La guerre des lutins

Par Vrittis le 3/12/2001 à 17:56:35 (#498581)

Tout commença sous le pissenlit au fond du jardin. Enfin, du moins c'est la que nous découvrimes les premiers lutins.

Pour être encore plus précis, c'est la que Clébard trouva les premiers lutins. Il ramena le premier un peu machonné devant la maison et miaula jusqu'à ce qu'on vienne voir. Miaula, car Clébard est notre chat familial, bien que je le soupçonne de relever du quartier en ce qui concerne ses repas. Apparemment très satisfait devant notre réaction incrédule, il nous mena ensuite vers le lieu ou ils les avaient trouvés, et lorsque nous regardâmes sous le pissenlit nous les vîmes pour la première fois. La première chose qui me vient à l'esprit en repensant à ces créatures, c'est que d'être machonnés leur réussissait plutôt. Ceux sous le pisselit étaient infiniment plus laids que celui qui avait été ramené devant la maison.

Ils étaient brunâtres, et ressemblaient à ces vieilles images des racines de mandragore que l'on trouve chez les apothicaires. Ils étaient apparemment morts, et nous hésitions à les toucher ne serait ce que du doigt de peur de je ne sais quoi.
Il y en avait trois sans compter celui devant la maison, et au vu des traces de griffes, Clébard n'en avait raté aucun.
Alors que nous hésitions encore sur la suite des évènements, nous entendîmes soudain Clébard souffler derrière nous. Papa fut le premier à se retourner et il gueula d'un seul coup que "Y'en avait d'autres". Je crois qu'on s'est tous retournés d'un seul coup, et qu'on a tous vu ce qui s'est passé ensuite.

Il y avait une dizaine de lutins sur le perron autour de leur ami, de leur frère? étendu. Ils le regardaient l'air très mécontent. Je regrette de n'avoir pas été plus proche de Clébard. Il a commencé à courir vers les lutins, et l'un d'entre eux s'est retourné en entendant le bruit qu'il a fait dans l'herbe. Il a juste dit "Hran'krat-farafx" et une sorte de branche est sortie de terre et a empalé Clébard.
Maman a crié, et Papa a gueulé "Putain!!!". On aurait du se douter de ce qui allait se passer après, mais bon... on pouvait pas retenir Papa qui était fou de rage. Il a avancé vers les lutins et...

Par Arcken Lamelune le 3/12/2001 à 18:08:47 (#498610)

(*a passé un quart d heure a trouver ou cliker pour repondre*)


et......

Par Vrittis le 4/12/2001 à 14:58:05 (#502394)

... et il est arrivé à coté d'eux sur le perron. Les lutins avaient cessé de regarder vers le jardin dès que Clébard était mort, et ils restaient autour de celui qui était étendu en grommellant ou je ne sais quoi. Papa a levé le pied au dessus d'eux et en a écrasé quatre ou cinqs d'un coup. Le bruit était écoeurant, mais je me souviens m'être dit que c'était bien fait pour ces saletés.

Le groupe restant a alors tourné la tête vers Papa. J'ai cru qu'ils allaient recommencer la même chose, mais cette fois ça s'est passé différemment. Un des lutins a regardé vers la haie et les feuilles ont commencé à bouger. Le lutin a dit "Fyrenj'kt'ahra"Soudain des branches sont sorties de la haie et se sont dirigé vers Papa. Il est devenu plus blanc et, comme la porte était restée ouverte, il s'est précipité dans la maison et a fermé derrière lui.
Maman et moi on était toujours pétrifiés, à coté du pissenlit. Les lutins ne nous avaient pas regardé une seule fois. Maman a commencé à trembler quand les branches de la haie ont gratté contre la porte, et à l'intérieur de la maison on a entendu Papa qui criait, puis plus rien. Le silence n'était troublé par aucun bruit sauf celui des branches qui bougeaient et par un chien qui aboyait au loin. Soudain Papa est apparu à l'angle de la maison, avec des griffures sur le visage, et il nous a fait signe de venir le rejoindre, silencieusement. Heureusement les lutins sur le perron ne pouvaient pas le voir, et gardaient le regard fixé sur la porte qui commençait à être toute rayée par les branches.

Nous nous sommes dirigés tous les deux vers Papa qui regardait tout autour de lui, affolé. Il était dans une position bizarre, les pieds posés sur la terrasse derrière la maison tout en se penchant, ce qui l'obligeait à se retenir de la main à la gouttière. Alors que nous nous approchions de lui, nous entendîmes la porte de devant craquer bizarrement.
Papa se ramena en arrière quand nous arrivâmes et se laissa tomber sur le béton de la terrasse, les coupures sur son visage lui faisant comme un masque de résille ensanglantées.

" Les plantes. Ces saloperies ont failli m'avoir avec les plantes " chuchota-t'il, essoufflé
- Oui, on a vu les branches de la haie qui...
- Non, à l'intérieur. Quand j'ai ouvert la porte, une de ces saletés a regardé le yucca, et il a essayé de me choper. Ca coupe ces saloperies et on penserait pas en les voyant, mais c'est fort un yucca. J'aurais pas réussi à résister, mais il s'est arrété de bouger un peu après que la porte se soit fermée.
- Le yucca? " Maman a le visage défait et a du mal à articuler pendant quelques instants. De l'autre coté de la maison on entend la porte se briser définitivement.
- On s'en fout du yucca. Ils ne vous ont pas attaqués?
- Non.
- C'est comme pour Clébard, ils n'ont rien fait avant qu'il attaque. Je n'aurais pas du les aggresser. "

Au moment ou Papa dit ça on entend un énorme bruit dans la maison. Papa se redresse et nous fait signe de le suivre en silence jusqu'au garage. Nous nous dirigeons tous les trois vers l'autre coté de la maison. Maman tourne en premier au coin de la maison, et pousse un petit cri. Moi je passe la tête pour jeter un coup d'oeil, et me recule brusquement aussi.

" Papa....
- Quoi?
- Tu ferais bien de te cacher. Il y en a...

Par Vrittis le 4/12/2001 à 17:05:24 (#502696)

...a qui arrivent de ce coté.
- Combien?
- Trois... quatre...
- Bordel. "

Papa se mit à regarder tout autour de lui, et vit l'appentis dont nous nous servions pour ranger toutes nos affaires de jardinage. Il eut un sourire mauvais et se dépécha de partir en direction de l'appentis.
C'est au moment ou il mit le pied à l'intérieur que je me rendis compte que ça avait été une erreur. L'appentis était en bois, et c'est quand j'entendis les bruits sourds venant de l'intérieur que je compris que les lutins l'avaient repéré depuis longtemps.
La porte se rouvrit brusquement, poussée par le bras de Papa qui s'écroula en tas à l'entrée

Maman se mit à hurler, hurler, hurler, et j'ai cru que rien ne pourrais l'arréter. Elle se dirigea à petits pas vers le corps de Papa. Moi je tremblais comme un fou, horriblement. J'avais envie de vomir, et je n'osais pas.
Maman arriva près du corps de Papa, et elle se pencha vers l'intérieur de la cabane. Quand elle ressortit, elle tenait la hache à fendre le bois. Ses yeux étaient noirs de rage, de colère...

" Maman, non!
- Tais toi. " Elle fut en quelques pas près de l'angle de la maison, et regarda autour. Puis elle se retourna vers moi : " Quoi qu'il arrive, tu dois tout raconter.
- ... "
Elle m'embrassa sur le front, puis tourna à l'angle de la maison. J'entendis la lame de la hache fendre l'air une fois, puis les pas de ma mère reprirent. Elle marchait vers l'avant, vers la porte d'entrée.

...

Je ne sais pas du tout ce qui s'est passé. Tout ce que je sais c'est qu'un seul lutin est venu voir depuis qu'elle est partie. Je me suis levé, ai commencé à me diriger vers lui, pour l'écraser, pour me venger, parce que c'étaient mes parents...
Lui a regardé avec tant d'insistance derrière moi que je me suis retourné aussi.
Ils étaient des centaines, immobiles, à me regarder, debout sur la pelouse. Leurs petits yeux noirs me fixaient, comme pour me montrer la futilité de ce que j'avais l'intention de faire... Des centaines... des milliers de lutins...

...

Tout le monde me prétend que c'est faux, que c'est une histoire que j'ai créée afin de me rassurer. Tout le monde semble s'attendre à ce que j'avoue... Tout le monde me demande ou j'ai caché le corps de ma mère...
Mais moi je sais que c'est la que tout à commencé, sous le pissenlit au fond du jardin. Et ils ne comprennent pas pourquoi je préfère rester dans ma cellule, que je refuse les sorties, que je bouche la fenètre ou s'encadre au loin des arbres faméliques....