La preuve qu'un barde peut-être très fort

Par Enthy | Cian le 29/11/2002 à 20:27:11 (#2674974)

Le barde se pencha un peu plus, repoussant les branches du fourré. Ainsi, il était là La proie quil poursuivait depuis des jours. Elle se reposait là, insolente, sur la neige. Dun revers de sa main bandée pour éviter les engelures, Cianech essuya la neige et la glace sagglomérant au bout des ses moustaches. Il renifla prudemment, puis recula discrètement, laissant celui quil cherchait à sa place.

Avec précaution, faisant en sorte que la neige ne craque pas sous ses pas, il se retira. Le vent soufflait doucement sur les terres glacées, mais la tempête était loin. Dans le ciel azuré était accroché un diamant étincelant, agressif pour les yeux comme létait le froid pour la moindre partie de peau découverte. Il caressa à nouveau sa barbe broussailleuse, réajusta son lourd pourpoint, et les bandelettes tenant au chaud ses jambes et bras. Il rejoignit lendroit où il avait déposé ses instruments, un luth abîmé par moult tribulations, un tambour dont la peau tendue était devenue, sous lusage répété, si fine quon y voyait à travers, et une flûte que la glace avait pénétrée, bouchant les trous.

Il maugréa, cracha par rage. Son expectoration devint glace avant quelle natteigne le sol. Depuis combien de temps est-il à sa poursuite ? Trop longtemps, se dit-il. Trop dépreuves, il avait endurées. Les blizzards, avec la neige tourbillonnante, le transformant en une gangue, une véritable statue glacée. Les Vikings sauvages chassant sur leurs terres. Des monstres plus affreux les uns que les autres, aux gueules béantes, translucides, ou gigantesques comme ce géant dont il avait heurté le pied. Et lenvironnement hostile, les crevasses recouvertes par une fine couche enneigée Mais ça en valait la peine, se dit Cianech. Sa proie était là, la patience payait

Il sempara de son arme, caressa le bois rugueux, mais lui rappelant la chaleur de sa Terre Natale, puis le fer solide, finement travaillé par des artisans légendaire Il la regarda. Elle serait son meilleur atout dans le combat qui allait se dérouler. Il prit son petit bouclier et fit une dernière prière aux Esprits de la Nature, afin quils lui apportent soutien et aide en cette épreuve. Puis, silencieusement, il se déplaça vers la proie. Il fallait la surprendre. Ne pas lui laisser le temps de réagir. Il sapprocha avec bien des précautions, puis

« Torrrnnnnnn ! »

Son cri de guerre résonna, troublant le silence de la Forêt glacée. En chargeant, il consacra dans sa voix la puissance prodiguée par le Savoir Bardique. La proie tressaillit violemment, surprise, par cette attaque soudaine. Se faisant, elle envoya une giclée de neige dans les yeux du barde, qui marqua un temps dhésitation, aveuglé, avant de reprendre sa course vers lhorrible

Le contact, ça yest. Cianech brandit son arme et donna le premier coup. Un craquement se fit entendre, horrible. Le premier coup avait porté juste, empoissant larme. Mais la riposte ne tarda pas à arriver. Un des membres Cianech ne sut dire lequel, tant le combat paraissait si incertain- vint frapper le barde contre son bouclier. Fort, trop fort. Dans son bras, une douleur diffuse mais paralysante germa. Le barde refusa de céder à la peur et à la panique. Après tout, il était un combattant, entraîné pour tuer, endurer, souffrir De ce combat dépendait sa vie. Il mourrait ou survivrait. Ainsi était faite la vie

Un autre coup cingla le visage du barde, et une dune mince estafilade, commença à couler du sang, rougissant sa barbe. Il riposta violemment par un autre coup. Il fallait se concentrer sur le point faible, la base, le déséquilibrer pour le faire tomber. Puis lachever. Il reconcentra de lénergie dans sa voix, et un second cri partit. Enragé, son adversaire riposta, lui envoyant dun autre de ses membres une masse conséquente de neige, que le barde reçut en plein visage. Aveuglé, le barde recula de quelques pas, puis tomba en arrière. Ainsi il mourrait Mais stupeur ! Son adversaire ne bougea pas, restant là, tressaillant, le fixant

Nayant pas perdu son agilité, renforcée par des années de contemplation des roseaux pliant sous le vent, le barde se releva promptement. Il revint vers son adversaire et porta deux coups très rapides. Nouveau tressaillement violent de lennemi. Nouvelles répliques, Cianech vit un coup mortel venir vers lui. Il concentra son esprit pour lhypnotiser instantanément. Cela neût pas deffet, et, ayant juste le temps de faire un pas de côté, reçut le coup sur lépaule, endolorissant la clavicule. Le barde poussa un cri de douleur, qui ne fit que renforcer sa détermination à vaincre, à détruire lennemi. Il se décida de lancer dans une attaque décisive, où il exposerait ses points faibles. Si cela ratait, ladversaire, lui, ne raterait pas

Simultanément, son cri porta vers le haut de lennemi, tandis que le barde se baissait, exposant sa nuque aux coups, et portait successivement trois coups violents, à la base. Puis, il roula dans la neige sur le côté, tandis que dans un craquement, mêlé à divers autres bruits dagonie, son adversaire se pencha en avant puis tomba. Ne le lui laissant aucun répit, Cianech se précipita, et assena plusieurs coups violents, hurlant dans la Langue Ancienne :

« Salachar ! Salachar ! »

Du liquide poisseux éclaboussa les jambes, collant et se glaçant instantanément. La furie se lisait dans les yeux du barde. Plusieurs craquements se firent encore entendre. Puis ce fut fini. La lutte était terminée. Le barde tomba à genoux sur le cadavre, pantelant, essoufflé, mais le regard soulagé. Il leva la tête vers le ciel. Là-haut, les étoiles commençaient à apparaître, ainsi quun filet laiteux. La nuit serait rude. Cianech, ne perdant pas de temps, se releva et marmonna :

« Achasán a thabhairt do dhuine ! »

Que les chiens te bouffent le foie. Il cracha, puis se pencha vers les morceaux brisés de son ennemi. Puis dans la Langue Commune, il éructa un :

« Bordel, je vais enfin avoir du bois pour ce soir et me faire un feu. Cest quon se les gèle dans ce bitseach de pays ! »

Il ramassa les branches et quelques bûches poisseuses de sève, puis rejoignit son abri La vie était vraiment une lutte de tous les instants.

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Traductions :
Torn : équivalent du Pull, chez les maraudeurs.
Salachar : Saleté
Achasán a thabhairt do dhuine : Que les chiens te bouffent le foie...
bitseach : salope
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Vous me cherchez ? Je suis déjà dehors... http://www.smilies.org/basesmilies/mad2.gif

Par Gwerne le 29/11/2002 à 21:02:59 (#2675250)

:lit: :) :)

Par Gannon Darmon le 29/11/2002 à 21:16:37 (#2675348)

/clap
/bow

beau recit !

qu'on se le dise : tous les royaumes ont leur scribes !!

Par Sdol McKeen le 29/11/2002 à 22:29:44 (#2675780)

Bravo !

Par Citamal Chtesoigne le 29/11/2002 à 22:36:13 (#2675827)

Prend la voix d'un troll :

Urk ? Moi pas comprendre ? toi pouvoir expliquer a troll pas intelligent ?

Reprends sa voix de Bô viking

Oui en effet beau récit /clap :-)

Par skavenger le 29/11/2002 à 23:07:13 (#2676044)

sympa :)

en + ca colle bien avec le rp d'un barde de raconter des histoires :)

Par Enthy | Cian le 30/11/2002 à 2:25:29 (#2676970)

:merci: :merci: :merci:

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Cian,
qui up par la même occase.
(bah ouai, un barde, ça a les chevilles gonflées et ça supporte pas que ses posts trainent en bas...)