Post Mortem

Par Hecate deSambre le 15/12/2001 à 17:55:30 (#558014)

Eternité.
Combien de fois t’ai-je caressé, combien de fois avons nous frôlés nos lèvres dans un désir sacrilège ? Ma délicieuse et si fragile éternité…
Je t’aime.
A jamais. Et pour toujours.


Les spames avaient cessés depuis quelques nuits. Je vomissais moins, et le sang des rats devint un met de choix. Nuit après nuit, lune après lune, je maudis l'instant où le fluide divin du Séraphin Torian coula dans mes veines mortes. Quelle puissance avais je ressentis alors...

Mais le contrecoup n'en fut que plus terrifiant. A mesure que le sang de Torian s'épuisa, mon corps et mon esprit exigeaient satisfaction. Une soif inextinguible me rendit folle. Je voulais boire, boire jusqu'à la lie ce sang ineffable...Tout mon être ne se concentra que sur cette obsession, je ne pensais à rien d'autre qu'à cette drogue parfaite, ce précieux lien incarnat dont je soutirais gloire et...déclin.

J'ignore encore comment, mais ma démence m'amena dans les sous sols du temple de Lighthaven. Dans les recoins oubliés, je survivais, abandonnée à ma folie. Le sang des rats ne m'apportait rien, n'épanchait nullement ma soif au risque de me livrer à une petite mort sinistre...

Ma lucidité s'accompagna avec mon desespoir de survie. Finalement, la mort me rattrapait pour m'entraîner dans ses couloirs de solitude et de vide....Ainsi soit il, que cette agonie s'achève.
Le destin, pourtant, en décida autrement, alors que des pas résonnèrent dans les sous sols du temple.

Par Leuan le 15/12/2001 à 19:41:50 (#558644)

Recoiffant mon heaume et remettant mes gants de maille j'invoquai d'un geste une lueur magique au-dessus de mon épaule avant de descendre les marches qui menaient en dessous du temple, laissant derrière moi les sols et murs de marbre envahi par une foule bigarrée et bavarde. Entre ces murs de pierre sombre tachés par l'humidité, de jeunes arrivants démunis affrontaient la vermine en échange d'un peu d'or des prêtres pour se constituer le pécule qui leur permettrait d'acheter sorts, armes et armures pour affronter les dangers de l'extérieur de la ville.

C'était ceux-là que je préférais aider, plus que ceux qui mendiaient bruyamment sur le parvis de l'édifice, poussant parfois l'indignité jusqu'à s'accrocher aux vêtements des passants. Aider était un plaisir et mon devoir de Rédempteur mais, peut-être à tort, je préférais ceux qui s'aidaient d'abord eux-mêmes. J'en croisai quelques uns, les soignant et leur procurant quelque protection et un surcroit de force, m'aventurant de plus en plus profond dans les souterrains jusqu'à ne plus rencontrer âme qui vive. Je m'arrêtai à un embranchement, songeur.
J'approchais du repère de Balork, ce démon que rien n'avait pu déloger de là. Comme je l'avais craint à mes débuts d'aventurier... j'avais surmonté ma peur et l'avais abattu seul, il y avait longtemps maintenant... mais comme après chacune de ses innombrables morts il revenait, toujours aussi haineux, sussurant à l'oreille des indécis les charmes et les facilités de la voie du mal.

Je me remis en marche. Ce ne serait pas la première fois que de jeunes aventuriers s'en prendraient à lui en surestimant quelque peu leurs propres forces et un peu d'aide pourrait être bienvenue. Ou peut-être ma simple présence ferait-elle réfléchir un peu plus ceux qui venaient pour écouter ses propos tentateur plutôt que pour lui faire mordre la poussière...

Hmm je ne sais pas si l'ouverture de la fin du message précédent est destinée à quelqu'un de bien précis ou pas. Si c'est le cas j'édite en vitesse.

Par zdravo le 15/12/2001 à 19:46:57 (#558677)

:lit: :lit: :lit:
*attend patiemmenet la suite*
:D

Par Lilith Vampyr le 15/12/2001 à 20:11:15 (#558817)

Hecate !!

Son instinct prévient lilith qu'une chose affreuse est en train d'arriver. Elle se rend rapidement à Lighthaven et s'enfonce sous le temple, sans prendre garde à Moonrok qui cherche à l'empecher d'entrer. Elle court, mu par son instinct, sans savoir où la mene ses pas.

Hécate ma fille !

Elle se jete sur la jeune femme en train de mordre un rat et la force à la regarder. Elle la repousse, dégouter par son aspect repoussant et par sa puanteur.

Hecate ! Que se passe t'il ? Que t'arrive t'il ? Pourquoi ton esprit m'est il ferme ! Hecate !!!!!

Elle la secoue attendant une réacton de la jeune femme.

Par Hecate deSambre le 15/12/2001 à 20:49:20 (#559076)

Cette nuit là, ce ne fut pas la Mort qui vint pour m'emporter loin de la misère où je trouva refuge. Face à moi, celle qui m'ouvra autrefois les portes de la Non-Vie, me regardait avec dégoût et stupeur. Malgré ma crasse et mes haillons, elle n'avait aucun doute sur ma nature...

Lilith...Mère....je peinais à parler

Aidez...moi...je meurs...ici...parmi les rats.

Si seulement je pouvais pleurer.
Je me contenta de hurler.

hrp: Leaun tu as un mp :)

Re: Post Mortem

Par Helcarendil le 15/12/2001 à 20:54:51 (#559118)

Provient du message de Hecate deSambre
Eternité.
Combien de fois t’ai-je caressé, combien de fois avons nous frôlés nos lèvres dans un désir sacrilège ? Ma délicieuse et si fragile éternité…
Je t’aime.
A jamais. Et pour toujours.

bravo ! J'adore particulièrement cette petite intro :) ça me rappelle un peu la façon dont Kim Stanley Robinson débute ses chapitres mais en plus court c fort! :lit: :merci:

Un bruit de course rapide...

Par Leuan le 15/12/2001 à 21:50:59 (#559526)

... quelqu'un courait dans un couloir parallèle, et tournant la tête Leuan eut à peine le temps de voir une ombre traversant une intersection plus loin. Intrigué il suvit l'écho de ses pas, avec prudence cependant, une embuscade n'était pas à exclure...

Une conversation, trop basse pour qu'il puisse en saisir les paroles, de voix de femmes autant qu'il pouvait en juger... puis un hurlement perçant.
Décrochant sa masse d'armes de sa ceinture il avança plus rapidement, toujours aux aguets. Les deux personnes ou plus qu'il avait entendues semblaient n'user d'aucun éclairage, étrange...

Une personne couverte de haillons, sur laquelle se penchait une autre femme. Toutes deux s'étaient vivement retournées à l'approche du jeune paladin et de la vive lumière blanche qui flottait au dessus de son épaule.
Ce visage... les avait-elle tous trompés ces derniers mois, ne feignant s'être affranchi de sa soif de sang que pour mieux venir écumer les tréfonds du temple d'Havreclair lorsque cette soif la reprenait ? Ou peut-être n'était il pas encore trop tard...

Quelques instants tendus étaient passé. Relachant en partie son attitude quelque peu belliqueuse Leuan dit, extérieurement détendu et apaisant bien que prêt à en découdre s'il le fallait pour arracher sa "proie" à la succube et se défendre lui-même :

- Dame Krahnan, cette personne semble avoir besoin qu'on s'en occupe au plus vite et vu son état je pense que nous ne serons pas trop de deux pour la ramener aux bons soins des Artherkiens.

Par RoadRunner le 15/12/2001 à 23:11:50 (#560173)

j'adore ce qui tourne autours du Vampirisme

Signe

Julio, joueur acharné de Vampires : Dark Ages :p

Par Lilith Vampyr le 15/12/2001 à 23:16:26 (#560205)

Elle lance un regard froid à l'homme.Elle gronde d'une voix grave.

La donner au bon soin des Artherkiens ? Elle ? Etes vous fou ?

Elle sert contre elle son enfante, et d'un geste vif, tranche son poignet avec sa dague. Le sang vermeil coule de sa plaie, qu'elle porte à la bouche d'Hecate.

Bois ma fille... Bois je t'en conjure !

Sombre engeance...

Par Leuan le 16/12/2001 à 1:24:53 (#561325)

- La donner au bon soin des Artherkiens ? Elle ? Etes vous fou ?
- Bois ma fille... Bois je t'en conjure !

Très lentement, Leuan recula d'un pas, regardant la jeune "femme" en haillons avec l'impression de l'avoir déjà vue mais comment en être sûr sous cette crasse immonde.
Il n'y avait là aucune vie humaine en péril, et tant qu'il en serait ainsi il n'avait pas de raison d'intervenir.

Fut un temps ou un grand sortilège avait libéré Althéa de la malédiction du vampirisme, mais quelques uns y avaient échappé et avaient continué à propager leur non-vie...

Se détournant il repartit.
Les chances étaient minces sans doute qu'un vampire fasse l'effort de volonté necessaire pour ne pas prendre d'autres créatures intelligentes pour proies. Minces mais pas nulles, pour cette raison il s'était abstenu de profiter de la faiblesse de la créature en haillons pour l'achever d'un rai de feu blanc avant de faire face à l'autre.
Si les appétits ravageurs provoqués par les arts nécromantiques qui perpétuaient leur état poussaient l'un de ces vampires à prendre des vies humaines il serait l'un des premiers à lui donner la chasse pour le capturer et mettre fin à son état d'une manière ou d'une autre...
Mais tant que ce n'était pas le cas... paix et espoir... espoir que le passage du temps leur fasse comprendre que, si effectivement le corps survivait, peu d'esprits initialement humains avaient la trempe necessaire pour survivre aux siècles des siècles... que l'éternité tant rêvée n'était que chimère quand c'était sa finitude qui donnait saveur et sens à la vie...
Peut-être alors chercheraient-ils la fin de leur malédiction.
Un sortilège d'une puissance incroyable avait purifié le sang de centaines de ces créatures... refaire un rituel similaire mais pour une seule d'entre elles ne devait pas être impossible.

ptit hop

Par Sidney Earendil le 16/12/2001 à 13:06:49 (#564397)

La suite :D :ange: :D :merci:
(Snif la ch'tite soeur d'Os :( :eek: :( )

Par Hecate deSambre le 16/12/2001 à 18:29:02 (#566726)

Tu es la fleur noire de mon péché.
Enivre moi, laisse moi goûter à ton parfum charnel, petite liqueur de mort que je vénére.
Les Dieux eux mêmes l'ignorent, ton plaisir est mien...comme je t'appartiens.



Lilith entailla son poignet, et un flot écarlate s'en échappa. L'odeur me frappa comme une flamme, et je ressentais dejà l'ivresse. Le sang de ma mère degageait pureté et malice, s'écoulant comme un serpent de rubis sur sa main fine.

-Bois ma fille...Bois, je t'en conjure.

Je saisis son poignet, prête à me laisser envahir. Mes lèvres flétries trempèrent dans le sang chaud, parfumé....Les souvenirs de ma premiere étreinte avec Lilith remonterent comme un flot de magma. Je fus proche de la transe, alors que je buvais....lentement...sur le rythme de son coeur...
Jamais auparavant, je ne connus pareil plaisir. J'oubliais le sang de Torian, dans les bras de Lilith. Je revenais des ombres de la Mort.

-Assez..assez...suffoca ma mère, qui partageait mon vertige.

Elle me saisit par les cheveux et m'arracha de son poignet. Dans un gémissement rauque, je retombais à genoux. Puis le gémissement devint ronronnement, alors que j'ouvrais les yeux et contemplait Lilith.

-Je revis...grâce à vous, mère.

Elle me redressa, et je la pris dans mes bras...

-Les Ombres...nous appartiennent. Nous marcherons ensemble à nouveau, sous le regard pâle de la Lune. Le Sang est notre Vie, lui murmurais je. Et il coulera telle une riviere....

Par Lilith Vampyr le 17/12/2001 à 4:17:02 (#570467)

Alletante, allongée à coté de sa fille, elle reprend doucement conscience. Le meme sang que celui de sa fille coule dans ses veines, elle perçoit à nouveau ses pensées, claires, si claires. Le souvenir de Torian, celui qui mène à la perdition de son enfant...

Hecate, mon enfant... Calme-toi et récupère lentement. Nous irons chasser lorsque tu iras mieux et le jeune homme aperçu pourra etre un bon commencement pour calmer ta fin.

Elle la regarde, le gout du sang lui revient en bouche lentement, depuis trop longtemps oublié lui revient le parfum et le plaisir de celui-ci.

Hecate, viens, partons !

Par Hecate deSambre le 17/12/2001 à 18:15:31 (#574481)

J'acquiesais d'un geste lent, entierement livrée à l'ivresse du sang. Je pris la main de Lilith qui me mena en dehors du temple, loin de mon agonie.
Nous marchâmes vers la place de Lighthaven. Ma démarche hasardeuse inquiétait Lilith, et elle me soutint à plusieurs reprises, chuchotant des paroles rassurantes, caressant mes mèches sales et filandreuses.

Arrivées sur la place, Lilith me guida jusqu'à la fontaine et me baigna. L'eau, si pure et cristalline, se noircit de crasse à mesure que je reprenais meilleure apparence. Avec douceur, Lilith démela mes cheveux et nettoya ma peau désséchée. Elle fredonna un chant appaisant, et mes yeux se fermerent.

-Comment ai je pu vous abandonner, Mère. Vous me manquiez tant...

Lilith ne répondit rien, et déposa un baiser sur ma joue mouillée. Je savais alors que, ainsi réunies, rien ni personne ne nous sépareraient...


Sous l'auspice d'une lune pâle, je percois ton rire, et ton sourire d'opale. Elève moi jusqu'à ce ciel de cendre, parmi les dieux et les anges de marbre...
...Que les Eternels comprennent, par nos éclats de rire et notre chant funeste, la beauté de la mort est une danse macabre.