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Ombre parle du Zephyr Bleuté

Par Tamar Hysteris le 26/11/2002 à 21:13:55 (#2651130)

Tamar tremblait, sa dernière excursion dans les montagnes lointaines de Jarko l'avait affaiblie. Ses grandes ailes blanches poussiéreuses la lançaient à chaque pas. Elle s'effondra sur une pierre saillante, dans une cave obscure seulement éclairée de la luminescence presque évanescente de portails. Pestant contre eux qui l'empêchaient d'avancer, elle se concentra sur ses blessures, pansant et soignant comme elle le pouvait. Le sanctuaire devait bientôt se remplir de murmures pieux. Elle le désirait ardemment.

Plus lointaines encore, ses pensées l'amenaient vers cet arc scintillant, si pâle dans la Nuit, qui représentait la Sombre à ses yeux, la relique du clergé. Elle reprit en main le fin vélin vieilli, symbole d'un temps déchu, image de son ancienne vie. Elle se souvenait les obstacles passés, les murs et les pièges, la longue route qui l'avait mené sur les traces de la Dame Noire, dans les montagnes de Krerr Krag. Elle se remémorait la douce troubadour, fine connaisseuse, qu'elle avait croisé durant son périple et ce don qu'elle lui avait fait du conte du Zephyr Bleuté. Elle le reparcourut, tentant de restaurer les lignes à demi effacées par les intempéries qu'elle avait dû affronter.




En des temps reculés que même les anciens ne se souviennent, régnaient sur le monde les Dieux du Panthéon. Terribles et magnanimes, ils dirigeaient les terres d'une main gantée. En ce monde harmonieux vivaient des êtres supérieurs qui gouvernaient sur les royaumes après le départ des Dragons et avant l'arrivée des humains. D'une taille élancée et fine mais solide à en surprendre, les Elfes avec leur visage délicat inspiraient le calme et la sérénité à tous ceux qui les regardaient. Entre autre sous races étaient les Elfes dorés , dits Hauts Elfes, les Elfes de la Lune, ou Elfes Argentés, ou encore les Elfes Noirs, ou Elfes de la Nuit. Les premiers régissaient les hautes tours d'argent des villes où la magnificence se partageait le luxe avec le fin tracé des lignes vertigineuses des routes. Les seconds préféraient les villages dans les plaines les plus luxuriantes, quiétude et sagesse au détour de la nature. Les derniers vivaient au coeur du noir chemin, adeptes des Ombres et des ténèbres. Ils étaient aussi des Elfes sylvains, dont les bâtiments aux sommets des cimes laissaient perplexe le voyageur inaverti. Ces sous races coexistaient sans guerre ni prétention sur le fief du suivant.

Parmi eux se trouvait une jeune elfe de la Lune. Son visage d'un blanc laiteux teinté de bleu, encadré de cheveux noirs de jais, était l'écrin de magnifiques yeux bleus pailletés d'or. L'ensemble donnait une impression de sérénité, taille élancée et finesse des membres, parfaite formation d'un corps jeune et svelte. Elle était la joie personnifiée, vive comme le torrent au creux d'un vallon, gaie comme l'oiseau au printemps. Jeunesse en mal d'aventure toujours était à l'affût du moindre danger, de la moindre énigme. Ses juvéniles années l'avaient déjà menées sur les traces du mystère de la vie. Cependant, mal lui en prenait, car elle était considérée comme trop jeune pour partir avec ses camarades en expéditions. Elradrielia souvent regrettait de n'être pas plus vieille pour partir avec ses amis, l'arc en bandoulière, le coeur battant à tout rompre par monts et vallées.
Un matin où la Nuit avait déposé sa semence faisant miroiter les étoiles sur la vallée, petites gouttes de rosée légèrement posées sur les feuilles des arbres en fleur, les maisonnées étaient endormies encore après la fête de la veille qui tard le soir s'était étalée. Mais quelle était cette ombre furtive, ce petit bout de silhouette qui se découpait dans les ténèbres opaques du jour pointant son nez? La petite Elradrielia s'en allait, ses cuissardes encore à la main, sa tunique à peine enfilée dans son empressement de quitter ces lieux de calme et de loisir. Sa longue mise en avant se baguenaudait entre les arbres. Elle partait enfin à l'aventure, menant avec elle son fidèle Nedë au pelage blanc comme la neige. L'ivoire de sa robe tranchait sur la verdure environnante, mais son pas agile se posait, soyeux bruissement, sur les graviers. Le chemin tordu masquant enfin le village, elle se permit de souffler au couvert des buissons, le temps d'enfiler sa tenue ocre, les jambières de cuir bouilli lui assurant pour sûr une protection des plus singulières dans son esprit enfantin. Puis, enfin, elle reprit la route, sifflant un air enjoué, heureuse d'aller au devant de son destin, seule à décider de son avenir.

La route se dessinait, sinueuse, entre les majestueux gardiens de la forêt. Le Temps des vénérables Ents était passé, laissant les elfes seuls, face à la sagesse des Dieux. La Nature semblait en attente, chaque recoin mimait le regard des Esprits, chaque souffle de vent murmurait la voie à suivre. Le jour s'écoula comme sablier essentiel, égrenant les heures au cours desquelles la jeune fille pu tour à tour admirer la profondeur d'une vallée, l'étincelant d'un ruisseau qui courait loin derrière les cimes. A plusieurs lieues de là, au détour d'une route cendreuse, la jeune elfe croisa un jeune homme bien étrange. Sa peau était cuivrée aux doux reflets verts et ses yeux noisette s'agrandissaient à mesure qu'elle avançait vers lui d'un pas tranquille. Il fit un geste de recul pour tenter de s'échapper mais elle était plus rapide sur le dos de son cheval. Se repoussant dans les feuillages du buisson bordant l'allée, il s'enfonça au plus profond pour la laisser passer. Il secoua la tête d'un air navré dérangeant l'harmonie de sa chevelure brune semblant regretter d'avoir pu être ainsi épié puis rattrapé. Tebril était leste, agile et adroit à l'arc, sa jeunesse lui faisant office de laisser passer au coeur de la forêt. Chasseur et simple sylvain, sa dextérité respirait la vie au grand air. Il se laissa approcher avec méfiance puis voyant le visage angélique de l'enfant se fit plus doux.
Arrivée à sa hauteur, la jeune elfe se pencha sur sa monture, son visage proche du sien. Un murmure vint tinter à ses oreilles, la langue claqua, le cheval s'immobilisa totalement. Gracieusement, Elradrielia se jeta d'un ample mouvement au bas de sa monture. Les herbes montantes lui léchaient les jambes, et d'un coup d'oeil circulaire, Tebril s'avança après s'être assuré du calme des sous bois. L'heure suivante fut consacré à la connaissance de l'autre,expérience et rêve, amour de la nature, amour de l'aventure. Et la journée passée vit les deux jeunes gens amis.
Il lui proposa de s'arrêter un instant pour se restaurer et c'est ensemble qu'ils prirent leur repas bavardant gaiement. Le soir arrivant, l'enfant se mit à frissonner, elle n'avait point entrepris de partir si longtemps mais les jeux que lui proposait Tebril l'avaient convaincue de rester un peu plus longtemps. Mal à l'aise, un peu effrayée par la nuit qui s'annonçait, la petite regardait son compagnon d'un air triste. Le comprenant parfaitement Tebril se proposa pour veiller à son sommeil sans tarder.

Dans la Nuit un murmure se fit entendre doucement, les roulements de cette voix enchanteresse entourant peu à peu le jeune elfe se firent présence puis insistance et finalement protection. Cette voix murmurait une antique prophétie qui, dans l'esprit du jeune homme, devint rêve éveillé.

L'enfant au creux de l'arbre entourée
De son souffle mutin, de son rire scintillant
Sera la fille des vents, Zéphyr grondant
Dans le petit matin à la rosée bleutée

Fille éternelle de son père sacrifiée
Calmera le tonnerre du paternel disparu
Devant la rage du vieillard combattu
Par sa mort bouclera le cycle entamé

Veille à son sommeil, protège sa vie
Précieuse est l'enfant qui, endormie
Dans son sein recueille la rosée du matin
Innocente qu'elle est encore de son destin

Guide ses jeunes pas jusqu'à l'hypothétique Nuit
Par delà les milles morts bravées et déjouées
Au delà des monts sanglants et des vallons criblés
Là où dorénavant le jour plus jamais ne luit


Le jeune elfe se réveilla en sursaut se frottant les yeux encore ensommeillés et pestant contre la fatigue qui l'avait achevé. Il se remémora alors la nuit précédente et cette voix si douce qui chantait encore à son oreille les rimes de la prophétie. Se pouvait il que l'enfant à ses côtés soit l'enfant de la prophétie ? Il décida de partir sur le champs demander aux anciens de son village conseils et recommandations. Il prit le parti de ne pas en informer la jeunette et le matin arrivant, il lui proposa de lui présenter le village de son enfance.

Par Maverick Jah le 27/11/2002 à 7:00:56 (#2653616)

Assis près de la fontaine de Havreclair, il repensait, souvent, à toutes ces choses du passé.
Que serait il advenu si elle ne l'avait pas frappé de cet artefact ?
Aurait il pu, malgré leur amour, ne pas ceder aux ténébres qui l'entouraient ?
Rare sont ceux qui à cette époque connaissaient cette bénédiction divine, peut etre aucun, il ne pouvait plus faillir.
Relevant la tete, il l'a vit arriver, lui sourit tendrement, et quand elle posa sa main en appui sur son torse pour l'embrasser, ils croisèrent un regard complice et profond, jamais ils n'oublieraient ce moment passé

Par Elgo--- le 28/11/2002 à 14:15:19 (#2663838)

Les reliques et autres artefacts, j'aurais aimé en contempler ne serait-ce qu'un seul... Ces vestiges de temps anciens garderont bien des mystères. Dans un sens, c'est peut-être mieux.
Ne rien dire, ne rien voir mais croire ou savoir, connaître ou paraître, destinée étrange...


Elgofin repartait alors dans ses questions et autres délires irrationnels dont les solutions n'étaient pas de ce monde.

Par Tamar Hysteris le 2/12/2002 à 13:16:36 (#2692444)

Fatiguée de ses combats, exténuée de son entrainement, Tamar prit son vieil sac de cuir craquelé et en sortit un parchemin si vieux qu'il semblait s'effriter. Elle tenta alors, à la lueur d'une torche, le retranscrire, pour sauver la légende du Zephyr Bleuté, tel qu'il lui fut conté par une troubadour de passage, dans les montagnes de Krerr Krag.


Les compagnons se mirent en route, et chemin faisant, sentretenaient des souvenirs de leur enfance mêlant joie et peine, souvenirs lourds à porter et petits secrets à garder. Ils conversaient activement lorsque le village fut enfin en vue. Des liens forts se tissaient entre eux, Tebril gardant toujours en mémoire la prophétie que la voix lui avait murmuré dans son sommeil. Ils prirent le chemin de traverse pour atteindre le village sans être vu de l extérieur et cest dans un silence complet quils arrivèrent au pied des premières maisons.
Tebril mena directement la fillette dans la maison du chef de village et expliquant rapidement de quoi il en retournait il la laissa aux bons soins de sa mère pour aller voir le vénérable pour lui conter la prophétie et cette voix si douce qui enchanta ses oreilles une nuit durant, une nuit calme où tout sarrêta le temps de pleurer la future mort de lenfant. Le vénérable écouta tranquillement les demandes du jeune homme puis lorsquil finit sa dernière phrase, il se leva et alla vers une bibliothèque au fond de la salle, dans lombre. Les livres semblant venir dun autre temps, mordus de poussières et les reliures fanées. Le vénérable posa un doigt sur le premier livre puis passant lentement ce doigt sur les couvertures, lair absorbé et attentif, il en prit un et louvrit devant lui. Puis feuilletant, il se mit à lire la prophétie, le visage illuminé dune lueur victorieuse. Dune voix doucereuse, il se mit à énumérer des noms de lieux et de temps oubliés :

- Lenfant est la fille de Zéphyr, le souffleur de vent, qui vit par delà les plaines et les vallées dans un lieu fermé de tous. Il a perdu sa fille durant une bataille contre Wicuk le nécromancien. Elle na pas de nom dans la légende mais tous saccordent à parler delle comme dune enfant délicieuse et douce. Il est possible que les Dieux taient choisis pour être le dépositaire de cette légende, menant cette enfant à Zéphyr son père.
Mon fils, sois prudent, cette légende semble imprégnée dune force qui est hors de mes protection. Je ne pourrais, par magie, te retrouver ou taider. A partir du moment où tu seras hors de ces murs, tu seras seul face à ton destin, qui semble lié à celui de cette enfant.

Le vénérable leur fît les dernières recommandations, puis, dune main tendue lextrême face à eux, dune voix sourde, retenue et rauque, se mit à incanter. Des volutes de fumées les entourant, sortit la main du vénérable leur exposant au creux de celle ci deux petits colliers au pendentif daigue-marine, symbole de leur position, marque de leur mission au dessus des guerres et des liaisons inter-clans. Les jeunes elfes prirent les colliers et les mirent à leur cou, encore troublés par leur nouvelle condition, et partirent, un dernier regard vers ce quils ne verront plus, ou tout du moins, plus du même il.

Sur les routes poussiéreuses, sur les chemins de traverses et les sentiers dans les forêts traversées, ils devinrent amis, au gré de leur pérégrinations, au vent qui murmurait encore, balbutiant souffle tel un effleurement, renforçant cette impressions de déjà vu, ce sentiment que tout était à faire sans pourtant avoir à prouver leur nouveauté. Ils passèrent leurs nuits dans des campements de fortune, se réchauffant dun feu et des couvertures quils avaient emportées avec eux. Au matin de la troisième lunaisons après leur départ du village de Tebril, ils arrivèrent à un carrefour menant au Sud vers les mers chaudes, à lEst vers la forêt des enchanteurs et, venant du Nord, à lOuest vers le monts des Krerr Karg, réputés pour leur cimes escarpés et labsence quil y avait de routes praticables.

Les monts des Krerr Karg. De puissantes montagnes sélevant vers la voûte céleste brandissant leurs cimes découpées et agressives en signe de défi. Les dernières routes praticables pour les escalader et les passer se finissaient dans des crevasses profondes et terrifiantes. Tebril et Elradrielia, sétant concertés, décidèrent de laisser chevaux et équipement inutile dans le dernier village avant les monts maudits. Dans ce village, ils durent confier Nedë au maréchal ferrant, prenant guide et provisions pour la route. Puis, laventure engagée, ils partirent tous trois vers ces raides falaises qui souvraient devant eux. La jeune elfe trépignait, heureuse quelle était dêtre le centre dune telle expédition, bonheur de découvrir le monde, sans prendre garde au danger que pouvait représenter ces montagnes menaçantes. Les jours passèrent, les nuits froides défilant sans cesse, et laventure perdit de son charme en fonction de la difficulté croissante de tenir leur rythme à mesure que leur percée se précisait. Ils atteignirent la dernière cime le soir de la sixième lunaison depuis leur départ et ce fut avec soulagement quils virent une vallée verdoyante sétaler devant leurs yeux ébahis. Les monts des Krerr Karg leur laissaient un arrière goût amer dans la bouche, impression doppression et de sécheresse, mélange de chemins rugueux et de façades infranchissables qui les obligeaient à détourner leur approche de la montagne sans pour autant oublier leur but : traverser vivants les pièges quelles leur déposait gracieusement devant eux. Les nuits sétaient faites froides et cinglantes, les jours aussi troubles et incertains quune campagne militaire, les créatures des monts maudits aussi accueillant quun troll affamé. Tebril appris vite à manier sa rapière pour défendre la jeune promise, elle même ayant elle aussi appris à se défendre à laide de son arc quelle portait en bandoulière. Mais les dangers que recelait les montagnes nétaient rien par rapport à ce qui les attendaient au cours de leur voyage. Le guide les laissa sur la dernière cime, létendue verte de la vallée à leur pied en dessous.

La vallée de Tierias était connue au travers du royaume pour son mortel parterre de fleurs vénéneuses, par terre en accord avec le dragon qui vivait. Les jeunes elfes avaient peur. Entrer dans une telle souricière ? Mieux valait contourner ou même abandonner ! Tebril suppliait, la peur au ventre, quils trouvent un autre chemin. Mais la jeune Elradrielia, inconsciente du danger planant, épée de Damoclès au dessus de la tête, continuait tout droit. Les jours passèrent, le jeune homme, ébahi de ne voir que fleurs en sommeil et pas de trace du dragon, avançait avec précaution. La jeune insouciante murmurait chaque soir une prière aux Dieux, fervente quelle était et persuadée de son utilité. Selene posa un regard délicat sur lenfant, elfe de la Lune, de son manteau nocturne. Elle savait la petite fidèle et profonde dans sa Foi, ce qui lui donna lidée dêtre sa protection, sa cape de dissimulation, son Ombre parmi les ombres. Il faut dire que les Dieux connaissent le destin des hommes, et Selene, celui des jeunes nécessiteux. Elle la prenait son sa protection, émue quelle était du destin de cette petite. Le dragon jamais ne se réveilla, les fleurs sépanouissaient délicatement, leur parfum mortel atténué par le vent qui soufflait dans leur dos, les protégeant de leur effluve fatal. La vallée de Tierias était vaincue.
La route les mena à un fleuve, puis un lac, et finalement lHypothétique Nuit qui se dressait fièrement devant eux. Murs noirs, tours imposantes et sombres, le palais de Zéphyr était entouré de collines douces et érodées. Le vent ne soufflait plus mais lérosion montrait la présence durant des siècles et des millénaires de vents puissants et grondeurs. Ils entrèrent, leurs pas résonnant dans le hall de marbre noir et gris cherchant la moindre trace de ce quils devaient trouver. Ils visitèrent les pièces vétustes, la mort enveloppant tout de son voile trouble, secouant la poussière des siècles passés. Dans une antichambre, se reposant un instant, ils découvrirent une salle camouflée, donnant sur une bibliothèque antique chargée de livres, de grimoires et de parchemins moisis. Au centre de cette salle trônait un pupitre sur lequel reposait depuis léternité un grimoire ancien ouvert sur une page aux runes calligraphiées dans le sang, une enluminure représentant un homme soufflant blessé au cur. Elradrielia réprima un frisson dangoisse. Latmosphère de lendroit lui conférait une peur indéterminée, que ce grimoire amplifiait à mesure quils sen approchaient. Lisant à haute voix, Tebril frémit entendant les déflagrations que le mystique texte réveilla. Un corps éthéré se dressa entre Elradrielia et Tebril, imposante stature dun homme inconnu à leur yeux, homme à la poitrine puissante, aux vêtements dun autre temps, image même de lenluminure. Zéphyr face à eux, incrédule dès le premier regard vers la jeune elfe, commença à parler, sa voix résonnant dans la salle tel un tonnerre dans les montagnes.

- Ma fille, ma tendre enfant, enfin je te retrouve. Viens me rejoindre, les plans éloignés sont doux en cette saison sais tu ? Rejoins moi et aide moi. Que ton sacrifice mène ton père à la victoire, que ta vie soit un souffle, un ouragan qui détourne le mal de sa route, que la voie que je tai enseignée reste celle que tu suis.

Elradrielia, pétrifiée face au choc de cette rencontre, incrédule aux paroles de cet esprit élémentaire qui se prétendait son père et quelle navait jamais vu. Sensuivit une longue conversation où, les brumes se levant, lhorizon dégagé, elle prit conscience de sa réelle existence. Son père lui enseigna la manière de se défendre, ainsi que lultime recours pour vaincre ce nécromancien, son sacrifice et sa réincarnation en un arc de vents, en cet ultime arme, lessence même de la vie condensée et concentrée en une flèche à la pointe acérée. De heures en heures le ton se faisait chuchotement, rafale fraîche que celle ci, puis murmure, délicat brise légère et douce, les forces de Zéphyr se perdant dans cet entretien si important. Finalement, la forme éthérée disparut, laissant place au silence poignant qui recouvrit la pièce dun coup, comme la mer qui entre dans un vallon la marée montante. La jeune fille savait alors ce quelle devait faire, prête à laffrontement, la tête encore fébrile. Leur objectif était le manoir où le nécromancien sétait réfugié voici de centaines dannées après le combat violent qui se résolut par la mort de Zéphyr. Ce dit manoir se situait au creux dune vallée sinistre, encoché dans des rochers certes pas impressionnants mais tout de même assez agressifs. Ils prirent pied dans lentrée, puis, discrètement, investirent une salle où des grimoires traînaient pêle-mêle. Une fumée envahit la salle, laissant à peine au jeune homme le temps de voir son amie disparaître dans la main dun homme ténébreux. Wicuk enserrait la gorge de lenfant qui tremblante gémissait de douleur. Tebril, dun geste agile et rapide, sortit sa rapière et fonça sur le sorcier pour libérer la jeune fille. Essoufflée mais libérée de létreinte morbide, elle se rangea derrière son compagnon pour se concentrer sur les sorts que son père venait de lui rappeler, la magie quelle avait oubliée. Eclair et tonnerre, tempête et ouragan, les éléments se déchaînaient dans la vaste salle, emprisonnant les protagonistes dans une roue infernale. Tebril fut rapidement dépassé par lampleur des forces en présence, encore étonné de ne plus reconnaître la douce et innocente jeune elfe quil avait accompagné jusque là.

Cependant, les forces nétaient pas équilibrées, et Wicuk eut le dessus si vite que Tebril ne sen aperçut point. Mais Elradrielia était prête. Déjà elle se réparait mentalement, revoyant ses amis, sa famille, sa vie quelle avait passé jusque là sans savoir la vérité. Elle murmurait une prière à Selene, sa dernière, et chercha lincantation qui ferait delle lultime arme, lessence de la vie qui allait anéantir ce sorcier. Elle se mit à plasmodier, dune voix ferme et sans faille, égrenant les mots mystiques comme des pétales au vent du matin, fixant le sorcier dans les yeux. Puis un dernier regard à Tebril, un murmure quil comprit comme lacceptation et laveu de son affection, et Elradrielia, dans un hurlement rauque, tomba au sol sans vie. Un grondement se fit entendre au loin, la rumeur samplifiant à mesure que le corps de lenfant disparaissait dans des volutes de fumées, qui elles même se firent vaporeuses, vent vivant, palpable, qui se reforma en arc. Cet arc était bleuté, de la même délicate couleur que la peau de la jeune elfe, presque irréel, inconditionnel, immatériel. Tebril, connaissant son rôle, prit larc en main encore stupéfait de pouvoir poser les mains sur une surface bien solide, et le pointa vers Wicuk dans un élan haineux. Elradrielia venait de se sacrifier pour son père et par son père, se faisant arme pour que sa vie se concentre en un trait mortel tourné vers le sorcier. Le regard exercé, lexpérience le soutenant, Tebril décocha la flèche dans le cur du nécromancien le tuant sur le coup.

Les légendes ne racontent pas ce quil fut advenu de ce Tebril, messager et ami, exécutant dune prophétie qui le dépassait de si loin. Le nécromancien tué, Zéphyr et sa fille réuni enfin, tout était rentré dans lordre de toutes choses. Mais il demeure une impression dinachevé dans ce sacrifice, le Zéphyr Bleuté, du nom que cet arc prit plus tard, restant introuvable. Il est dit dans les grimoires au sein des temples sélénites que cet arc représentait une relique précieuse aux yeux de la Sombre Dame, elle qui avait regardé, soutenu puis pleuré la jeune elfe au doux nom dElradrielia. Il doit certainement encore se trouver dans lHypothétique Nuit, le palais de Zéphyr, réunissant ainsi pour léternité, ou presque, père et fille en harmonie.

Ponctuellement, la relique refait surface, lorsque Selene elle même est menacée, de manière profonde, dans ses préceptes ou sa liberté. Larc alors reste lespace dune vie, celle du porteur, en possession dun fidèle au cur pur, à la Foi éprouvée.

Par Byron 2 Le retour le 2/12/2002 à 13:34:11 (#2692536)

Provient du message de Elgo---
Les reliques et autres artefacts, j'aurais aimé en contempler ne serait-ce qu'un seul... Ces vestiges de temps anciens garderont bien des mystères. Dans un sens, c'est peut-être mieux.
Ne rien dire, ne rien voir mais croire ou savoir, connaître ou paraître, destinée étrange...


Elgofin repartait alors dans ses questions et autres délires irrationnels dont les solutions n'étaient pas de ce monde.

*hurle dans toutes les rues que Welk Eolh est l'heureux possesseur d'un Zephyr des hautes gargouilles naines bleutée cracheur de feu*

Par Tamar Hysteris le 4/12/2002 à 22:43:34 (#2713153)

Tamar relisait calmement les notes prises par la troubadour, regrettant de ne plus avoir ce bel arc entre les mains

[EHLP]

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