Vent Morne

Par Enthymion le 8/2/2002 à 0:01:04 (#883570)

Le vent souffle mornement, toujours et encore. Ce n’est pas pour rien que Windhowl mérite ce nom. Il y a des vents qui soufflent avec légèreté, qu’on appelle « brises », d’autres plus violents, porteur de pestilentielles, qu’on appelle « vent de malheurs ». Il y en a qui font tomber les pommes du verger voisin, annonçant la récolte. Il y a aussi le vent qui fait bruisser les épis de blé. Mais là, l’hiver touche à sa fin, et les champs ne sont que terre fraîchement retournées, les vergers, arbres squelettiques. Et puis, ce vent là, il n’apporte rien. Il n’est juste qu’un souffle morne, s’échouant sur les dallages grisâtres de la brumeuse Windhowl, se heurtant aux épais volets de bois fermés ou aux fenêtres, épuisé…

Épuisé comme le vieil homme qui regarde les rares brins d’herbe, pas encore figés dans une mince gangue de gelée de cristal. Les épais carreaux renvoient une vision un peu floue. La chaleur règne dans la demeure, avec le foyer rougeoyant, dévorant. Le vieil homme passa la main sur son visage, ses cheveux désormais blancs comme neige, ses yeux noirs fatigués, mais brillants, sa barbe aussi blanche. Les ragots alimentaient ses pensées : hier, une jeune fille s’est jetée de la falaise, le vent pour la énième fois apportait la venue de l’Haruspice prochaine, et tant d’autres. Enthymion regagna son bureau, les épaules voûtées et marchant difficilement.

Il s’assieds et regarde les livres posés dessus, sentant le cuir, le parchemin, mêlé à la douce atmosphère âcre. Il posa les yeux sur les livres : « code de la Justice de Goldmoon », « Histoire du Royaume de Goldmoon » et maints d’autres ouvrages écrits par les Scribes d’Artherk ou des particuliers, que l’homme avait bien connu, et qui étaient désormais disparus, morts, enterrés dans les entrailles de la terre à la fois bénie des dieux et maudite par son Destin… Ils étaient poussières et diamants aussi… Il y avait là dans des rouleaux sentant le renfermé, la légende de la « biche mangeuse d’homme » du Seigneur du Val, les cycles « De Profundus » de Kaazar le Barde, les récits d’Élésias Vif-Argent, ceux de Turanar et d’autres, bien d’autres. Sa bibliothèque était ainsi fournie en manuscrits minutieusement recopiés.

C’étaient des récits, c’étaient des légendes, et leurs auteurs oubliés, vivaient à travers eux, gouttes de pluie dans un immense océan de larmes, de rires, de tendresse, d’humanité. Enthymion pensait à tout cela. Il pensait aussi au moment où il allait disparaître, il pensait aux événements vécus. Il ne ressentait rien bizarrement, plus de peur de la mort, du néant qui s’ensuivrait, d’une quatrième vie ?

Il se pencha sur le manuscrit qu’il venait d’écrire. Une tête de dragon noir se dessinait en en-tête, souriant et les yeux perçants. En quelques lettres finement écrites, se lisaient :

Fragments de la Vie d’Orback le Lumineux

Voilà son ouvrage, quelques pages à son Maître, le Vénérable Dragon de Lumière, à sa légende. Peu connaissaient sa véritable histoire, à part peut-être le Seigneur-Licorne Diom Sath… Qu’as tu vu à Resaël ? Lentement, les mots montèrent à la bouche d’Enthymion, une mélodie triste.. :

Sath de Diom, tu es de retour, sois le bienvenu !
Qu'as tu vu sur la route menant à Resael ?
Des légions recouvrant les plaines fertiles ?
Des hordes bruyantes de paysans
Leur récolte entassée sur des charrettes grinçantes ?
Des bergers jouant du pipeau à l'ombre des chênes ?
Des couronnes de lauriers et des manteaux de pourpre ?
Les fumées d'un festin tourbillonnant dans l'azur ?
Des prairies et des champs de blé mûr
Paressant sous un ciel bleu de cobalt ?
Des hameaux assoupis au sein de la verdure ?
Qu'as tu vu sur la route menant a Resael ?

- Des traces sanglantes sur la terre noircie des flammes de Caern,
Des arbres dénudés et une plaine flétrie,
Un monceau de crânes et un enfant qui avait perdu la raison,
La ruine, la destruction et l'odeur âcre de la souffrance
Sur la route désolée qui mène à Resael.

Sath de Diom, qu'as tu vu à Resael ?
Des bourgeois de pourpre vêtus,
Longeant des palais à l'écume de marbre,
Dans la sonnerie vibrante de trompettes d'or ?
Des femmes aux yeux noirs qui retournent leur chevelure,
Comme elles retiennent le cœur des hommes, avec un peigne d'argent ?
Des tours qui transpercent l'air de cristal,
Des arcades et des autels et des escaliers amarantes ?
Sath , qu'as tu vu a Resael ?

- Des sanctuaires brisés dans le crépuscule sanglotant,
Des pieds nus souillant les dalles de marbre,
Des tours écroulées et des murs éventrés,
Une femme enchaînée et vêtue de loques immondes.
Des démons sur l'esplanade réclamant à manger,
Le crâne d'un roi mort leur servant de gobelet.
Des arches disloquées jusqu'au dôme brisé.
Le temple abrite les chauves-souris,
Le vandale est assis sur le trône du roi ;
Et des ombres noires s'étendent sur Resael.

Sath, Sath, maintenant que tu es rentré,
Pourquoi marmonnes-tu et erres-tu en solitaire ?

- Mon esprit est las et je ne connais pas le repos ;
Mon cœur est de pierre dans ma poitrine glacée,
Car les plumes sont tombées de la crête de l'aigle
Et la mer lumineuse se brise en écume
Tous se meurent, tous s'écroulent
Et la ruine les recouvre tous, telle une brume sombre,
Et le miel de la vie est devenu un fiel amer
Depuis que j'ai suivi la route qui mène à Resael.

Enthymion termina sur ces mots, il ferma les yeux aux paroles amers. Bientôt Althéa serait semblable à cette morne chanson… Il regarda à nouveau le manuscrit et se remit à écrire, de manière saccadée. Dehors la nuit tombait, avec sa lourde chape nuageuse et sombre. Les volets claquaient sous le vent, toujours aussi morne…


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Rendons à César ce qui est à César. Le présent poême est issu de l'oeuvre originale de Robert E.Howard, adapté par le joueur derrière le draconique Laérêtïn. L'origine de ce poême vient du joueur derrière Diom Sath, que je tiens en immense estime et apprécie énormément. Merci à eux, leurs lignes sont dans mon coeur et j'espère que les lignes qui suivront seront aussi dignes que l'oeuvre des Chevaliers Dragons et de toutes les valeurs qui se rattachent à eux.

Par Faeva le 8/2/2002 à 0:39:05 (#883853)

*se demande si Enthy fait son come-back sur Caern*

en tout cas très jolie texte, bravo ;)

Par Touaelle le 8/2/2002 à 7:10:11 (#884617)

Rêveuse, elle range une copie du parchemin dans la bibliothèque de l'école des Mille Plaisirs...

Rêveuse, elle sait bien qu'il n'est pas si vieux et si fourbu qu'il le prétend, Lord Enthymignon....

Rêveuse, elle rougit...

Par Yodavid le 8/2/2002 à 10:37:29 (#885062)

*regarde Lord Intimons depuis la fenêtre, dans le vent, qui fatalement le trahira à cause des cookies dans le sac*
*regarde en souriant*
*se dit qu'il va encore proposer du cidre de mémé au vieux lord fatigué*
*a toujours huit ans* (on ne peut même pas dire que ce soit la plus grande magie de Syl, c'est la potion de mémé Morkie qu'il faut blâmer)
*attend son tour pour babiller*
--------------------
Bout de chou, qui habille les ruines de fleurs et souffle dans les cornes des démons
Bout de chou, qui a interdit à ses cheveux de s'habiller de blanc
Bout de chou, qui aurait bien du mal à rester propre longtemps
Bout de chou enfin, qui ne peut pas dire comme Touaelle s'il est en forme Enthymignon

P.S.H.R.P. : mille excuses pour la digression mais *bat des bras frénétiquement en riant pour saluer le papa et la maman du Toutlorddumonde et de de Toielletaimebien*
*Pouuuuuuuuuutouuuuuuuuuuuuuuux*
Vous voyez que je peux être sérieux quand je veux (pardon le papa d'Enthy ;+) Ca ne m'empêche pas d'apprécier le ton et l'oeuvre)

Naissance d'Orback (partie I)

Par Enthymion le 8/2/2002 à 15:34:35 (#886796)

En de Lointains Temps, sur le Sable brûlant,
D'un oeuf de Nacre, naquit Orback l'Éclatant,
Caern Sidhe, son père, poussa un rugissement,
Qui alla au-delà des mers, des Tréfonds d'Orient,
Et les Nains l'entendirent,
Et les Elfes comprirent.
L'Haruspice frissonna, sur son Trône de Noirceur,
Ezar le Sombre soupira, siffla le malheur.

Le Dragon d'Or était Né, et son destin forgé,
Brillant de corps et d'esprit,
Droit, Juste et plein de vie,
Lorsqu'il put prendre son envol,
Les ailes l'éloignèrent du sol,
le portant au firmament,
parmi les astres brillants...

-Extrait des Poêmes de Gardaon Erithkiel, Soldat d'Orback.

Par Phylis le 9/2/2002 à 1:15:06 (#890795)

(très joli :) ) (coucou touaelle et les CD en passant)
(comme RP je ne connais pas enthy et que je suis morte, je ne dis rien, mais c'est vraimenr magnifiquement écrit, comme d'habitude d'ailleurs ;) ) (j'espere que Phylis pourra te rencontrer un jour, elle aime bien les monsieur aux cheveux vlancs :) )

(Ze marionettist behind)

Une rencontre si étrange

Par Enthymion le 11/2/2002 à 2:15:48 (#903345)

Les volutes de fumée se dissipaient dans le ciel nocturne, parmi les étoiles. Hier, Eliyel la Fière se dressait encore sur la colline, avec ses fortes murailles. Je n’ai jamais vu ce qui s’y trouvait dedans, après tout, ne-suis qu’un des derniers né des Premiers Nés, un humain. Et Eliyel l’Elfe leur était interdite.

Je venais souvent près d’Eliyel, la contempler. Ses trésors sont indescriptibles, et le monde en-dehors de cette ville de magnificence doit être bien sombre, bien obscur. Hélas ! La Mort est venue il y a trois jours ! Les maisons de jaspe, les demeures des Princes Tutélaires de la Cité, les épaisses et lisses murailles ont disparu, lentement. Un effondrement lent et terrible, sous le couvert de l’orage, du tonnerre, des éclairs.

Eliyel la Belle s’est effondrée. Les hordes dispensatrices de mort ont escaladé les murs gris, surprenant le défenseur. Les hordes sont entrées à la suite des Maîtres Sanglants. Elles ont trouvé les Princes Tutélaires, furies blanches contre furies noires. Le Sang coula sur les dalles marbrées de la Cité. Eliyel la Mirifique tomba au terme d’une longue semaine de Souffrances et d’Affres.

Les Derniers Nés des Premiers contemplent désormais les ruines, ainsi que moi, Ilyrion. En voyant se dresser les lambeaux de la fière cité, nous pleurions et nous lamentions sur l’Agonie des Elfes. Mais nos larmes ont séché avec le Dragon d’Or, venu du Ciel. Nous avons cru que le Soleil se jetait sur la Cité, en proie à une tristesse plus grande que la nôtre. Un dragon imposant se posa sur la citadelle de la ville, restant immobile. De la lisière de la forêt, nous regardions sa tête bouger, scrutant les Ténèbres. Attirés par sa beauté, davantage que le danger qu’il pouvait représenter, nous nous approchâmes prudemment, nos armes à la main. Venait-il s’accaparer des richesses encore restantes, des colonnes de diamants que les hordes n’ont pu abattre, des dalles sertis d’or, brisées mais encore brillantes ? Nous n’y vîmes que des larmes de dragon, coulant sur le sol, eau pailletée d’or.

Fascinés, nous n’y prîmes garde, et nous retrouvâmes à quelques mètres du dragon d’or. Il nous vit, tournant sa tête, clignant ses yeux d’un jaune pâle.
- Ils sont morts, tous morts... murmura t’il. Les Ténèbres, la Mort les a cueillis dans la fleur de leur Âge. Beaux et raffinés ils étaient, certes arrogants, mais ô combien intelligents. Maudite soit l’alignement de la constellation du Centaure et celle de la Lune, symbole d’un temps venu pour la Mort ! Althéa est jonchée désormais de lieux stériles, noircis, corrodés par la Corruption. Les cités n’exhalent plus que l’horreur la plus insistante, qui pénètre même dans ma chair de dragon. Ô Eliyel ! Ô Eliyel ! Que de tes ruines naissent mon Serment, que les corps de tes Enfants dessinent mon destin. Mon cœur n’est plus en Paix, et je fais le Serment de mettre fin à la Destruction...

Telles étaient, en vérité, ses paroles. Sa voix tremblait, nous tremblions, tout autour les ruines tremblaient sous la force du Dragon. Il nous a regardé profondément, et nous avons senti en nous quelque chose d’impossible à décrire, inaliénable, la conviction de suivre ce serment. Gardaon Erithkiel le Nain-Poête prêta le premier son Serment envers le Dragon. Je fus le second...

-Ilyrion Ayreanis, Soldat d'Orback

*une note très rapide, griffonée dans la colonne du manuscrit indique qu'Ilyrion Ayreanis, après être devenu Capitaine, mourut dans une embuscade de minotaures*

[hrp : pas de problème David :) tu sais très bien que tes messages et posts sont un plaisir à lire, alors un sur le mien, penses-tu si ça me fait plaisir. Pour ljd Phylis, simplement merci :)]

Par Rochel Anor le 11/2/2002 à 13:45:25 (#905706)

*Lit les histoires de temps révolus qu'il n'as pas connus autrement que par des livres*
Magnifiques histoires Enthymion, j'espère en entendre quelques unes sur Sélène et tout particulièrement sur l'époque d'Iluriel.






(-hrp-)
(Bords d'ailes phylis Enthy c'est mon idole et je l'as prete pas :enerve: :enerve: )

La AMrche sur Resael

Par Enthymion le 13/2/2002 à 2:15:22 (#918755)

Le 9 Eliathar, premier jour : départ.

"Ça y est, nous sommes en route ! Emleir l’Ancien, petit-fils de Gardaon Erithkiel, Capitaine de l’Armée de l’Est d’Orback, a battu le rappel des Sergents et de l’ensemble des Soldats. C’est donc à l’aube que je fus mandé. J’ai rapidement revêtu mon pourpoint de mailles serrées, ceint d’une ceinture de plaques d’acier noires, et, pendant à celle-ci, mon épée.

Nous sommes à une centaine de lieux, à vol d’oiseau, de Resael et c’est là que nous allons.

Dans la tente, située au centre du campement, sur chaque pilier de soutien se trouvait les boucliers des Sergent. J’aperçus le mien : un dragon d’or sur fond blanc. Décrocher le bouclier signifiait partir en guerre, et j’avoue, que j’avais du mal à me retenir de le décrocher, tant l’envie de me battre parcourait et parcourt encore mes veines. Orback le Vénérable n’était pas là mais je voyais assis sur un tabouret, Emleir l’Ancien, vêtu d’un surcot de mithril, une lourde hache aux entrelacs d’argent à son côté. Son visage était grave mais majestueux en ce moment. Il me sourit. Tout aussi souriants se trouvaient Athion, descendant d’Ilyrion vêtu de sa chasuble frappée d’un dragon noir, Diom Sath le Chevaucheur de Dragon, Brenyar le Druide, Semshin le demi-nain et Bor l’arbalétrier.

Nous nous regardâmes sans rien dire, puis Emleir décrocha son écu. Nous fîmes de même et quittâmes la tente. Dehors les préparatifs s’activaient, mais nous suivîmes Emleir sans dire mot.
Arrivés sur la colline, Orback nous y attendait, les ailes repliées, l’écaille ternie comme s’il était fatigué et las. De sa voix, il nous ordonna d’aller à marche forcée à la Cité de Resael, au Nord Ouest, puis de redescendre vers le Sud, en se dirigeant toujours vers l’Ouest, dans les plaines d’Umnis.
« - Là-bas, nous rejoindrons Lugh et les Êtres de la Nature alliés au peuple nain. La conjonction maudite, entre la Lune et la Constellation du Centaure approche, et je crains que le Futur ne soit encore plus sombre si nous ne nous pressons pas. »

Ce fut donc sur ces mots que les Six Compagnies de l’Armée de l’Est d’Orback s’ébranla. En avant garde venait et vient les Cavaliers, que je mène suivant un large arc déployé. Ensuite, les hommes de pied de Diom, puis Brenyar et ses druides, invocateurs des Élémentaires. Les paladins d’Athion suivait à quelque distance en compagnie des arbalétriers et archers de Bor. C’est Semshin qui ferme la marche, à la tête de sa Compagnie de Nain. De cette manière, nous pensons progresser rapidement jusqu’aux gorges d’Aqiran, puis dans les Marches de Resael. De nombreux éclaireurs sont envoyés afin de prévenir tout risque, et il n’y en eut aucun aujourd’hui. Près de six mille hommes en mouvement, même Emleir, un peu taciturne, s’avoue optimiste et affiche un grand sourire dans sa barbe de nain. Le seul regret est qu’on ne soit accompagné d’Orback, parti vers l’Armée de l’Ouest. Enfin, si tout se passe bien, la jonction entre les deux Armées et celle de Lugh se fera dans une dizaine de jours.

J’ai porté à la connaissance de mon fils l’existence du journal que je rédige. Ainsi m’a t’il promis qu’il veillerait à ce qu’il soit conservé, si jamais il ne m’adviendrait quelque chose."

Marche sur Resael II

Par Enthymion le 13/2/2002 à 12:31:31 (#920257)

Le 12 Eliathar. 3ème jour de marche

" Nous avons forcé l'allure à travers le pays verdoyant et calme. Peu de villages, comme posés au centre des épis de blés, nous ont accueilli favorablement.

La question qui se pose : Ressemblons-nous à une bande de pillards ? Avec nos hommes chamarrés, dans leurs cotes et plaques étincelantes, sans parler de nos étendards et fanions au dragon que nous portons haut et avec la plus grande fierté. Pourtant, il nous faut rassurer les gens sur nos intentions, quand il ne faut pas palabrer longuement. Mais que faire contre la Peur du Temps sombre qui vient ?

Le Sergent et bon ami Diom Sath s'est joint à l'avant-garde, où j'eus le plaisir de sa compagnie. Il était heureux, tout sourire de revoir Resael, ville chère à son coeur. Généralement peu prolixe dans ses paroles, les mots coulaient de sa bouche cette fois. Il me parla de l'amour qui s'y trouvait au coeur de la cité, de la beauté des demeures, des fiers habitants, de la nourriture en abondance. Il me parla aussi de la Combe aux amoureux, derrière Resael, endroit merveilleux dont la légende dit que les deux derniers elfes amoureux en mourant ensemble abandonnèrent leur beauté à la Combe qui fut leur écrin pour une nuit. Il me parla aussi des sentiers de terre à travers les forêts ombrageuses. Cela me fait rêver.

A mi-journée, Emleir l'Ancien dépécha son fils, Talaon avec l'ordre d'accélérer encore. Emleir veut être dans quatre ou cinq jours à Resael pour se ravitailler. Aussi, ordonnai-je de forcer l'allure, mais ma crainte reste que la progression des ailes droites et gauches de l'arc soit inférieur à celle du centre. Nous verrons bien. Ce soir nous arriverons aux Gorges d'Aqiran. "

Marche sur Resael III

Par Enthymion le 14/2/2002 à 1:52:47 (#926183)

Le 14 Eliathar : 5ème jour de marche

Je fulmine ! Avant hier, nous sommes arrivés aux Gorges d'Aqiran à la tombée de la nuit. C'est en fait un étroit canyon, aux flancs tantôt escarpés, tantôt lisses, endroit propice à une embuscade. C'est bien ce qui nous est advenu.

Il semble qu'un nombre réduit d'individus de toute espèce, gobelins, orcs, et autres engeances corrompues -nous avons même vu trois démons de taille imposante !- aient pris position durant la nuit. Emleir, se basant sur les rapports du soir s'était résolu à traverser les Gorges.

Piège ! Ils se sont installés la nuit et sont tombés en milieu de matinée sur Brenyar, sans défense rapprochée. Nous avons été vite contactés par les Sylphes. Ma cavalerie ne put rien faire, n'étant compétente qu'en rase campagne. Mais Semshin et Bor ont pris d'assaut les flancs et ce, avec une très grande difficulté.
Rocailleuses, les pentes sont surtout traîtres par les caches qui s'y trouvent. Alors que la cavalerie arrivait dans les Marches de Resael, Semshin et Bor commençaient seulement à repousser l'ennemi.

Avant même la grande jonction des armées, l'oeuvre de l'Haruspice commence déjà ! J'aurais voulu qu'Orback fut là pour nous conseiller, nous guider.

Au moment où j'écris ces lignes, Diom Sath et Brenyar viennent d'arriver au campement avec leurs compagnies respectives. Brenyar est blessé, mais son seul souci immédiat est de compter le nombre de victimes dans ses rangs. Il estime que la moitié de sa compagnie a péri.

Ah ! Une estafette vient d'arriver. Elle nous signale que Semshin et Bor ont vaincu. Ainsi, nous sommes vengés, mais amère est la victoire, car Emleir et Orback comptaient sur la surprise pour gagner sur l'Haruspice. Maintenant, ce n'est plus qu'une question de vitesses. Demain l'avant-garde sera à Resael !

à Resael ! à Resael !

Carte

Par Enthymion le 14/2/2002 à 22:37:47 (#932644)

*au milieu du manuscrit se trouve une carte refaite assez grossièrement*

http://mcm.ifrance.com/touanou/Resael.jpg

http://forums.jeuxonline.info/jo/icons/icon16.gif
Merci à Touanou pour avoir mis ma carte sur le net. :)

Marche sur Resael IV

Par Enthymion le 14/2/2002 à 23:09:52 (#932888)

Le 15 Eliathar, 6ème jour

Malheur et Amertume en cette journée. Brenyar, à l'aube, a dénombré près de deux cent homes perdus. Il n'en reste plus qu'une centaine...

Emleir l'Ancien, à l'annonce, a haussé les épaules, visiblement préoccupé par autre chose. C'était une question de temps d'attendre Resael. L'occupation des gorges d'Aqiran par l'ennemi était assez grave pour se préoccuper de la ville.

C'est donc dans une aube rougeâtre que Diom Sath et moi somme partis pour Resael avec un escadron. Le temps d'y aller, nous avons senti autour ce silence qui régnait, à la fois apaisant et inquiétant. Juste nos battements de nos coeurs étaient perceptibles, les bruits des sabots semblaient étouffés. Un cavalier murmura, et tous l'entendirent, que ce n'était pas normal. A la mi-journée, nous atteignîmes la route de Resael sans rencontrer âme qui vive. Et c'est au crépuscule que nous avons découvert avec douleur et stupéfaction les ruines de Resael.

Il ne reste plus rien de la fière Cité. Juste des colonnes calcinées, et, horreur, des personnes empalées, des corps carbonisés. Encore çà et là, des feux couvent encore, mêlant son âcre senteur à celle du charnier. Le Crépuscule était plus rougeoyant que l'aube, rajoutant à ce triste décor une dimension cauchemardesque. La nuit est tombée, mais encore à l'ouest, on voit des stries ardentes mélées à des ombres noires, vaporeuses.

Diom Sath est entièrement démoralisé. La découverte s'est faite en silence chez lui. Nulle colère, ni un mot. Il est parti erré parmi les ruines, hagard et pleurant à chaudes larmes. Puis il est revenu, murmurant des paroles incohérentes. Je ne sais ce qu'il a perdu de lui-même ce soir, sans doute beaucoup, et son âme saigne.

Emleir l'Ancien -enfin arrivé- tente de le réconforter et de converser avec lui. Aujourd'hui marque encore une défaite, car si Resael a péri, c'est bien parce que nous avancions vers elle. Nous n'avons plus de ravitaillement. Un rationnement a été fixé et...

*un changement d'écriture intervient*

Je viens de voir Diom, maussade, marmonnant des mots de draconique. Il m'a regardé bizarrement avant de sourire.
"- Le malheur est bien sur nous, regarde le ciel. Vois-tu à travers les limbes brumeuses ?"
J'ai regardé, et j'ai vu la Lune qu'il montrait. Elle est entrée dans le giron de la constellation du Centaure. Ainsi Resael a été la première ville à tomber, et beaucoup brûlent, subissent les assauts en ce moment.
"- Bientôt, la Bataille viendra... Th'na Agsvar Na Agoth..." Il est reparti en divaguant...

L'ensemble de l'Armée de l'Est est arrivée maintenant. Demain va être une dure journée, sous ces auspices bien sombres...

En route vers Umnis

Par Enthymion le 19/2/2002 à 13:54:49 (#974572)

Le 16 Eliathar : 7ème jour

Nous sommes partis des ruines de Resael, nous avons emprunté la route de l'Ouest aux pieds de la colline de la Marche.

Tous ont le coeur lourd, de plus en plus lourd à chaque pas que nous faisons, rien qu'en pensant à cet enfant que nous avons trouvé dans Resael, marqué des brulûres pour son Innocence. Elle est morte dans la matinée, et Diom pleurait, de toutes ses larmes.

Diom Sath est resté en arrière, avec sa compagnie, à monter des tertres pour les restes des habitants de Resael. "Je veux construire des tertres surmontés de l'herbe des Marches qu'ils ont tant foulés, tant aimés"... Aussi a t'il une demie-journée de retard sur nous.

Artherk ! La route est morne, comme vide, plus personne dans les villages qui parsèment la campagne. Il y a juste le vent qui souffle lugubrement, de manière malsaine... Nul âme qui vive, c'est bien le début du Second Accomplissement.

Emleir l'Ancien paraît serein, et les hommes, pour cela, l'envient et le suivent. Je sais pourtant qu'il est rongé par le doute et la peur... Bientôt nous arriverons aux ponts de l'Umnisya, et alors nous verrons les hautes tours de granit de la citadelle de Dunya. Pourvu que l'Armée de l'Ouest et l'Armée de Lugh y soient déjà !

Le 17 Eliathar : journée de combats aux Ponts
Il fallait s'y attendre, et pourtant...

Nous sommes arrivés par une matinée grisâtre aux Ponts. Et notre surprise a été très grande en découvrant une armée occuper la rive orientale -la même sur laquelle nous nous trouvons- et nous bloquer l'accès.

Il y avait là profusion d'orcs de toute taille, de gobelins, mais aussi des semi-démons appelés profundus et d'autres plus grands que l'on nomme Minion de la Fange, des minotaures. Tous fédérés sous une seule et même bannière, celle que nous éxecrons, l'Haruspice.

Nous avions estimé à deux mille individus l'armée, mais au terme de cette journée, nous avons dû en tué deux fois plus.

Ils avaient conçus des défenses très sommaires, des palissades en bois, et surtout des épieux inclinés pour empêcher une charge de cavalerie. Ma compagnie était donc inutile dans cette situation.

Emleir résolut le problème de ces défenses, si sommaires étaient-elles, n'en demeuraient pas moins dangereuses. Connaissant la portée longue des arbalètes, il positionna les hommes de Bor en ligne, sur une légère éminence, à portée de tir des Ponts. Les orcs ne pourraient répliquer avec leurs arcs à faible portée. Au Nord, il plaça la cavalerie que je commande, derrière une colline, prête à agir. Et à l'Est, tout aussi dissimulés se cachaient les hommes d'Athion Ayreanis, tandis que Semshin simulait une retraite bruyante...

Le signal fut discrétement donné. Bor donna l'ordre de tirer carreaux sur carreaux, et ce fut donc une grêle de dards qui s'abattit sur le camp fortifiée. Quelques carreaux furent enflammés, et le feu se propagea lentement aux palissades. Et, comme Emleir le prévoyait, l'ennemi dût sortir de leurs fortifications. Sans réel ordre, ils foncèrent sur les arbalétriers. Les archers commencèrent alors leur oeuvre, tandis qu'un fanion fut secoué. C'était le signal. Nous partîmes d'abord au trot, puis, ensuite au galop, nous formâmes trois coins qui s'enfoncèrent sur les arrières de l'armée, tailladant et semant la panique. Les arbalétriers et les archers se replièrent. Les paladins d'Athion engagèrent alors la bataille, suivit des Nains de Semshin. Les deux compagnies se dirigèrent vers les ponts, avec Brenyar sur leurs arrières, tandis que moi et ma cavalerie achevions les fuyards.

Sur les ponts la résistance fut bien plus dure. Athion et Semshin se heurtèrent aux tours construites au centre des Ponts, d'où pleuvaient des feux grégeois, des flêches, des pierres de fronde. Il fallait véritablement des armes de sièges pour vaincre. Mais le Seigneur Orback arriva, et de son souffle ardent, balaya les occupants au sommet des tours, qui ne devinrent plus que des torches. Athion et Semshin les prirent d'assaut. Ce fut en fin d'après midi que nous prîmes pleinement possession des ponts et que nous arrivâmes sur la rive occidentale d'Unmisya. Nous établîmes là un camp fortifié, afin de nous remettre de la bataille.

Orback signala que Dunya était assiégée, mais que du Nord, Lugh arrivait, et du Sud-Ouest, l'Armée de l'Ouest aussi. Ainsi restait-il un espoir ? Le dragon était maussade, triste et ses grands yeux jaunes pâles avaient blanchis... Dedans on pouvait y lire l'amertume d'avoir vu Resael brûler et tant d'autres cités encore...

Au moment où j'écris ces lignes, j'observe à moitié la Lune alignée avec la Constellation du Centaure. Demain marquera une nouvelle ère, quelqu'elle soit.

Le dernier combat

Par Enthymion le 23/2/2002 à 16:33:51 (#1006088)

Le 18 Eliathar : la Dernière Bataille

Nous nous sommes harnachés pour la bataille, au moment où j’écris ces lignes. Les paladins d’Athion ont revêtu de lourdes armures de plaque et tiennent fermement leurs boucliers sur lesquels se dessinent un dragon noir. Les chevaux piaffent d’impatience. Brenyar et les druides ont entamé une longue et sourde mélopée, et sous leurs pieds la terre tremble. Les nains de Semshin ont sorti leur hache à double tranchant. Tout le monde est prêt.

Nous n’avons aucune nouvelle de Diom Sath…

Emleir L’Ancien a revêtu un heaume d’or, qu’il avait hérité de son aïeul Gardaon. Il s’est entouré des porte-étendards à cheval. Lui-même monte un cheval courtaud.

Orback, à son côté, de sa voix grave et gutturale nous a dit juste ces quelques mots :
« Au-delà des affres du Temps et de l’Espace, il y a la Mort et la Vie. Il y a aussi la Souffrance, la Corruption, la Destruction qui n’est pas Mort, mais supplice. Il y a aussi l’Espoir, le Rêve, la pensée que demain lorsque nous ouvrons les yeux de voir le soleil, le ciel bleu, la mer, le sourire d’un enfant. Il y a quelques temps, quelques siècles, gouttes dans une vie de dragon, ont disparu les elfes. Méritaient-ils de mourir pour ce qu’ils étaient ? Ils étaient grands, sages, arrogants dans leur magnificence. Méritaient-ils de mourir parce qu’ils étaient ? Aujourd’hui c’est au tour de la race des nains. Méritent-ils de mourir ? C’est que je murmure aux suppôts de l’Haruspice qui me disent « Méritent-ils de vivre ? ». Le destin est funeste aujourd’hui, il peut devenir aussi rayon de lumière. Il suffit juste de Volonté. »

Ces mots résonnent encore dans mon cœur. L’armée de Lugh descend du Nord vers la cité de Dunya. Il y a avec eux l’Esprit même de la Nature, des ondines, nymphes, des loups aussi grands que nos chevaux, des fées aussi, des Ents. L’armée de l’Ouest a attaquée le flanc qui fait face à la mer et a réussie rejoindre la citadelle de Dunya, d’où vomit des fumées noires, des flammes, des coulées noires et organiques. Le choc vient de se produire, ils ont engagés la bataille, mais ils se font envelopper par l’Est et s’expose à la défaite. C’est à nous maintenant.

*changement d’écriture, celle d’Enthymion réapparaît*

Le journal ne fut jamais terminé, car tout les Compagnons d’Orback périrent, excepté une dizaine, dont Diom Sath. Voici le récit de la bataille, après que j’eus réuni de nombreux témoignages.
L’Armée de l’Est a tenté de rejoindre celle de Lugh, en se battant contre le flanc. D’après certains, Athion mourut le premier, une flèche empennée de noire fichée en plein dans son cœur. Les paladins suivirent la même voie contre les minions de la fange et les vers géants s’abattant du ciel. Semshin mourut de la main d’Ezar et tout les nains périrent. La cavalerie chargea puis sombra dans la marée noire, les druides et Brenyar périrent à leur tour, cadavres desséchés par la magie. Beaucoup d’autres périrent. Bor mourut, fauché par une improbable lame. Emleir suivit Orback dans la masse, quand celui-ci, s’apercevant qu’il ne pourrait rejoindre Lugh, ni survivre à cette épreuve, se mit à chanter une puissante incantation, oubliée parmi les antiques formules et la Mémoire des dragons. Il monta dans le ciel et devant une torche vivante, une lumière vive. D’un seul coup de son aile de soleil, il fondit sur les hordes impies et démoniaques de Baazul les anéantissant. L’aile droite était détruite ainsi et Emleir l’Ancien rejoignit Lugh et continua de se battre. On ne retrouva de lui que son heaume d’or maculé de sang et noirci à l’issue de la bataille. De la citadelle naine, une sortie fut faite, et elle aussi se noya dans l’indescriptible marée haruspicienne. Ses murs s’effondrèrent, et tous moururent. Le dernier nain périt, alors que les forces de la Nature et de l’Est fléchissait. Du Nord arriva Diom Sath et sa compagnie en renfort, insufflant un nouveau souffle. Lugh décupla sa colère, et son cri de rage unit la haine et la volonté de chacun sur les destructeurs. Mais ce fut le rire gras de l’Haruspice qui scella la bataille. L’entité avait gagnée, et si son armée était battue, sa victoire était incontestable. Lugh et les forces restantes se retirèrent alors. Voilà comment se termina la Dernière Bataille et comment les Nains disparurent.

On ne revit plus Diom Sath jusqu’à récemment. Ce fut Palantir Antanaglarion, un de ces humains dont on dit que le sang des elfes donnent une longue vie, ou l’ancien duc de Windhowl, Lecaesar qui réunit les survivants des Armées d’Orback. Ils ne devaient être qu’une dizaine. Paradoxalement, ce sont les mots de Caern-Sidhe, père d’Orback, qui donna naissance à l’Ordre. Voici tels qu’ils ont été retranscrits en notre demeure :

Moi Caern-Sidhe, père d'Orback,
je vous ai cherché pendant plusieurs années,
Vous, l'Ordre dans lequel mon fils s'est fait tué,
pour échapper à mon destin et venir vous anéantir pour toujours.
Je ne comprends pas comment mon fils a pu s'allier à des créatures si faibles !!
Lorsque l'Haruspice est venu à moi, il m'a dit que c'est Vous, ceux mon fils protégeait,
qui l'avez tué...

Mais aujourd'hui je vais pouvoir le venger !!
Sachez que lorsque vous serez dans mon Royaume,
Je vous traquerai comme du gibier pour venger mon fils.
Je vous tuerai tous !!
Je vous présente mon messager.
C'est lui que j'ai désigné pour vous porter mon jugement !!!
Les êtres humains sont si faciles à manipuler...
L'Haruspice m'a promis qu'Orback renaîtra quand j'en aurai fini avec vous...

Le jour de la gloire de mon maître et de la renaissance de mon fils est proche
Lorsque j'aurai tué chacun d'entre vous et les autres fidèles de ces dieux pathétiques,
Le jour de mes retrouvailles avec mon fils sera arrivé.
L'Haruspice régnera en maître et moi je serai à ses côtés pour diriger ses fidèles
Mes pouvoirs sont peut être limités dans ce royaume mais lors de votre venue,
VOUS paierez ce CRIME ignoble que vous avez commis contre mon enfant, mon seul enfant !!

C’est ainsi que sur ces paroles d’injustice et de déshonneur, sur les cendres funestes d’Unmis, sur le souvenir d’Orback, que l’Ordre des Chevaliers Dragons fut fondé. Peu nombreux, ils oeuvrèrent énormément contre les généraux de l’Haruspice, et leurs intrigues tissées pour enserrer Althéa dans le malheur. Mais ce n’est réellement que lorsque les chevaliers dragons surent que Goldmoon serait le prochain champ de bataille, que l’Ordre prit alors tout son ampleur et acquit prestige, puissance, honneur. Le Cataclysme marqua durement l’Ordre. Une partie resta sur le Fragment de la Bête, une autre sur le Fragment du Seigneur de la Destruction, sous le nom de la Compagnie du Dragon. L’Ordre s’est reconstruit et le Duché de Windhowl entra dans son apanage. L’Ordre est un pilier incontestable de la royauté, fidèle à Théodore le Treizième, mais aussi très discret.
La nouvelle qu’Orback était vivant, sous la forme d’un Dragon de Lumière, immatériel, causa une grande secousse, car l’Ordre s’était construit sur sa mort. De même que le retour de Diom Sath, Seigneur Licorne, réveilla le passé douloureux. Maintenant l’Ordre sommeille… mais ce n’est que le sommeil du dragon. Son œil reste fixé vers le futur qui approche, et vers le ciel, la Lune et la Constellation du Centaure. Le jour où elles seront alignées, l’Ordre se réveillera et combattra, comme les Armées d’Orback. Pour la Paix, l’Espoir, l’Honneur !

Que le Souffle Ardent d'Orback illumine les Chemins du Destin ! Paix sur Althéa !

Terminé le 21ème jour du second mois du Calendrier Commun. Moi, Enthymion de Bryl, alias Enthymion-Aux-Trois-Vies, Maître Compagnon de l’Ordre, Conteur de Songes, Lord de Goldmoon ait laissé le présent exemplaire en don, à la bibliothèque royale, avant mon départ pour nulle part.

Vent joyeux

Par Enthymion le 23/2/2002 à 17:09:04 (#1006384)

Le notaire balaya du regard la grande demeure qui se détachait sur le ciel bleu. Il regarda le parchemin qu'il tenait dans ses mains.

Notaire,

Le 23ème jour du second mois du Calendrier Commun, au Crépuscule, vous irez en ma demeure, sise en la ville de Windhowl, dans le quartier Sud-Est. Avec la présente missive se trouve la clef des lieux. Au Crépuscule donc, vous évaluerez les objets de valeur que j'aurai laissé dans la pièce principale, sur la large table. Vous en établirez l'inventaire précis et exact et compléterez celui que j'aurai laissé. Avec l'aide du bourgmestre, vous en établirez la valeur exacte, et soumettrez à vente lesdits objets.
Si la Demeure n'est pas réclamée à la fin de la semaine qui suit, vous la vendrez également avec son mobilier. La somme que vous recueillerez de la vente ou des ventes ira à l'hospice de Lighthaven à hauteur des trois quarts de la totalité. Le restant ira à la Bibliothèque Royale, manquant de fonds suite à l'effondremment du mur et à la disparition de messire Lynn.
Comme convenu, vous ne préleverez rien, étant payé à l'avance et les impôts étant payés.
Vous trouverez également diverses missives à envoyer à des personnes chères à mon coeur, veuillez vous en occuper.
De même que vous trouverez sur le buffet un rouleau de manuscrit. Apportez le à la bibliothèque royale.

Je vous remercie d'avance de votre diligence et vous souhaite des jours heureux.

Il plia la missive, et prit une lourde clef en fer qu'il inséra dans la serrure. Tout de suite, une odeur âcre le saisit à la gorge et il toussa. Il se retourna et fit un signe à deux gaillards, deux paysans d'entrer, ce qu'ils firent. Ils ouvrirent les fenêtres. Le notaire entra et regarda la grande pièce. Il remarqua dans la cheminée une bûche à demie consumée. Puis, il visita la demeure, nota le lit défait, les fourrures-couvertures s'étalant sur les lattes du plancher. Enfin il revint vers la table, sur laquelle un monceau d'objets s'empilaient : des objets de grande beauté, des vases sertis de diamants, des armes diverses, des vêtements d'apparats, et tant de choses. Il y avait même une armure bleutée, un fléau et un très très vieux écu, bosselé, un coffret remplie de piècettes d'or. Le Notaire prit une coupe dorée dans ses mains, sertie de saphirs et d'améthystes, et la rangea dans une poche ample de sa redingote. Rajustant ses lunettes, il fit signe aux deux gaillards, puis il sortit. Il regarda les vieillards charger une charette. Une fois cela fait, il rerentra, prit le parchemin sur le buffet, et ordonna aux deux hommes d'amener la charette devant chez lui et de déposer les objets dans la salle d'inventaire. Il ferma les volets, puis ferma la porte, sans oublier de jeter un dernier coup d'oeil. Clic-clac. La porte était bien fermée. Il s'en alla vers la Maison des Mages, le rouleau de parchemins en main.

Les deux gaillards regardèrent le notaire s'éloigner et se regardèrent :
"- Ousqu'il va not'bon notaire ?" demanda l'un
"- Chais pas. Surement pas là où est parti le sire de ces lieux" rétorqua l'autre. Il rajusta son bonnet de laine.
"- Dommage, on l'verra plus, l'vieux." glaviota t'il
"- Pour sûr, l'morts r'viennent plus." D'une main large, il sortit le coffret. "Tiens, sers-toi."
Ils prirent chacun une pleine poignée de pièces d'or qu'ils fourrèrent dans des bourses maigres et maintenant rebondies.
"- Avec ça, on s'rvivra l'hiver prochain" remarqua l'un.
"-Pour sûr. Trêve de bavardages, am'nons la charette chez l'notaire. Y a les s'mailles à faire. L'vent joyeux nous est propice auj'd'hui"
Les deux gaillards s'en allèrent, laissant juste le vent souffler sur les épis de blé d'hiver, sur les dalles grises et sèches, sur les bourgeons des arbres, sur la nature renaissante, dispersant les cendres du passé, amenant le futur et un rayon de soleil...

Par Rowynna le 23/2/2002 à 20:32:34 (#1007791)

Elle a traversé les collines, laissant derrière elle ses moutons, sa fille et le livre que distraitement elle feuilletait...
Le vent lui apporte des parfums d'herbe, le ciel est violet sur Windhowl.
Elle court, elle espère arriver à temps, porteuse de printemps et de jours renaissants.
La porte de la maison est large ouverte, le vent emporte les dernières cendres de l'âtre, et la pièce est vide... désespérément vide.
Il est parti, il est parti à tout jamais celui qui a gravé en son coeur les mots rouges d'éternité...

Pensive, elle remonte le sentier escarpé, et le souffle du printemps la prend et l'emporte, là où nul ne fait défaut.