier grâce à mon parrain Tito Oddos. Que daventures passées ensemble, comme lanoblissement dun des fondateurs de notre Ordre, Lecaesar comme Duc de Windhowl. Puis lachat de la taverne de Windhowl sous limpulsion de notre énergique et dragonique Légiférat, Laérêtïn, et du Mage du Duc, West le Gris. Puis beaucoup de chose
Les souvenirs affluent avec rapidité dans ma mémoire. La mort de West
Theodrick le Maudit qui infligea à Turanar un tourment de plus, les lianes Kijs. Encore Theodrick qui investit mon corps par le biais de sa dague. Et la naissance de Cyloane et de Cellegaric, par cette sombre soirée où je nétais pas moi. Et Thoane, que ma main empêcha de réaliser son rituel de bannissement de Theodrick, lemportant dans les limbes du Revatam. Bien des épreuves qui doucement ont fait ce que je suis
Je me souviens aussi de Samhain et des déferlements dhordes de squelettes sur les murs de la ville de Windhowl. Et des valeureux qui étaient là, attendant de pied ferme ces ennemis. Encore le souvenir de Turanar, maintes et maintes foi mort et pourtant combattant sans relâche les morts vivants.
Et puis, il y avait la taverne de Windhowl, que je repris à la mort de West et qui résonna longtemps des éclats de rire et des voix festives. Et il y avait aussi les Ombres, plus perfides que jamais et grâce auxquelles je fis connaissance dOmbre Blanche, un excellent ami. Il y avait aussi Iluriel et je me revois encore portant dans les bras, tour à tour, Cellegaric, puis le corps sans vie de Cyloane. Et le visage de Ayla, son sourire ineffable.
Je me rappelle aussi de mes nombreux filleuls chez les Chevaliers Dragons, Oberon, Frodon, Enguerrand, et de nombreux autres. Et aussi de ma délicieuse femme, Archess, aux yeux étincelants et que javais déjà rencontré lors dun de mes nombreux voyages. Nous nous liâmes devant Artherk.
Et puis, ce conseil royal, le premier de ma vie, où je fus chargé de mettre en place la justice royale, jour le plus brillant dans ma vie ô combien chargée. Une mission dont je voulais macquitter du mieux. Cest ainsi que je fis plus ample connaissance de Maeyan Stowe, dOracle et sans doute, dun homme avec lequel rien ne me destinait à devenir son ami. Fils dun devil, que jexécrais par dessus tout, je pris conscience de lui pour la première fois
Lorsquil cracha à mes pieds. Et moi de réagir en lui disant bonjour
Nadnin Jagguz, devenu président des Tribunaux, une fois que jestimais ma mission accomplie et que je la quittais, devenant par la même occasion Garde des Sceaux de Goldmoon et Lord.
Il y a nombre de gens, de visages
Aviendha, Nysalor, et tant dautres comme Elson, quun mauvais destin avait frappé sa langue. Puis encore, Cyloane, qui éclaira mes jours sombres de son rire. Et les Conteurs de Songes, et leur Espoir, qui est celui dAlthéa. Un Espoir fou de vivre.
Et ces maudits devils contre lesquels je luttais
contre les poèmes sanglants de Vlad, la langue acerbe de Kro. Et la trahison de Comtesse Mortitia. Des dures épreuves. Lorsque lon hait Haruspice, mais pas ses fidèles, on est comme écartelé, tiraillé, déchiré
Quelle douleur dapprendre que des amis proches étaient haruspiciens. Mais le temps aidant, cela durcit ce que lon est.
Que les souvenirs filent si vite
Que le temps passe vite
Et quel étrange destin ! Je me retrouvais subitement dans le noir, ni mort, ni éveillé. Dans un état où je crus y rester aussi bien une seconde que des millénaires. Juste à contempler le sombre, le ténébreux, le noir, lobscur. Comme peut être un futur nouveau né. Je nentendais rien. Je ne sentais rien. Seul, jétais seul. Et javais devant moi ma vie, mes vies, lavant, le après, le présent, linfini
Pas de Dieu à qui implorer de laide. Je sentais juste la vie couler dans mes veines en avais-je là où jétais ?-
Puis subitement, la lumière. Comme dans mon songe. Le ciel, le soleil dont javais oublié lexistence, les visages sans noms où que javais oublié
et je navais ramené quavec moi ma folie. Peut être croyais je que je rêvais
Le retour
des souvenirs flous.
Je ferme les yeux. Le Sommeil. Tout doucement, il métreint. Et je revois tout, souvenir après souvenir. Puis à nouveau, le Noir, et se détachant deux formes blanchâtres se dessinent lentement mais sûrement
Père, Mère
Je les vois sourire. Mon cur semplit de joie. Que votre sourire emplisse mon cur de ce qui ma manqué durant ces longues années de Noir ! Oui
Prendre vos mains. Elles sont désormais chaudes et accueillantes. Je sais où nous allons. Et jirai avec vous. Partir dici, partir de cette Terre Élue des Dieux et futur champ de bataille dincommensurables forces. Plus rien ne my attache, si vous, Père et Mère, me guidez.
Lentement le Sommeil sévade. Machinalement, je revêts mon armure. La lune est encore haute dans le ciel, et de son croissant, semble me sourire. Aux attaches, je fixe la cape. A la ceinture, je glisse ma vieille arme usée de ne pas voir servie. Et le bouclier de père, je le décroche du mur. Il est temps dy aller. En contrebas, dans le port, un navire est là, tout de jais. Jy descends sous le couvert de la nuit. Je passe devant la fontaine, et marrêtant quelques instants, je la caresse, laissant une traînée vermeille. Quimporte, je vis désormais. Arrivé sur le quai, je regarde le navire noir. Dessus, Père et Mère mattendent. Les ombres blafardes sagitent. Je me retourne et regarde une dernière fois Windhowl, et dans un sourire indéfinissable, je tombe sur les genoux et embrasse le quai. Je me relève promptement, et membarque sur le navire. Les voiles blanches se gonflent, et le bateau lentement, sébranle vers Quelque Part. Je me tiens sur le ponton arrière, et je regarde Windhowl, Arakas, Goldmoon séloigner lentement, tandis que lastre du jour se lève, réveillant de ses rayons les îles. Je ne peux me retenir de murmurer à plusieurs reprises un « merci », et enfin sourire. Sourire.
Par Landri MdS le 13/3/2002 à 10:09:50 (#1109972)
Par touanou le 21/3/2002 à 0:23:47 (#1147122)
[oups doublon]
Amicalement,
Touanou
Amicalement,
Touanou
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