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Aube pourpre.
Par Eoadrielle le 14/1/2003 à 2:55:25 (#3015755)
Les vents d'Omishan apportaient de leur périple océanique une brise froide et essoufflée. Osteth connaissait ses premières heures de lumière, mais la température peinait à regagner la chaleur qu'une nuit de pluies lourdes avait enterrée. En contraste des rythmes réguliers et percutants des marteaux sur les enclumes, les chants hésitants et sporadiques des oiseaux célébraient le retour du soleil, acclamations mélodieuses qui rappelaient à l'esprit d'Eoa, fille des Khans, les soirs de fêtes passés à danser aux sons des tambours tumeroks et des flûtes lugiennes, le retour de ceux qui étaient hier des explorateurs, l'arrivée de ceux qui aujourd'hui étaient des colons, les premiers colons des peuples enfouies sous les terres de Dereth.
Curieusement, en y songeant, celle qui rêvait de devenir l'ambassadrice des Khans ne pouvait s'empêcher d'établir un parallèle ironique entre le fait que dix générations des siens aient passé leur vie caché dans les entrailles d'Osteth et que maintenant libérées de la crainte de disparaître, elles ne trouvent de preuves des Âges ancestraux que dans des vestiges muets; les vrais secrets et les vérités sur l'Histoire demeurant engloutis sous le relief sauvagement dessiné de Dereth. Comme si pour comprendre l'Origine, il fallait redécouvrir son point de départ.
Même si en observant les germes des conflits politiques en devenir, elle devinait déjà le risque inquiétant de la proximité d'un nouvel Âge des Rois, la vassale qu'elle était, assujettie au terrible Monarque Gengis, bien qu'espérant un nouvel Âge d'Or savait pertinemment que tout ce qu'elle vivait et vivrait serait absolument unique. Alors, fallait-il chercher à prévoir le futur en examinant les traces d'un passé qui, plus on le connaissait, apportait la certitude qu'il n'aurait jamais cru au présent actuel ?
Se résigner à penser que les choses suivraient leur chemin, quoi qu'il arrive, était-ce en cela qu'elle devait croire ? Cette pesante fatalité qui semblait s'être abattue jadis, et qui planait sur le récit que l'on pouvait faire de l'histoire humaine, céleste tyran indifférent du sort des êtres ?
De la cité de Palisade à la Cathédrale d'Ithaenc, partout où l'on avait retrouvé les signes à demi-effacés des civilisations, à mesure que les foules s'activaient à redonner à Dereth un visage de vie, les lames des armes ruisselaient d'un autre sang que celui des Drudges et des Gurogs. Liqueur vive, nectar sombre abreuvant les haines les plus futiles, l'appropriation impitoyable des espaces d'intérêts donnait naissance à des luttes aussi absurdes que mortelles. Cependant, de cet élan de liberté féroce et de renaissance anarchique, une seule loi semblait régner sur les consciences : celle de la Puissance.
C'est ainsi que pour Eoadrielle les pensées sur les conditions de fragilité du Destin des Peuples incrustaient de leur inchassable présence les teintes voluptueuses que déployait l'aube pourpre.
Par Serafel le 14/1/2003 à 23:16:56 (#3023107)
qu'il est triste de voir a quel point ce barbare de l'ombre a encorcele des esprits si beaux
*pleure a la memoire des pauvres individus tombes dans l'ombre*
Par Kenavo le 17/1/2003 à 7:36:59 (#3039530)
MAis où est l'Harmonie perdue des l'Age d'Or ??
Alf
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