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L'île (et autres morceaux de vie)
Par Naala Blast EC le 13/11/2002 Ă 23:35:38 (#2557255)
Elle mit un certain temps à réhabituer ses yeux à une telle clarté, mais les odeurs affluaient, et, la chaleur du soleil aidant, le rose lui revint aux joues ; la même sensation de bien être que la dernière fois monta en elle, illuminant son visage d’un sourire. Elle était restée près de l’entrée, attendant d’être moins éblouie pour se risquer plus avant. Elle savait que l’île était le domaine d’arbres maudits que les présences humaines rendaient hostiles plus encore qu’à l’accoutumée, aussi préférait-elle rester prudente malgré son enthousiasme. Elle ne les craignait pas, mais ne souhaitait pas troubler le calme des lieux, de peur de briser le charme.
Elle entrouvrit enfin les yeux, et son regard se posa naturellement sur la pile de bois oĂą il sÂ’Ă©tait assis, ce soir-lĂ .
Machinalement, elle glissa la main dans les plis de sa robe et effleura du bout des doigts un objet entouré d’un linge délicat. La dague. Elle l’avait gardée, sans vraiment savoir pourquoi. Elle déroula le linge pour l’observer une fois encore. Le tissu avait protégé la lame que le sang séché recouvrait toujours. Tenant fermement le manche finement travaillé, elle fit jouer la lumière du soleil, la reflétant sur les objets environnants, pendant que ses pensées s’évadaient vers cette soirée passée.
Ils avaient longuement parlé, de tout, de rien, d’elle, de lui, d’égal à égal malgré l’admiration et le respect qu’elle avait pour lui. Comme elle avait été flattée de la confiance qu’il lui témoignait, comme elle avait été rassurée, de voir que ses croyances étaient partagées, jamais elle n’aurait su trouver les mots pour exprimer ce qu’elle avait ressenti… Il avait ôté son heaume un instant, lui dévoilant son visage pour la première et sans nul doute la dernière fois. Elle ignorait la raison de ce geste. Lui qui paraissait toujours insensible, derrière son masque au rictus figé, était bel et bien un être humain, comme elle, comme eux tous. Peut être même lui arrivait-il de sourire, caché aux regards des autres, restant digne et impassible en apparence ? Elle avait du mal à le concevoir, même si elle savait que c’était sans doute le cas…
Après son départ, elle était restée là encore un moment, pensive. Elle savait alors déjà qu’elle reviendrait ici, pour prier ou méditer, pour se retrouver avec elle même, puisque les lieux s’y prêtaient et qu’elle ne risquait pas d’y être dérangée. Elle savait également que son attitude serait différente, et la suite lui avait montré qu’elle ne s’était pas trompée. A chaque rencontre, chaque discussion qui avait suivi, elle avait été tendue, tellement la peur de le décevoir était grande. Ses mots étaient retenus, ses phrases brèves et son ton presque militaire, involontairement. Si cette conversation lui avait donné confiance en elle, devant lui elle se sentait enfant plus encore que par le passé, sensation détestable s’il en est… Cela ne serait plus, elle s’en fit alors la promesse.
Inconsciemment, elle avait entaillé légèrement le bout de son index, comme pour sceller ce pacte avec elle-même. La piqûre la sortit de ses rêveries, et elle rougit de honte en voyant le sang perler, jetant un coup d’œil alentour, précaution inutile pour s’assurer que personne n’avait assisté à cette scène grotesque…
– Assez d’enfantillages !
Furieuse après elle-même, elle incanta un sort et disparu vers Son temple, sur l’île maudite…
Par Naala Blast EC le 19/11/2002 Ă 18:38:41 (#2596025)
Histoire de Myriel
Il y a quelques jours une tempête d'une violence inexplicable s'est abattue sur les terres d'Altéas. Jamais de mémoire d'homme les éléments ne s'étaient déchaînés ainsi. Désertant les rues des villes et la campagne, hommes et bêtes se terraient, qui bien au chaud dans sa maison, qui dans son abris de fortune.
A Lighthaven, des enfants, le nez collés à la fenêtre de leur maison, scrutaient le ciel, attendant une accalmie qui leur permettrait de rejoindre leur terrain de jeu préféré : la fontaine.
Windhowl était comme endormie, le vent battant les murs de la ville avec violence. Seules quelques chandelles allumées témoignaient d'une vie toujours présente malgré le mauvais temps. Sur le port, les vagues montaient à l'assaut de la jetée, claquant avec fureur, percutant les bateaux. On dit même qu'une amarre se serait détachée, et le navire, démâté par la tempête serai parti a la dérive, s'encastrant sur les rochers, perdant sa précieuse cargaison.
A Sylversky, tout était calme. Le roy, indifférent aux malheurs de son petit peuple sans abris, dormais du sommeil du juste, n'entendant pas la pluie qui se fracassait sur ses vitres. Même les gardes s'étaient réfugiés dans leur caserne, certain qu'aucun bandit ou assassin ne se risquerait a braver les éléments pour commettre leur forfait.
Les rues de Stone Crest aussi étaient désertes. Seules quelques plumes, accrochées aux branches des arbres et malmenées par les vents, démontraient le départ précipité des séraphins qui jusque la restaient devant le temple dans l'attente d'évènements improbables.
Partout des veillées s'étaient mises en place. Bardes et conteurs réunissaient autour d'eux petits et grands et leur chantaient les légendes des héros de l'ancien temps, les amours impossibles ou les joies simples de la vie.
Au cercle des druides, la vie aussi s'était ralentie. Les pierres ancestrales, battues par les vents et la pluie, se dressaient, fières, attendant le soleil qui ramenerait avec lui les druides.
Devant le déchaînement des éléments, une inquiétude étreignait parfois les cœurs : la peur que les amis partis en voyage ne se perdent dans la tourmente et ne disparaissent a jamais.
Chacun s'était réfugié chez soi, qui priant pour le retour de cieux plus cléments, qui implorant ses dieux de protéger ses proches. Et le soleil revint, une percée dans les nuages se fit, un coin de ciel bleu apparu, et l'on revit dans les rues, les enfants criant et chantant, jouant a sauter dans les flaques d'eau, sans s'inquiéter le moins du monde des cris de leurs mères.
La Nature avait prouvé sa puissance et redevenait clémente pour les hommes.
Agenouillée devant l’autel, vêtue d’une longue robe noire, les yeux perdus dans le vide, fixant au delà de la pierre, au delà de ces lieux, elle se souvient. Elle est venue là pour prier, comme si souvent, et une fois encore elle s’est attardée un peu plus, pour réfléchir. Vargus veille à ce que le sanctuaire ne soit pas troublé par des profanes en manque de provocation, elle a l’esprit libre de tout devoir.
Elle sÂ’interroge depuis trop longtempsÂ…
Elle se souvient de ce qu’elle a vu, elle se souvient de ce qui est arrivé maintes fois sur la contrée d’Althéa, elle se souvient des tempêtes, des orages, des pluies diluviennes auxquelles succède invariablement le soleil. Elle pense à la Nature, à ses colères et à ses manifestations…
La Nature est d’humeur bien changeante... Elle apporte vie ou mort sans soucis de notion de bien et de mal, aveugle aux désirs des hommes, elle change l’aspect du monde en un instant si le cœur lui en dit, elle bouleverse chaque chose, chaque être, au hasard. Elle crée ou anéantit, elle ravage en quelques secondes ce qu’elle a mit des années à bâtir, apporte joie ou détresse, bien-être ou souffrance, sans suivre de dessein compréhensible. Un orage de grêle détruit les récoltes et apporte la misère quand un temps plus clément aurait apporté la prospérité au petit peuple… Un rayon de soleil fait sourire l’enfant, quand le tonnerre et la foudre le terrorisent…
La Nature, grande maîtresse du renouvellement perpétuel, du changement, de la Vie et de la Mort…
Les Esprits de la Nature, des Suivants du Très Haut… Qui sait ?
Cette pensée la fit sourire.
Il faudra que je lui en parle, lui saura.
Délire ou vérité ? A trop chercher les réponses, elle avait peur de s’enfoncer dans l’erreur.
Il Ă©tait temps de savoir enfinÂ…
Elle adressa une dernière prière, jurant une fois encore sa fidélité, puis se leva, échangea quelques mots avec Vargus, le chargeant de transmettre un message, puis quitta le Temple.
Par Naala Blast EC le 26/11/2002 Ă 19:47:36 (#2650534)
Colère, haine, douleur… les sentiments, le Chaos. Mais la folie. La folie…
Faisant les cent pas à travers le temple, enrageant, elle était de nouveau la proie de l’une de ces violentes colères, si soudaines, si imprévisibles. Elle y était sujette, depuis quelques temps, de plus en plus souvent. Mille questions la tracassaient, d’importance pour certaines, des petits riens pour la plupart, et ces interrogations la rendaient plus que lunatique. Elle s’emportait pour une broutille, elle si posée d’habitude, elle blessait les gens qui l’aimaient, laissant ses paroles dépasser ses pensées, elle prenait plaisir à recourir à la violence, elle qui lui préférait d’autres méthodes à l’accoutumée. Non, vraiment, elle ne se reconnaissait plus…En ces temps incertains, beaucoup semblaient aussi troublés qu’elle, les combats faisaient rage, les disputes éclataient, touchant même jusqu’à la noblesse et la royauté.
Bien, cÂ’est parfait, tout est parfait ! QuÂ’ils sÂ’entre-tuent !
Elle renversa dÂ’un geste brusque les chandeliers au sol.
Où est le problème, alors ?
FolieÂ…
Elle criait plus qu’elle ne parlait, et les murs nus lui renvoyaient l’écho de sa voix déformée.
FolieÂ…
Pourquoi vouloir les sauver ?
Le Chaos ne pouvait vivre qu’à travers eux, Sa gloire dépendait de leur survie, il fallait les sauver, même au prix d’une alliance qui lui faisait horreur. Elle voulait les sauver, ils devaient être sauvés. Pourtant une partie d’elle aurait voulu les voir morts, chacun d’entre eux, sans exception aucune ; sa haine nourrissait ses rêves. Dans ses visions, plus précises, plus horribles les unes que les autres, dans ses fantasmes délirants de sang, de cris, de corps déchiquetés, elle entendait invariablement ses rires, saccadés, plus bruyants que les hurlements alentour, tandis qu’elle observait leur lente agonie… Les rires grotesques et absurdes d’une folle.
Elle ne supportait plus ces rêves, ils hantaient ses nuits et troublaient sournoisement ses journées, allant à l’encontre de tout ce qu’elle était et de ses convictions profondes. Elle ne supportait plus ce rire, ce ne pouvait être le sien…
Colère, haine, douleur… les sentiments, le Chaos. Mais la folie. La folie...
Non !
Elle la craignait, si imprévisible, si incontrôlable. Elle craignait la folie, pour les même raisons qu’elle craignait la lâcheté. Elle n’était pas lâche, cela ne faisait aucun doute, mais était-elle folle… ?
Par Naala Blast EC le 28/11/2002 Ă 17:37:53 (#2665591)
Elle était au milieu de nulle part, perdue dans ses pensées, suivant depuis des heures un petit sentier qui la menait tantôt dans les sous-bois, tantôt au milieu des champs, bordé d’un ruisseau dont il semblait rechigner à se séparer. Le chant de l’eau avait apaisé son esprit torturé, la solitude était son alliée de toujours. Elle avait quitté le temple en claquant la porte, furieuse sans vraiment savoir pourquoi, elle avait semé ses Frères, prétextant une affaire urgente, courant pour ne pas avoir à s’expliquer, fuyant par là même ce qu’elle ne comprenait pas. Mais sa colère était maintenant passée. Elle avait gardé sa robe, sa course inattendue ne lui avait pas laissé le temps de se changer.
L’homme l’avait prise par surprise, elle ne l’avait pas entendu arriver, et pour être honnête, elle n’était pas sur ses gardes. Qui pouvait bien venir errer par ici, à part elle ?L’avait-il suivie ? Il avait surgi des fourrés bordant le chemin, se jetant sur elle avant qu’elle ait eu le temps de réagir. Le premier coup porté manqua son but, et elle s’en félicitait, car le cadavre à l’heure actuelle dans le fossé aurait très bien pu être le sien, s’il avait porté. Les deux corps empêtrés se débattaient, tentant de démêler quoi était à qui. Il était trop lourd pour elle, trop massif, et malgré ses efforts, elle ne parvenait pas à se dégager. Son arc lui était inutile, à cette distance, le combat était trop rapproché, et ses flèches éparpillées lors de sa chute ne lui étaient d’aucun secours, hors de portée. Dans l’agitation, paniquée, elle cherchait une arme, n’importe laquelle, vite.
L’homme à demi redressé abattit son épée ; elle sentit le métal transpercer sa chair, froid, tellement froid…
Puis il s’effondra de côté, la gorge ensanglantée, le regard empreint de surprise et d’incompréhension. Il n’avait pas vu venir le coup.
Le poing toujours serré autour de la lame, elle dégagea ses jambes écrasées par le poids inerte, puis se redressa à moitié, haletant, tremblant de tous ses membres, les yeux mouillés de larmes et la gorge emplie de salive.
Le tissu soyeux enserrait toujours le manche, mais il était maintenant rouge vif et troué la où le tranchant l’avait percé.
Elle était blessée dans sa chair et, plus douloureux encore, dans son amour propre ; elle sentait monter en elle une rage et une haine qu’elle ne connaissait qu’à travers ses rêves, un ressentiment violent, animal, effrayant.
Elle avait honte de s’être laissée surprendre, honte de n’avoir pas été à la hauteur, honte d’avoir eu peur pour sa vie à cause d’un fils de chien. La mort du profane ne suffisait pas, elle ne la satisfaisait pas, elle en voulait plus, elle lui en voulait plus. Dans un état second, elle s’approcha du corps inanimé, accroupie comme une bête, la dague de sacrifice à la main, et taillada, taillada encore, lacéra le visage, la chair, mutila le cadavre jusqu’à ce qu’il n’en reste rien d’humainement reconnaissable. A chaque coup porté elle retrouvait un peu plus le sourire, grimaçant, certes, mais sourire néanmoins, et les souffrances infligées à son propre corps allaient jusqu’à pimenter son plaisir, comme une once d’amertume pour intensifier sa béatitude.
Elle se redressa, contempla son œuvre, puis dans un dernier accès de rage parvint à faire rouler ce qui restait du corps sans vie dans le fossé boueux. Elle riait, malgré la douleur, couverte de sang, elle riait.
Par Naala Blast EC le 9/12/2002 Ă 16:11:39 (#2744608)
Prison de rĂŞves, murs impalpables,
Une étreinte si chaude, geôle tant espérée,
SÂ’Ă©vader aussitĂ´t pour rouvrir les yeux
Et prendre conscience du froid, du vide dÂ’une vie,
SÂ’Ă©vader aussitĂ´t pour rouvrir les yeux
Et ne pas laisser le cÂśur prendre le pas sur lÂ’espritÂ…
Ne pas se laisser jouer, ne pas se laisser aller,
Mensonges,
Rouvrir les yeux pour ne pas être aveuglée
Rouvrir les yeux et laisser les larmes perler,
Des paupières ne peuvent rien contre la souffrance...
NaĂŻve rĂŞveuse...
Par Orion Ystralia le 9/12/2002 Ă 18:10:09 (#2745659)
Par Naala Blast EC le 10/12/2002 Ă 13:55:17 (#2751629)
Les ombres nous Ă©coutent, aveux Ă demi mots,
Les ombres nous Ă©coutent et se penchent sur nous,
Pour tenter de cueillir un soupir, un Ă©moi ;
Les ombres nous protègent des regards envieux,
Les ombres nous protègent même de nos propres yeux
Pour préserver encore ce qu’il reste de ma Foi ;
Les ombres nous Ă©treignent pour ne faire quÂ’un tout,
Les ombres nous Ă©treignent pour se joindre Ă nous,
Les ombres sont ma vie quand la tienne est Ă©clatÂ…
L’obscurité propice d’ordinaire aux amants,
L’obscurité cache-cache aux atours de galant,
L’obscurité se jouant des sanglots réprimés
N’aura laissé qu’un vide, celui du verbe aimer.
Savoir que les mots ne sont que des mensonges, et vouloir y croire, tellement vouloir y croire malgré tout.
Savoir que l'on nous dit ce que l'on veut entendre, et vouloir y croire, tellement vouloir y croire malgré tout.
Savoir qu'on choisit la mort, peut ĂŞtre pour y croire un juste un instant encore....
Par Naala Blast EC le 16/12/2002 Ă 12:41:28 (#2801785)
Elle a lutté, en vain, elle a essayé quand lui avait abandonné. Des regrets, elle en a. Sa vie elle-même est une trop lourde charge.
Elle l’attend, la Mort, elle la désire.
C’en est trop aujourd’hui, elle n’a plus la force de se battre, elle n’en a plus le goût.
Au temple du Très Haut, les cadavres jonchent déjà le sols, enveloppes vides, les âmes ayant rejoint enfin le Chaos Primordial auquel elles aspiraient tant. Les rejoindra-t-elle ? Elle n’en sait rien, peut être n’en est elle pas digne. Elle a voué sa vie au Chaos, elle espère qu’ils l’attendent, ses Frères, ses Sœurs tant aimés. Elle sait que si la faille qui mène au Chaos Primordial s’ouvre pour elle, elle ne l’y trouvera pas, lui. C’est sa seule consolation. Les souffrances de sa vie ne la suivront pas là bas, au moins ; elle y croit.
Son père est là , il l’accompagne jusqu’aux derniers instants.
Il a toujours été là , seul à ne jamais l’avoir déçu. Elle l’a aidé de toutes ses forces, même lorsque leurs opinions étaient différentes. Elle l’aime. Les mots ne viennent pas, pour lui dire combien elle l’aime, combien elle lui est reconnaissante de ne pas la laisser seule. Seule, elle l’a trop été, seule, son cœur le lui crie à chaque instant, seule. Des larmes, trop cuisantes, la gorge serrée en regardant l’être qu’il est devenu. Mais il vivra lui. Lui et ses semblables sauront continuer ce qu’ils ont commencé ensemble. Un jour, peut être, ils les appelleront au delà des méandres du Chaos, une voix se fera entendre, rappelant leur âmes. Qui sait…
Un monde reconstruit, une vie préservée, la survie du Chaos.
L’atmosphère se fait pesante, Elle est là , Elle arrive. La puanteur qui emplit les lieux ne laisse aucun doute. Elle la sent, qui l’observe.
Pas un mot, pas un bruit.
Elle sourit au démon qui fût son père, effleure la peau rugueuse de son visage, une dernière fois, pour emplir son esprit de lui.
La main retombe, inerte.
Une larme encore, née dans la douleur, glisse lentement le long de sa joue, pour entamer sa chute vers les dalles du Temple.
Une mort sans gloire, une mort de lâche. Pas de combat cette fois, aucune chance de l’emporter. Pas de lutte.
C’est ce qu’elle méritait.
Rédaction fièvreuse
Par Mothra le 16/12/2002 Ă 21:14:58 (#2807238)
Par Ă‚me d'Othon le 16/12/2002 Ă 23:09:03 (#2808409)
Hop coups de pouce vers le haut !
Et puis sans commentaire parce que toujours aussi exquis Naa.
Par Orion Ystralia le 17/12/2002 Ă 21:50:34 (#2817367)
[Les posts des Ogrimariens vont être archivés sur le site d'Ogrimar .
Beaucoup de jd ont une excellente plume, ca sera donc archivé ]
L'amour
Par Naala / Aaria le 27/1/2003 Ă 17:17:40 (#3112285)
Efforts désespérés pour lui être étrangère,
LÂ’Amour fait souffrir et berce dÂ’illusions,
Il réchauffe l’âme, mirage passager,
Puis ne laisse que le néant, lorsqu’il disparaît…
Indissociable de lÂ’Homme,
Comme lÂ’eau de la vie, source de toute chose,
Muse du poète, ennemi du guerrier,
Il fait tourner les tĂŞtes et frissonner les mains,
Transforme un seul sourire en une vie de larmesÂ…
Indissociable de la haine,
Il est son meilleur ami,
Une poitrine qui se serre, le souffle qui se coupe,
Quand en son nom on hurle, on tue ou on saccage,
DĂ©solation ? Non, juste lÂ’essence de tout ĂŞtreÂ…
Aimez, vous rĂŞverez,
Aimez, vous haĂŻrez,
Aimez, vous souffrirez,
Aimez, vous Le servirezÂ…
Juste une histoire
Par Naala / Aaria le 27/1/2003 Ă 17:19:19 (#3112308)
A l’orée de la forêt, les gouttelettes s’accumulaient mollement sur les feuilles des arbres pour finalement piquer vers elle, fortes de leur union, et se répandre dans les broussailles. Impatiente qu’elle était, elle avait préféré couper par les bois, délaissant le chemin et ses nombreux détours, évitant de la sorte les nombreux marchands revenant de leur commerce avec le village voisin. Et depuis que l’averse avait commencé, elle se félicitait plus encore de ce choix. La monotonie de sa course avait été égayée par le grondement de la pluie dans le sous-bois, où la simple averse prenait des allures de tempête, excitant ses sens.
A la sortie du bois, on pouvait apercevoir les remparts qui entouraient la petite ville, et malgré le mauvais temps, elle ne manqua pas de deviner leurs silhouettes massives. Les anciens avaient bâti ces murailles pour se protéger d’un ennemi aujourd’hui oublié, mais, de générations en générations, elles avaient été conservées et entretenues, en mémoire du passé peut être, ou pour se préserver d’assaillants potentiels, personne ne savait plus très bien.
Restez terrés jusqu’à la fin de vos jours et vous passerez à côté de votre vie…
De l’endroit où elle se trouvait, elle entendait déjà les mères de tous âges rappelant à l’abri leurs progénitures, et elle pouvait sans peine imaginer leurs maris, se dirigeant vers la petite taverne, leurs maigres bourses en poche, impatients de boire ce qui aurait pu nourrir leurs familles.
Le soir tombait.
A cette heure, entre chien et loup, on distinguait sans vraiment voir, aussi se risqua-t-elle à reprendre le chemin et à passer par le pont, entrée principale de la ville. Elle ne pût retenir une moue de dépit lorsqu’elle réalisa que les portes étaient désertes, la pluie ayant chassé les gardes peu scrupuleux de leur poste.
DommageÂ…
Il aurait été plaisant de se satisfaire d’un, pourtant… Si prompts à donner des leçons et à se porter garants de l’ordre, si droits et justes dans leurs armures miteuses, ils n’en restaient pas moins des hommes, corruptibles et corrompus, se complaisant dans la luxure dès que les regards n’étaient plus tournés vers eux.
Réfugiés dans le bâtiment qui leur était réservé, elle ne risquait pas d’en croiser un ce soir. Elle prit donc la direction de la taverne, seul autre endroit où elle trouverait ce qu’elle cherchait par un temps pareil.
Elle avait rabattu son capuchon sur son visage en arrivant près de la ville, comptant sur la pénombre pour fondre ses ailes dans le néant de la nuit, lui permettant ainsi de passer plus ou moins inaperçue. Mais malgré sa déception première, la pluie avait cependant rendu son arrivée plus discrète encore, et sans doute plus facile. Les gardes, en trop grand nombre, auraient pu lui poser problème finalement, l’effet de masse les rendant plus vertueux et plus enclins à obéir aux consignes.
Ce chien d’Artherk a bien dressé ses moutons… En troupeau ils obéissent au roy… Mais la brebis égarée cherche rapidement un nouveau berger, un nouveau Maître…
Cette pensée la fît sourire. Elle se remémora quelques une de ces « brebis » à qui elle avait montré la Voie, et laissa son esprit vagabonder sur le passé, comme l’avant-goût d’un avenir proche ; inconsciemment, elle pressa le pas, l’impatience prenant le dessus sur la maîtrise de soi.
Elle regarda autour d’elle et s’aperçût que ses rêveries l’avaient menées plus avant dans la cité. Ici elle ne risquait plus rien. Si les royalistes pouvaient représenter une menace, ici, au cœur des villes le petit peuple n’avait que faire d’un roi qui ne se souciait pas d’eux. Les gens s’unissaient là sans soucis de religion dans le seul but de survivre à la misère, et seul comptait celui qui pouvait leur apporter quelque chose.
Elle était déjà venue ici, il y a longtemps. Elle n’était alors qu’une enfant et sa mémoire la trahissait. Elle resta là un moment, essayant vainement de revenir plusieurs années en arrière, ici, au même endroit. Tout lui semblait flou, comme dans une autre vie. Et pour tout dire, c’était bien une autre vie. Aujourd’hui elle se sentait bien, tellement bien, et tellement
Vivante
sûre d’elle, alors que la petite fille du passé n’était qu’une coquille vide parmi tant d’autres, errant au hasard des routes, jusqu’au jour où, enfin,…
Mais ce n’était ni le lieu ni le temps pour revivre ces heures perdues. Elle avait bien mieux à faire. Elle s’engagea dans une ruelle, qui après tout en valait bien une autre, et qui finirait bien par la mener quelque part.
Quelques pauvres hères qui n’avaient nulle part où aller gémissaient parfois dans un recoin en entendant ses pas, mendiant quelque piécette ou un peu de nourriture ; mais elle passait son chemin, laissant à la Baronne le soin de récolter ce qu’elle avait semé et de s’occuper de ses pauvres. Lorsqu’elle passa devant le temple consacré à Artherk, pourtant, la curiosité l’emporta et elle ne put s’empêcher de jeter un œil par l’une des ouvertures. L’édifice était immense, et les pierres magnifiquement sculptées. Les lieux avaient dû être majestueux par le passé, resplendissants de riches ornements, et soigneusement entretenus. Mais l’endroit avait perdu son éclat d’antan, les peintures fanées paraient tristement les murs grisâtres, les vitraux étaient ternes et poussiéreux, les bancs de bois usés par les années étaient alignés devant l’autel nu, dépossédé comme le reste du bâtiment de ses pimpants attributs et de ses reliques par les petites gens affamées. Le temple semblait se vendre morceau par morceau, ce qui avait de la valeur du moins, sous le manteau de marchands ambulants. C’est là , dans ce qui restait de la somptueuse église, que d’autres miséreux avaient trouvé refuge, se pressant autour de quelques bougies, priant sans conviction un dieu qui ne les écoutait pas.
Ils prient mais ne croient pas, ils demandent mais ne donnent pas. Ils sont là par désespoir, parce qu’ils ne savent pas quoi faire d’autre, et espèrent une aide qui ne viendra pas. Parmi tous ces gens, quand la vie sera moins dure, pas un ne reviendra ici pour le remercier et le louer.
Seule la misère peut remplir son temple.
Décidément, la nuit commençait bien, et le spectacle était réjouissant. Mais elle ne pouvait s’attarder, il l’attendait.
Qui ? BientĂ´tÂ…
Durant la journée, les lieux devaient être animés, même si à cette heure la ville semblait morte. Des commerces en tout genre, fermés à cette heure, étaient agglutinés autour du temple. La taverne ne devait pas être loin. D’ailleurs des images du passé lui revenaient, et elle se repérait vaguement.
Par ici.
Les ruelles étaient rendues boueuses par la pluie, et un petit ruisseau emportait la terre au milieu de la rue principale, seule rue pavée de la ville. Elle le suivît quelques instants, puisqu’il se dirigeait comme elle vers le seul endroit vivant de la cité à cette heure.
Elle l’entendît avant de la voir, la musique et les rires tellement bruyants dans le silence troublé jusqu’alors seulement par le bruit de ses pas et de l’eau s’écoulant. Au travers des vitres sales, les lanternes projetaient les silhouettes grossières et gesticulantes des hommes, et on distinguait des bribes de conversations sortant du brouhaha général. A l’étage, quelques faibles lumières laissaient l’imagination vagabonder sur l’une ou l’autre de ces scènes trop misérables pour être vraiment tristes, mais qui permettaient à quelques familles de vivre, au détriment d’une fille, une sœur ou une mère.
Riez, amusez-vous… C’est la dernière fois avant longtemps pour l’un d’entre vous. Demain, celui-là aura oublié qu’il a été heureux un jour…
Elle ouvrît la porte d’un geste assuré, coutumière qu’elle était de ce genre de trous. Aussi étonnant que cela puisse paraître, et même si au premier abord ces terrains de chasse semblaient laisser à désirer, elle avait souvent trouvé son bonheur dans ce genre d’endroits.
Qui sait ?
Elle se fraya un chemin jusqu’à une table un peu en recul, dans un coin moins bien éclairé que le reste de la salle, et s’installa sans pour autant ôter l’habit qui l’enveloppait et la couvrait en grande partie. Elle n’était pas extraordinairement belle mais attirait les regards, elle le savait, et elle était passée maître dans l’art d’en jouer. Mais pas ce soir. Pas de suite.
Pour le moment, elle ne voulait pas être remarquée.
Ce soir, elle guettait.
Qui ?
Un de ceux lĂ . BientĂ´t elle saurait.
Aucun ne faisait attention Ă elle. Mais elle les observait.
Des humains, des séraphins d’Artherk, des séraphins noirs
Traîtres
se mêlaient, discutaient, riaient et jouaient à toutes sortes de jeux, unis par la Sainte Bière. Les traîtres paieraient, elle s’occuperait d’eux . Mais plus tard. Elle n’était pas là pour eux. Elle reporta son attention sur le reste des habitués. Mangeant, buvant, beuglant comme des bêtes, mêlant leurs odeurs d’urine, de sueur et de crasse, ils passaient une soirée comme les autres. Le mâle dans toute sa splendeur. Elle ne pouvait détacher son regard de la scène, hypnotisée par le dégoût qu’ils lui inspiraient. Elle n’aurait pu dire combien de temps elle était restée ainsi à regarder la scène qui s’offrait à elle, quand au bout d’un moment la serveuse vînt détacher son attention du spectacle pour lui demander, d’une voix nasillarde et le plus impoliment du monde, ce qu’elle désirait.
Je le veuxÂ…
Elle commanda de quoi se restaurer, une bouillie qu’un cuisinier en manque d’inspiration avait nommé le plat du jour, plat unique et invariable quel que soit le jour de la semaine. Peu importait de toute façon, elle n’avait pas l’intention d’y goûter. Elle jeta quelques pièces dans un coin de la table, moins pour le repas que pour pouvoir rester ici un moment encore.
Je le veux lui.
La masse des soûlards s’était un peu éclaircie, les hommes trop ivres pour rester debout ou trop pauvres pour boire encore ayant été mis à la porte.
Et il Ă©tait lĂ .
Il était là , assis à une table, dans le coin opposé de la pièce. Il était là , sans doute depuis le début, elle ne l’avait pas vu entrer. Il était là , observant lui aussi la beuverie. Il était là , c’était tout ce qui comptait.
Pourquoi lui ?
CÂ’est lui.
Sans doute parce qu’il était différent, étonnamment serein au milieu de cette agitation, sans doute parce son visage respirait l’innocence.
Sans doute, ou peut ĂŞtre pas.
CÂ’est lui.
Elle l’observa durant de longues minutes, contenant son impatience, faisant durer volontairement le plaisir de l’attente, de la découverte de l’autre. Maintenant qu’elle savait, elle n’avait plus de raison de se presser, elle l’avait trouvé.
Il paraissait jeune, assez jeune en tout cas pour avoir encore cette fraîcheur dans le regard, celle qu’ont les enfants qui ne savent pas ce qu’est le malheur, cette confiance dans l’Humanité qui disparaît avec l’âge. Il était trop richement vêtu pour être l’un des habitués de ce genre d’endroits, mais pas assez pour faire partie de la noblesse du royaume. Qui était-il, alors ?
Peu importe.
Peu importe ce quÂ’il Ă©tait. Ce soir, il serait Ă elle, ou plutĂ´t elle serait sienne.
Ce soir, elle serait tout ce qu’il avait toujours désiré sans oser se l’avouer, celle qui hantait ses rêves et qu’il cherchait sans le savoir, celle vers qui tout son être tendait, inconsciemment, celle qu’il aimait et qu’il aimerait plus encore, celle qu’il ne pourrait jamais oublier. Elle savait être tout cela, différente et unique, exceptionnelle pour chacun d’entre eux. Elle savait les aimer sincèrement et être aimée, passionnément, intensément, pour quelques heures, quelques jours, puis disparaître et les oublier.
Touches du doigt ce que tu as toujours désiré, goûtes-y, goûtes-moi, et perds-le ensuite.
Tu ne seras plus heureux. Jamais plus, tant que tu nÂ’auras pas compris.
Il écrivait tout en observant la salle. Trouvait-il son inspiration dans la scène de débauche qui s’offrait à lui ? Etait-ce cela qu’il était venu chercher ici ? Il aura trouvé bien plus…
Tandis qu’il grattait frénétiquement le papier, son attention fixée sur les hommes et leurs querelles, elle découvrit son visage en abaissant son capuchon, laissant par là même tomber ses longs cheveux en cascade, elle se leva et arracha une plume du bout de ses ailes, l’une des plus longues, des plus belles, des plus sombres. Sous les regards avides, elle traversa la salle dans sa direction, s’approcha de la table de l’homme, et glissa la plume sous ses doigts. Surpris, il releva la tête, et croisa son regard le temps d’un souffle. Elle souriait.
Qui Ă©tait-elle ?
Elle était déjà partie. La porte se refermait doucement derrière elle. Interdit, il hésita un instant, une poignée de secondes, la plus importante de son existence, puis scella son destin. Il devait savoir.
Laissant lĂ son ouvrage, il se leva et la suivit sous la pluie.
Le jour n’est pas encore levé.
Les rues sont désertes, tout est silencieux. La pluie s’est arrêtée.
Ses pas résonnent tandis qu’elle s’éloigne de la maison, le sourire aux lèvres.
AujourdÂ’hui sera le premier jour de ta vie.
C’est dans la souffrance que chaque homme dévoile le meilleur de lui-même.
Tu souffriras.
LÂ’homme assez fort pour vaincre sa douleur et sa peine trouvera la Voie.
Tu tÂ’ouvriras Ă Lui.
La souffrance mène inévitablement au doute, et le doute mène au Chaos.
Tu nous rejoindras.
Le Chaos est le renouvellement perpétuel, une renaissance de chaque instant.
Tu renaîtras à l’infini.
Un monde figé ne peut survivre, il se détruit petit à petit.
Tu seras un bâtisseur.
Sans armes, sans guerres, sans haine.
C’est aussi ça le Chaos…
Désolée pour la gêne occasionnée, je recolle juste mes textes sur le même post
Par Telefoneur OdO le 28/1/2003 Ă 6:29:49 (#3115978)
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