Vol de nuit

Par Faruun le 5/11/2002 à 13:42:04 (#2485622)

Elle regarde le ciel, les yeux grands ouverts. Ni le vent ni la pluie fine qui s’abat ne semble la déranger. Elle est là, oiseau nocturne qui contemple les étoiles en silence. Son visage est si blanc, comme s’il ne connaissait le soleil, une peau douce, laiteuse qui se marie aux ombres. Ses cheveux sont autant de fils bercés par le vent, soulevés au rythme de ces rafales qui reviennent comme d’innombrables caresses. Là haut, les étoiles la regardent.

Comment fait-elle pour ne pas tressaillir, pour ne pas trembler sous ces baisers glacés ? Son visage est fermé, elle ne veut dire un mot. Une à une les gouttes viennent, se posent et abreuvent sa peau, de ce doux filin qu’on croirait fait de larmes. Son regard ne cille pas, les rivières se forment, tristes courants qui son visage déforment, les pleurs d’une pluie ne valent ceux du cœur, elle reste, immobile, ne livrant que douceur.

A quoi pense-t-elle, enfin, à rester ainsi ? Ses vêtements déjà, sont gorgés de la pluie. Elle attend, peut être, cet amant éphémère, cet homme, cette chimère, surgissant du néant. Elle attend peut être, que se brisent les barrières, pour rejoindre sur l’instant, toutes ces lumières. Les étoiles sont muettes, elles parlent pourtant. Chant de nuit, cette douce symphonie, qu’on écoute, ébloui, en oubliant sa vie. Elle, simple humaine, n’entend pas, elle n’a déjà plus d’ouie, mais elle croit les entendre.

Ce ne sont plus des larmes, c’est la rage d’un torrent. Toute cette eau qui coule, libre et sans digue, sur cette peau délaissée. Son visage est cette terre désolée, la proie des éléments, de ses yeux langoureux jusqu’aux lèvres orphelines vivent ces ruisseaux pourtant, qui enfin sombrent, un à un, dans l’abyme obscur. Elle, cependant, reste calme, sereine, un monument d’impassibilité. C’est une œuvre, achevée.

Le vent remue encore une fois les cheveux défaits. Elle attend, toujours, ou veut-elle espérer ? La pluie se calme enfin, sa touche finale apposée. Sur le sol, couchée, la jeune femme est noyée, dans une mare atroce d’un sang aux eaux mêlées. Le trait rouge, d’une gorge déployée, laisse suinter ces dernières larmes rouges, d’une vie volée.

Par Eléa Bluesky le 5/11/2002 à 14:17:46 (#2485919)

Très joli, ça me fait penser au "Dormeur du Val"...

Par Gabriel Thylin MSF le 5/11/2002 à 17:44:35 (#2487775)

:lit: :amour: magnifique et surprenant :merci:

Par Syndrael le 5/11/2002 à 17:48:42 (#2487823)

Pffiou.... toujours aussi beau ^^

Par Drazhar Ul'Gar le 5/11/2002 à 18:07:08 (#2488039)

Superbe.

Par Caspian De Vil le 5/11/2002 à 20:01:35 (#2489324)

Son talent nous éclabousse le visage de petites gouttes d'émoglobine :p blague à part un texte intriguant dérangeant fort bien tourné, et ma foi fort agréable à lire :)

Par Yolinne Ninette MIP le 5/11/2002 à 22:02:19 (#2490592)

Attendre.. Le regard vide et vague, vidé d'espoir ? vidé de passions ? qui sait au fond..

Yolinne reposa le livre où repose l'illustration. Figuration d'une femme seule, reflet de celle qui attend à jamais, impassible, qui croit encore... Douce illusion.

Par Iwakura Shin OS le 5/11/2002 à 22:11:29 (#2490688)

Ma
gni
fique
:merci:

Par Galadorn le 5/11/2002 à 22:55:28 (#2491079)

oukile Saint exup? oukile?

Ah zut, c'est pas de lui...

:D

Par Alanis Lyn le 6/11/2002 à 4:22:28 (#2492455)

*glups*

Magnifique...

Par (Gadjio) le 6/11/2002 à 13:08:14 (#2494616)

Provient du message de Eléa Bluesky
Très joli, ça me fait penser au "Dormeur du Val"...

Je préfère cette version. ;)