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Les voies de la sagesse III : souvenirs
Par Osgaroth le 30/10/2001 à 0:26:00 (#357959)
Deuxième partie : une si belle matinée...
Le paladin jeta un coup dil en direction de son page, celui-ci posa doucement son coutelas sur la table et marcha jusquà la porte. Il avait trouvé son maître songeur au moment où il était entré, maintenant il le trouvait inquiet. Ses doigts sécartèrent pour venir se refermer sur la poignée. Dun coup sec, il ouvrit. Lhomme qui se trouvait devant lui, il aurait eu du mal à le décrire si on le lui avait demandé. Il ressemblait à un mendiant, un vieux manteau sombre et usé sur les épaules, le capuchon recouvrant son crâne, un grand bâton de bois dont il se servait comme dune canne. Et pourtant, il ne laurait jamais décrit comme un mendiant. Sa barbe blanche était bien taillée, et il dégageait une espèce daura indescriptible, un charisme incroyable, son regard perçait celui du jeune page, il avait limpression quil lisait dans son esprit. Le page sécarta sans rien dire, laissant le vieil homme entrer, et il referma la porte derrière lui. Celui-ci prit une chaise et sassit en face du paladin. Le page retourna à ses lièvres les observant. Ils ne prononçaient pas un mot, ni lun ni lautre. Ils se contentaient de se regarder les yeux dans les yeux. Combien de temps restèrent-ils ainsi, le page était incapable de le dire, tant cela lui avait semblé une éternité, trente secondes, cinq minutes ou bien une heure. Toujours est-il que ce fut lui qui brisa le silence. Un geste maladroit et le coutelas glissa, il en résulta une légère entaille dans lindex et un grand cri. Les deux hommes tournèrent soudain la tête. Le vieil homme se leva doucement, il sapprocha de lenfant et examina la blessure. Le page sattendait à ce quil incante un puissant sort de guérison et à ce que la blessure se referme instantanément, comme son maître lavait déjà fait dans un cas similaire. Ils semblaient se connaître tous deux, et le vieil homme paraissaient plus impressionnant encore que son maître. Cependant il nen fit rien, il se contenta dessuyer la gouttelette de sang qui se formait avec son doigt. Puis il retourna sasseoir. La il fit enfin entendre le son de sa voix.
- Il est temps, mon frère.
Le paladin ferma les yeux, il savait pourquoi il était venu. Il comprenait le sens de cette simple phrase. Elle signifiait tant, cela faisait si longtemps quil attendait de voir cet homme entrer, dentendre cette phrase. Plus de vingt ans maintenant quil avait quitté lordre, quon lavait banni, exilé. Il avait attendu vainement cet instant pendant près de cinq ans avant de perdre espoir et de se construire une nouvelle vie. Et maintenant, il était terrorisé, il se sentait incapable de revenir, daffronter leurs regards à tous, de devoir leur prouver quoi que ce soit. Il avait été un paladin modèle pendant des années, la fierté de son maître, un bon rédempteur, respecté par ses frères, admiré par les autres. Puis sa puissance augmentant, il avait perdu le sens des paroles de Dalai, il avait perdu une à une les valeurs qui avaient fait de lui un rédempteur, lhumilité dabord, la tolérance et le pardon ensuite, lamour enfin. Pendant longtemps il avait considéré que sa vie avait basculé brusquement le jour où il était entré dans cette taverne. Maintenant, avec le recul, il se rendait compte que lévolution avait été lente et progressive, ou régressive plutôt. Jusquà lapothéose, le sommet de sa vanité, dans cette taverne. Lhomme était là, assis par terre dans un coin, un mendiant, un de plus, il avait demandé quelques pièces. Son frère avait porté la main à sa bourse. Il lavait empêché de donner et sétait moqué du mendiant. Celui-ci était pauvre, probablement pas très intelligent, mais digne et fier. Il sétait jeté sur le paladin avec violence, une bouteille cassée à la main, la peur avait envahi le paladin et le mendiant sétait arrêté à quelques mètres de lui, transpercé de part en part. Le paladin avait retiré lépée et l avait nettoyé silencieusement avant de la ranger dans son fourreau. Il navait pas compris la gravité de son geste sur le coup.
Ce nest que deux heures après, en face de lhomme qui lui faisait à nouveau face aujourdhui quil comprit. Le maître de lordre lui avait demandé des explications sur ce qui sétait passé, il avait répondu navoir fait que se défendre, le fléau dIthar sétait abattu pour protéger un membre de lordre, lui-même en loccurrence. Le vieil homme le regarda droit dans les yeux et lui rappela qui était Ithar : le fils de Dalai, le frère de Solweig, le fondateur de la branche des paladins rédempteurs, le premier seigneur licorne. Son geste avait été tout sauf celui dun paladin rédempteur. Ses mots furent durs, il ne faisait plus partie de lordre, et lordre nétait plus en mesure de laider, il lui faudrait partir, retrouver par lui-même le sens des vertus quon lui avait enseignés, et alors peut-être un jour serait-il réintégré. Cela avait été un choc terrible. Il avait cherché les amis quils avaient parmi ses frères et surs avant de se rendre compte quils les avaient tous perdus un à un. Il sétait alors mis en route pour lest, un baluchon sur lépaule. Les périodes de désespoir sétaient enchaînées les unes aux autres, une grève de la faim et deux minables tentatives de suicide avaient parsemé sa route les trois premières années, avant de comprendre enfin que sil avait eu le courage de tuer un pauvre homme, il navait pas celui de se laisser mourir. Un faible, voilà ce quil pensait de lui le jour où il avait croisé ce druide par hasard, aux prises avec des braconniers. Ils étaient quatre, non cinq, armés et dangereux. Le druide était jeune et blessé, le paladin sétait approché lentement. Il avait fait face aux assaillants, son regard froid et perçant avait suffit à les mettre en déroute. Il sétait occupé du druide, lavait ramené jusquà son village. Là, le chef avait voulu le remercier. Ce fut la seule et unique personne à qui il expliqua les raisons de son exil. Celui-ci lui confia la maison et lui accorda un droit de chasse dans la forêt, sous certaines réserves. Le paladin navait nulle part où aller, il avait accepté cette proposition. Soudain il réalisa quel jour cétait. 21 ans.
21 ans jour pour jour. 21 ans quil avait été exilé. 21 ans, 7 cycles de 3 ans. 21 ans, lâge auquel le disciple devient paladin. Il se rendait enfin compte de ce quil sétait passé, il avait réalisé pour la seconde fois son parcours initiatique. Les 3 premières années, la genèse, un cycle fondamental et en même temps solitaire : il avait erré seul à la recherche de, il ne savait même pas de quoi. Le second cycle, la découverte, celui où lon commence à entendre les paroles des sages, où lon fait un choix de vie que lon garde à jamais : il sétait installé dans la forêt, il avait suivi les conseils du jeune druide quil avait secouru. Le troisième cycle, linitiation, le cycle où lon apprend les notions fondamentales de la rédemption, le cycle où lon apprend à servir, le cycle de Dalai comme il aimait à lappeler, le plus important peut-être : cest à cette époque de son exil quil avait décidé de prendre des apprentis, et ce nétait pas un hasard sil avait décidé de les prendre de six à neuf ans. Le quatrième cycle, le premier apprentissage, celui où lon apprend les rudiments du combat et de la magie, où lon commence à développer ses qualités physiques et psychiques : il avait repris lentraînement, recommencé à chasser à larme au lieu de poser des collets, il avait retrouvé la forme qui était la sienne avant. Le cinquième cycle, un cycle de transition, le retour aux sources, celui où lon doit revenir sur ses croyances, ne pas laisser sa puissance récemment acquise pervertir ses idéaux, celui où il avait probablement failli la première fois : la seconde fut probablement la période de méditation la plus productive de sa vie entière, il lavait passé en grande partie dans la forêt, seul à méditer sur le sens des paroles de Dalai, à méditer sur le sens de sa vie, à réapprendre la patience et toutes les valeurs quil avait perdues. Le sixième cycle, le second apprentissage, celui où lon devient véritablement puissant, où lon apprend à défendre lordre, à protéger ses frères : il avait appris de nouvelles techniques de combat au corps à corps, avait perfectionné sa connaissance des armes, et progressé en magie. Le septième et dernier cycle, léveil, le cycle qui clôturait la formation dun paladin rédempteur, celui où le corps et lesprit ne faisaient plus quun : il venait de lachever, il était à nouveau un paladin de Dalai. Doucement il rouvrit les yeux. Ceux-ci pétillait dune lumière étincelante.
- Il me reste quelque chose à régler ici avant.
Le vieil homme jeta un coup dil à lenfant.
- Il pourra taccompagner.
- Je lemmènerai de toute façon, mais cest dautre chose dont il sagit.
- Bien, prends ton temps, et reviens quand tu auras lesprit apaisé. Tu sais où me trouver. Puissent les paroles de Dalai guider tes pas, mon frère.
- Puissent la paix et lamour éclairer ta voie, mon frère.
Le vieil homme se leva doucement, on entendit ses genoux craquer. Il se dirigea vers la porte, louvrit et sortit. Le paladin regarda son page et lui demanda lair souriant où en était le repas. Lenfant avait suivi le face à face entre les deux hommes et avait complètement oublié les lièvres. Il se remit au travail, tout honteux. Le paladin vint laider et lui dit quils rendraient visite aux druides cet après-midi.
Par MortifeR le 30/10/2001 à 23:01:00 (#357960)
Mais ça finit bien, c'est l'essentiel :D
Par Osgaroth le 30/10/2001 à 23:31:00 (#357961)
Par MortifeR le 30/10/2001 à 23:33:00 (#357962)
Par -Gaîa d'Halmor- le 31/10/2001 à 0:37:00 (#357963)
* sourit , emerveillee de ses talents de narrateur*
Par DJBaby le 31/10/2001 à 7:41:00 (#357964)
Par LanaWest le 31/10/2001 à 11:51:00 (#357965)
Par entropie poisOD le 31/10/2001 à 15:40:00 (#357966)
de qui tu parle Korg?? hein , de qui :))
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