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Carnet de route d'une vie à peine entamée.
Par Selliandra le 2/11/2002 Ã 13:22:45 (#2461537)
L'enseigne lui indiqua que l'établissement portait le nom de "Kulgan's Bar". Comme à l'accoutumée dans ce genre d'endroit, l'atmosphère lui parrut d'emblée oppressante.
Dans le brouhaha des esclandres des saoulards, des ragots des vieillards et des chants des marins, nulle place pour la réfléxion et l'écriture. C'etait pourtant la raison de sa venue.
Certainement plus motivée par la perspective d'un endroit chaud et sec, que par la recherche de compagnie, elle entreprit de s'assoir rapidement à une table.
Malgré elle, elle ota sa capuche dévoilant ses longs cheveux couleur de feu, ce qui eut pour effet d'attirer bien vite sur elle les regards envieux des clients éméchés. Fort heureusement, elle avait apprit à faire abstraction des remarques très imagées que ne manquait pas de faire naître la présence d'une femme dans ce genre d'endroit.
Son corps se réchauffant progressivement après l'avide morsure du froid nocturne, son visage repprit peu à peu des couleurs et ses joues, plus sensibles aux variations de température, rougirent significativement. Cela sembla enorgueillir un des soifard qui entreprit de s'assoir à sa table et d'établir un premier contact. L'homme empestait la bière et son haleine infâme lui donna un haut-le-coeur.
D'abbord conciliante, elle l'écouta débiter ce qui devait être pour lui des paroles flatteuses. Elle finit par l'intérrompre lui signifiant qu'elle désirait restait seule à sa table, tout en le remerciant de l'attention qu'il lui avait porté.
Mais ses paroles n'eurent pas l'effet désiré...bien au contraire.
L'homme prit cette marque courtoisie comme une invitation à plus de familiarités. Il lui prit la main d'un geste qu'il croyait certainement affectueux. Lui jettant un regard réprobateur, la jeune femme retira sa main.
S'ensuivit la réaction typique de tout homme essuyant une déconvenue : il l'insulta.
Impassible, elle le regardait gesticuler le laissant se défouler et lancer ces mots qu'il croyait blessant.
Elle avait apprit depuis longtemps que c'était là pour le primate un moyen de restaurer son honneur bléssé par un revers, et souvent, une fois cette petite scène terminée l'inconvenant retournait d'où il était venu...mais pas cette fois-ci.
Toujours plus virulant, mais voyant que ces insultes n'avaient aucune prise, l'homme s'emporta de plus belle. Se dressant l'air menaçant, il s'avança vers elle, se faisant fort de vouloir lui voler un baiser. Elle le laissa s'approcher, jusqu'à cottoyer sa chaise.
Toujours impassible, elle n'avait même pas jugé utile de se lever.
L'homme l'attrappa au col. Son odeur envahissait ses narines, et la jeune femme se demanda combien de temps encore elle pourrait supporter cette proximité.
Au comble de l'énervement, l'homme passa une main derrière sa tête, lui tirant les cheveux pour tourner son visage vers lui.
S'en était trop...
Le lourdeau n'avait pas jugé utile de bloquer ses mains...grave erreur.
Avec une célérité insoupçonnable, la jeune femme tira de sa manche une dague qu'elle vint appliquer sur l'entrejambe de l'homme. Aucune haine dans ses yeux...juste de la détermination.
L'homme ne s'y trompa pas.
Il relacha son étreinte, libérant la chevelure de l'emprise de sa main grasse. Il recula alors, soulagé de sentir la morsure de la lame s'éloigner de ses parties. Tournant définitivement les talons, il rejoignit ses camarades de beuverie.
Replaçant la lame dans un creu de sa manche, la jeune fille sourit à la serveuse qui lui apportait à cet instant une salutaire tisane.
Puis, ouvrant son sac de cuir usé, elle tira un carnet à la couverture de feutrine rouge et sortit une plume et un encrier.
Les disposant méthodiquement, elle ouvrit finallement le carnet.
Nombres de pages étaient déjà noircies d'encre. Elle les feuilleta machinallement l'air mélancolique, et finit par se décider à les relire.
Et autour d'elle continuaient les conversations des vieillards, les rires gras des hommes et les chants des marins enivrés...
(Ã suivre...)
Par Ranah D'Hµr le 2/11/2002 à 13:27:04 (#2461566)
*aime pas le mauve mais bon... ça fait joli avec sa signature * :p
Par Azulynn Tvar le 2/11/2002 Ã 13:36:29 (#2461630)
Le liquide brûlant dégagea un nuage de fumée en venant frapper la tasse décorée d'arabesques bleues. Enserrant l'anse d'un mouvement de son poignet trop mince, elle se dirigea vers la table, où un encrier et un vélin vierge l'attendaient. La jeune femme songea soudain à l'auberge de WindHowl, dans laquelle elle avait si longtemps vécu, se demandant quelles histoires les marins se contaient aujourd'hui. Sans doute eut-elle été fort intriguée par cette jeune femme, à LightHaven, si elle avait pu seulement s'y trouver.
Bruit sec. Son regard pâle revint à la réalité, pour trouver la tasse brisée et son contenu épandu. Ces étourdissements.. Par les dieux, elle le supportait avec de plus en plus de mal... Mais un spectre bien plus sombre se profilait.
(Tout ça pour dire très intéressant, et plaisant à lire. ;))
Par Drazhar Ul'Gar le 2/11/2002 Ã 14:18:48 (#2461949)
J'espere que la suite du premier comme du deuxieme ne se fera pas attendre.
Par Caspian De Vil le 2/11/2002 Ã 15:41:51 (#2462523)
(comment ça aucune chance ? :rolleyes: )
Par Selliandra le 2/11/2002 Ã 18:04:57 (#2463415)
Elle se surprit même à frissoner en relisant ces lignes...
~ Mon enfance ~
Je me nomme Selliandra Jherdar, fille de Maarkhaen Jherdar et d'Alessa Solveig, et j'ai vu le jour en la ville de Lighthaven voilà vingt-deux printemps.
Ceci est mon histoire...
Mon père était un puissant commerçant, et ma mère une fille de rentier. Leur mariage n'avait été qu'un arrangement entre leurs familles, pourtant, aussi loin que je me souvienne j'ai toujours cru que ma mère était heureuse. Fruit d'une de leur rare union, je fus baptisée du prénom de la défunte soeur de ma mère. Prénom que je suis, aujourd'hui plus que jamais, fière de porter.
Mon premier souvenir d'enfant se rapporte à ma mère. C'est elle qui fut en charge de mon éducation, et à présent je réalise mieux la chance que j'eu.
Elle avait de long cheveux roux comme les miens. Des yeux d'un bleu intense que faisait ressortir la blancheur laiteuse de sa peau.
C'était incontestablement une très belle femme.
A la fois cultivée et sage, elle était une mère aimante et un professeur idéal. Elle m'apprit l'art de la lecture, et celui de l'écriture. Je lui dois tant...
Elle fut aussi en charge de mon initiation aux arcanes, que vint plus tard appuyer un précepteur nommé Gheradhäen...
*sur ce nom, l'écriture se fait hésitante et mal soignée*
Mon père lui était l'archétype du marchand. Sa prospérité sans cesse croissante se mesurait à l'élargissement continu de son ventre que venaient couvrir des étoffes toujours plus somptueuses. Il n'avait que peu d'attentions envers moi, ce que j'ai toujours pris pour une marque de désaffection. Mais à la vérité, il n'avait d'yeux que pour ses affaires.
Il tentait toutefois de me faire partager sa passion du commerce, me racontant à maintes reprises le plaisir que lui procurrait l'ouverture d'une nouvelle route commerciale, ou la découverte de nouvelles étoffes ou de nouvelles épices.
C'était un homme affable, pas foncièrement mauvais, mais son appât du gain n'avait aucune limite.
Il avait toujours veillé à ce que ma mère et moi ne manquions de rien, partageant à quelques reprises ses extravagances vestimentaires avec nous.
Dans le fond, il était plus une sorte de mécène qu'un père.
A mon quinzième anniversaire, mon père se mit à la recherche d'un homme à qui donner ma main.
Il traversait une période difficile, ses navires étaient régulièrement la proie des forbans et il perdait quantité de deniers dans des expéditions infructueuses.
Voyant à quel point son enfant avait pu devenir une belle et radieuse jeune fille, il espérait beaucoup de ma future union.
Les "candidats" se pressaient promettant monts et merveilles à ce père qui avait réduit sa fille à l'état de marchandise.
Mais ma mère et moi fimes front, et nous découragèrent beaucoup des "prétendants".
Mais il y en avait un sans cesse plus virulant...Gheradhäen.
Cet homme de plus de quarante ans mon ainé, cet homme qui m'avait accompagné des années durant dans mon apprentissage de la magie, cet homme désirait aujourd'hui que je lui appartienne. Ma mère s'était scandalisée qu'il ait eu l'outrecuidance de prétendre m'épouser, mais mon père...ne s'était pas arrêté à ces considérations.
Au terme d'une longue conversation, il vint annoncer un soir à ma mère et moi, que son offre avait définitivement retenu son intérêt et qu'il consentait à m'offrir à lui. Ma mère entra alors dans une colère que je n'aurais jamais cru la voir exprimer. Elle s'en prit à cet homme qui profitait de sa connaissance de l'état financier de notre famille pour tirer l'avantage de m'avoir. Elle s'en prit à lui de sa faiblesse et de son incompétence en tant que père de famille.
Je ne sais pas ce qui me fit le plus mal; voir ma mère entrer dans une colère monstre pour une cause que je savais vaine, ou mon père rester impassible, muré dans une détermination infléchissable. La "discussion" se termina par le verdict de mon père. Aucun des arguments de ma mère ne l'avait fait douter, dans un peu moins d'un an, à mon seizième anniversaire, je serais offerte en mariage à Gheradhäen...mon précepteur.
(Ã suivre...)
Par Caspian De Vil le 2/11/2002 Ã 18:28:54 (#2463601)
Par Isis De Vil le 2/11/2002 Ã 22:01:11 (#2465190)
Par Vincent Tremere le 2/11/2002 Ã 22:07:41 (#2465242)
Par Lorana le 3/11/2002 Ã 3:16:53 (#2466769)
Par Drazhar Ul'Gar le 3/11/2002 Ã 9:38:15 (#2467258)
*Attend la suite.*
Par Gabriel Thylin MSF le 3/11/2002 Ã 20:59:02 (#2472536)
Provient du message de Selliandra
ses navires étaient régulièrement la proie des forbans
je comprend que ca soit terrifiant :D
*s'excuse pour la mauvaise blague mais voulait juste remonter ce texte qui en valait la peine.
Par Selliandra le 3/11/2002 Ã 21:02:55 (#2472569)
Elle soupira doucement, but une autre gorgée de tisane et se replongea sur son carnet.
~ Début du calvaire ~
Rien ne pouvait arrêter la course du temps. Chaque jour me rapprochait un peu plus de ma future captivité...du moins, c'est ainsi que je considérais mon mariage.
Nous avions, ma mère et moi, congédié l'importun Gheradhäen mais celui-ci s'était établit à quelques pas de chez nous. Lorsque nous sortions, il nous épiait depuis sa fenêtre. Pafois-même, il sortait et allait à notre rencontre. A chaque fois je sentais la main de ma mère se crisper et son visage, si doux et tendre, devenait alors le reflet de sa furie à peine contenue.
Je me rappelle un jour où nous étions sorties, la pluie nous avait surprise à notre retour. Gherardhäen était descendu sur le pas de sa porte un sourire mesquins aux lèvres. Il m'avait fixée avec insistance, comme un animal qui gouterait à l'avance le plaisir de se repaitre de sa proie. Je portais alors une robe d'un blanc auparavant immaculé et la pluie, détrempant le tissu, avait transformé celle-ci en un moule parfais de mon corps. On pouvait même par endroits, là où le tissu était brodé en fait, discerner les contours de mon corsage.
Voyant le manège de ce rustre ma mère avait précipitament jetté son chale sur mes épaules, coupant court à sa séance voyeurisme. Puis elle s'était dirigée vers lui. Je ne crois pas l'avoir jamais vue plus furieuse que ce jour là . Lui n'avait pas bougé. Un sourire narquois toujours rivé aux lèvres.
Il avait regardé ma mère venir vers lui, il l'écoutait s'égosiller, le traiter de tous les noms. Rien n'y faisait, rien ne semblait pouvoir oter ce rictus de sa face hideuse. Elle avait finallement renoncé. Revenant vers moi, j'avais vu des larmes perler aux coins de ses magnifiques yeux. Ce jour là , je crois avoir ressenti pour la première fois de la colère. Je m'en souviens bien, car je m'en suis voulu presque tout de suite après.
Comme un signe du destin, un cavalier avait déboulé à l'angle de la rue. Emporté dans sa folle course, il avait pris tout de même le soin de s'écarter de ma mère et de moi...au détriment de ce cher Gherardhäen. Il avait levé les bras à son visage tandis que le cavalier lui passait devant. La terre détempée du sol était alors venue consteller d'éclat maronâtres sa si jolie robe pourpre. L'élan de la course folle le fit ensuite doucement choir, et il vint finallement s'étaler de tout son long sur la chausée boueuse.
Se tournant vers lui ma mère s'était esclaffée d'un rire que j'entends parfois encore en rêve. Puis elle l'avait fixé droit dans les yeux lui disant : "même en robe, un porc finit toujours par retourner à son tapis de boue !". J'avais alors éclaté de rire et lui, drappé dans sa fierté s'était relevé malgré l'humiliation. De la haine dansait dans ses yeux, mais son visage était encore impassible. Puis ses lèvres s'agitèrent, même si aucun son ne sortit de sa bouche. Et il était rentré chez lui.
Je crois que c'est à partir de ce jour que ma mère est tombée malade. Etait-ce le froid et la pluie ? ou est-ce que cet homme lui avait jetté quelque malin enchantement ? Je ne saurais le dire...Toujours est-il que malgré les médecins, malgré les guérisseurs, malgré les druides et les enchanteurs, son mal persistait. Et le temps s'écoulait rapprochant sans cesse de moi l'inéluctable évènement.
Mais bien plus inquiétant que ça, l'état de ma mère ne cessait d'empirer. Déjà , son teint avait perdu cet éclat presque juvénile qu'il avait autrefois. Ses grands yeux azur n'étaient plus que le reflet d'une fatigue chaque jour accrue, et ses mains, si douces et gracieuses, étaient devenues rèches et noueuses...comme si la vieillesse la rattrappait.
Elle peinait désormais à se déplacer, et sa joie de vivre avait disparue, tout comme cette flamme dans ses yeux.
Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même.
Dans le fond, je crois que cela m'affectait beaucoup plus que je ne me l'avouais...ou que je ne lui laissais entendre. J'avais alors tellement besoin de son soutient...
Un mois avant mon seizième anniversaire son état était devenu très inquiétant...presque critique. Ses joues s'étaient creusées, sa peau s'était flétrie. Sa respiration n'était que râle, et elle ne pouvait plus se déplacer seule. D'ailleurs, elle ne quittait presque plus son lit. Je venais tous les jours à son chevet, lui parler de tout et de rien. Souvent, elle se contentait de me regarder. Parfois elle me prenait la main et je frissonnais...c'était la main d'un vieillard, froide et sèche, la main de quelqu'un au crépuscule de sa vie. Elle pressait alors doucement mes doigts, les yeux brillants, me disant que j'étais son joyau, sa petite fille, son trésor. Ma gorge se nouait...elle se noue encore à la seule évocation de ce souvenir.
Un jour, peut-être qu'elle sentait alors la faucheuse arriver, elle avait rassemblé ses forces et m'avait longuement parlé. Un long monologue que je n'avais pas eut le coeur d'arrêter...même lorsque les phrases revenaient plusieurs fois. J'écoutais sa voix...torturée...mais si douce à la fois. Je gravais ses paroles dans mon esprit, comme si elles étaient les dernières et je pleurais doucement.
La veille de mon anniversaire nous avions réunit tous ses amis à son chevet. Déjà elle ne pouvait plus voir, alors chacun avait parlé. Chacun avait évoqué les doux souvenir de son passé. Chacun lui avait rappelé à quel point elle avait pu être une personne bien, et combien elle était un modèle pour tous.
Chacun avait pleuré...
Je l'ai veillé toute la nuit...sursautant à chaque fois que je ne voyais pas son abdomen se soulever assez vite à mon gout. Au petit matin, les yeux rougis par les pleurs d'une nuit, je la vis s'éteindre. Pas un son, pas un râle, ni même un geste.
Elle était morte comme elle avait vécut : dignement.
J'ai contemplé quelques minutes ses yeux bleus resté ouverts. Je déposais un baiser sur son front, puis, retenant mes larmes, je tirais le drap sur son visage.
Dans ma tête résonnait les derniers mots qu'elle avait prononcé à mon encontre : "Selliandra ma fille...laisse ton coeur te guider, tout au long de ta vie. Il est pur et précieux, comme toi. Je suis si fière de toi. Ne laisse jamais personne te rabaisser."
Je me suis alors redréssé, et je lui jurais qu'elle pourrait toujours être fière de moi.
Aujourd'hui était mon seizième anniversaire. Aujourd'hui, je devais affronter mon destin...seule.
(encore à suivre ^^)
Par Drazhar Ul'Gar le 3/11/2002 Ã 21:06:46 (#2472604)
Par Orion Legend le 3/11/2002 Ã 21:49:18 (#2472986)
la suite ? :p
Par Lysanda le 3/11/2002 Ã 21:56:04 (#2473037)
Par Selliandra le 4/11/2002 Ã 13:05:20 (#2476543)
Elle grimaça remarquant que le liquide avait déjà bien refroidit, le rendant un peu apre au gout.
C'est à ce moment là qu'elle s'apperçut que le tumulte avait cessé autour d'elle. Les quelques eparses clients qui restaient étaient soit trop ivres pour parler, soit déjà affalés sur le plancher ou sur une des tables. Mais le bruit avait céssé; et déjà la serveuse nettoyait les quelques tables libres.
Tournant une nouvelle page, Selliandra se replongea alors dans sa lecture.
~ Dans la tourmente ~
Tout était allé si vite à partir de cet instant. Des prêtres étaient venu emporter le corps de ma mère à peine quelques heures après son décès. Nous avions alors formé un cortège funéraire, très digne.
La cérémonie était passée plus vite que je ne l'aurais cru. Les prêtres avaient enveloppés son frêle corps dans un linceul blanc, prononcé quelques psaumes laconiques, et nous avaient rassemblé autour d'elle. Nous nous étions alors receuillis en silence, puis ils nous invitèrent à prononcer quelques paroles. Mais nul n'avait le coeur à parler...
Ils emportèrent alors son corps, longeant le temple jusqu'à une parcelle de terre. Là , une tombe peu profonde avait été creusée. Ils y déposèrent doucement son corps, entonnant un hymne mortuaire lancinant. Puis ils avaient rabattu la terre sur son corps, scellant pour toujours son destin à elle. Ils s'étaient alors retirés laissant quelques proches rester près de sa tombe. En file indienne, les gens étaient alors venu nous porter leurs condoléances à mon père et moi. Je ne pleurais plus, ni mon père. Avait-il seulement versé une larme lui ? Peut-être de ces larmes invisibles qui tracent un sillon de tristesse sur tout le visage, mais laissent les yeux clairs...oui peut-être...
Nous avions finallement regagné notre demeure... Passant devant chez Gherardhäen, je vis que celui-ci se tenait une fois de plus sur le pas de sa porte. Quelque chose brillait dans ses yeux...quelque chose que je cru être une marque de satisfaction. Il fixa mon père avec insistance, et il me sembla le voir hocher de la tête...alors je su.
La mort de ma mère ne changeait rien à l'engagement de mon père. Il était toujours décidé à donner ma main à cet immonde individu. Il fallait vraiment que sa proposition soit intéréssante... cela je l'apprendrais plus tard...Alors que nous rentrions à peine chez nous, mon père me prit par les épaules. Il commença alors à me parler avec, dans la voix, un ton que je ne lui connaissais pas : à la fois ferme et résigné, compatissant et fataliste. Il me dit que je devais être forte. Qu'il n'avait pas vraiment le choix. Que j'étais arrivée à un âge où je pouvais comprendre que beaucoup de gens puissent compter sur lui, et qu'il avait des responsabilités auxquelles il ne pouvait se soustraire. Il finit par me dire qu'il comprennait la douleur que je pouvais ressentir compte tenu de la mort de ma mère, mais que je devais tout de même me marier à Gherardhäen.
Tout le long, j'oscillais doucement la tête. Je ne lui en voulais pas. Je ne le méprisais même pas. C'était un homme, juste un homme avec ses faiblesses. Et il avait fait le choix de sacrifier sa fille pour sauver ses affaires. Etait-ce blâmable ? Je ne me suis pas permis de juger, d'ailleurs, je ne l'ai jamais fais pour quoi que ce soit. Je n'ai pas protesté quand il m'a dit que dès le lendemain je serais offerte en mariage. J'ai juste hoché la tête, dignement, en pensant à ma mère. Elle n'aurait pas voulu que je m'éffondre, que je m'abaisse à supplier.
Je ne fuirais pas non-plus...
Je passais ma journée à ranger les effets de ma mère. Elle m'avait legué toutes ses robes. En les repliant, je les serrais contre mon coeur car elles étaient encore imprégnées de son odeur, et les souvenir affluaient. Celle-ci...c'était la robe qu'elle mettait lorsque nous allions ceuillir ensembles des baies pour faire des tartes. Cette autre, elle l'enfilait lorsqu'il lui prenait l'envie de s'occuper de notre carré de terre...Elle étaient toutes si belles; si belles et si simples.
Le soir venu, un paquet était porté à la maison. Mon père le receptionna, mais il m'était destiné. Un paquet, un cadeau de Gherardhäen. Mon premier réflexe fut de lancer la boite et son contenu à l'autre bout de la pièce. Puis, poussée par la curiosité, j'en allais inspecter le contenu. C'était une robe. Une robe de mariage. Je la tirais lentement du paquet, un mélange de dégout et d'admiration au coeur. Elle était somptueuse, une des plus belle robe qu'il m'avait été donné de voir. Le haut de corps était fait d'une étoffe à la fois légère et souple. Des noeuds de flanelle croisaient les deux parties au niveau des épaules, et deux descentes de perles d'un blanc laiteux formaient des lignes parallèles dessinant le buste. Le bas de la robe était une cascade de divers tissu. D'abbord, un premier pan de robe de toile blanche légère, que venait faire onduler des bandes de lin habillement entrecoupées. Et par dessus, descendaient des vagues de fine dentelle. Oui elle était vraiment magnifique.
Je la rangeais alors dans sa boite, tandis que mon père venait m'expliquer le déroulement de la journée de demain. J'allais ensuite me coucher, espérant secrêtement qu'un jeune homme épris de moi vienne me tirer des griffes de mon destin...insipide espoir que je balayais de ma tête avant de sombrer dans les limbes du sommeil.
Ce fut mon père qui me tira du lit. Alors, mécaniquement, je me préparais. La cérémonie devait avoir lieu à sept heure. Mais avant un prêtre devait recevoir mes confessions, et m'exposer le déroulement du mariage.
La journée aurait pu être magnifique si ce drâme ne se tramait pas. Le soleil entrait doucement dans chacune des pièces de la maison, réchauffant mon corps et mon coeur, d'un espoir que je croyais perdu. J'enfilais la robe offerte par Gherardhäen et confectionnée pour moi, elle m'allait à ravir. A tel point qu'un instant mon père s'arrêta, alors que la lumière me baignait tout le long du corps, et qu'il se surprit à me dire à quel point j'étais belle, et combien il était fière de moi. Ces paroles ne me réconfortèrent pas particulièrement mais je le pris dans mes bras. Geste affectif que nous n'avions presque jamais éxécuté. L'espace d'un instant j'étais devenu plus que jamais sa petite fille.
C'est les yeux brillants qu'il mit fin à cette étreinte, et qu'il m'emmena lentement jusqu'au temple. Là -bas, un prêtre me prit en charge. Il me confessa rapidement, me demandant si j'avais conservé ou non ma pureté...quelle question...Il me demanda mon opinion sur cette union, je restais sobre, lui explicant que quoi qu'il advienne je n'avais pas d'emprise sur celle-ci. Puis il me demanda ce que ma mère en pensait. Lorsque je lui dis à quel point elle avait pu exècrer l'homme qui devait devenir mon époux, il me sourit doucement, me disant que nulle union non-consentie par les deux parents ne pouvaient revêtir pleinement la bénédiction d'Artherk. Ces paroles me rassurèrent un peu, et j'allais affronter cette union avec plus de courage que je ne me croyais capable.
La cérémonie passa comme un rêve que l'on subit. C'est mon père qui avait donné son consentement, et qui me servait de témoin. Gherardhäen, lui, jubilait. Il me lançait sans arrêt de ces regards qui me faisaient tourner la tête : à la fois envieux et malsain. Lorsque arriva le moment de s'embrasser, je lui présentais mollement ma joue. Il ne s'en offusqua pas, ce qui me déçu. Et il en profita pour me glisser à l'oreille ces mots qui me firent trembler d'éffroi, et que j'entend encore parfois dans mes cauchemards, "désormais tu m'appartiens, et j'obtiendrais ce que je veux tôt ou tard...comme toujours."
(et oui, il y a encore une suite à venir...je sais, c'est long ^^)
Par Orion Legend le 4/11/2002 Ã 13:19:58 (#2476656)
premier a lire la suite :ange:
Par Iwakura Shin OS le 4/11/2002 Ã 13:29:29 (#2476745)
[size=-2]La suiiiiiiiiiite !! ^^
Par Dodgee MIP le 4/11/2002 Ã 17:08:10 (#2478557)
Bon bon d'accord, je reviens demain!
Par Gabriel Thylin MSF le 4/11/2002 Ã 19:49:56 (#2480232)
Par Isis De Vil le 6/11/2002 Ã 10:54:40 (#2493599)
Par Iwakura Shin OS le 6/11/2002 Ã 21:41:14 (#2499948)
et hop
Par Selliandra le 6/11/2002 Ã 22:33:58 (#2500392)
Autour d'elle il n'y avait plus aucun client. Le tenancier les avait tous chassé, ou trainé. Il était venu la voir, lui demandant si elle comptait prendre une chambre et si oui, elle pouvait rester dans cette salle.
Elle avait donc décidé de rester. S'acquittant du maigre solde, elle esquissa un sourire de gratitude. L'homme répondit à son sourire.
Il se présenta briévement : Halam. Il se mit gentiment à sa disposition, lui proposant une dernière collation avant qu'il regagne son lit. Elle déclina l'offre sur un sourire, le remerciant de sa sollicitude. Lui confiant les clefs et lui explicant l'emplacement de sa chambre, il lui souhaita une bonne nuit.
Elle le regarda s'éloigner vers ses appartements pensant que cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait parlé à quelqu'un.
Puis elle se replongea dans sa lecture, soupirant d'avance, mais déterminée à finir de lire les quelques pages restantes.
~ Tomber au plus bas... ~
Toute la journée Gherardhäen avait été mielleux à en donner la nausée. Il multipliait les compliments sur ma beauté, flattait mon père, se flattait de m'avoir désormais pour femme. Mais je n'étais pas dupe.
Peut-être pensait-il que je ne me rendais pas compte de ses regards...ses regards qui se portaient fréquemment et avec insistance sur la courbure de mes fesses, de mes hanches ou sur les rondeurs de ma poitrine...D'un autre coté, je ne lui en voulais pas. Il faut dire, les quelques fois où il avait tenté d'avoir un contact physique avec moi, je m'étais détourné, inlassablement, trouvant toujours une excuse pour m'esquiver échappant ainsi à sa répugnante sollicitude.
Toute la journée je le fuis de la sorte, n'osant penser à l'échéance de la nuit. Et pourtant le temps passe...inéxorablement. Et avec le jour, je voyais décliner l'espoir d'échapper à son contact, à ses baisers.
Devant mon père il n'osait pas me forcer la main. Il riait, disant que j'étais timide...mais je ne me faisais pas d'illusion. Il m'avait prévenu du reste...tot ou tard il obtiendrait ce qu'il désirait. Et ce qu'il désirait c'était moi...ou peut-être juste mon corps...quelle différence dans le fond.
Ainsi le soir était venu. La nuit avait lentement étalé son voile opaque sur la terre, et il était temps pour l'épouse que j'étais de rentrer dans la demeure de son mari.
Je lançais des regards suppliant à mon père. Des regards qu'il faisait mine de ne pas comprendre...Il m'avait embrassé, lançant un regard presque complice à Gherardhäen, puis nous avait laissé. Alors je du suivre cet homme, désormais mon époux, jusque chez lui...jusqu'à son antre.
Tout au long du chemin, je me tenais à distance raisonnable, répugnant même à lui tenir le bras. Cela le faisait rire. Il disait : "Peu m'importe que dans la rue tu ne te comportes pas en épouses, tant qu'une fois à la maison tu assumes pleinement ton rôle".
Plus nous approchions et plus mon coeur se serrait. Nous arrivimes sur le pas de sa porte; j'étais à la limite de la nausée. Lorsqu'il dévérouilla la porte, toute la gravité du moment me tomba sur les épaules. J'avais vécu le mariage comme un rêve, en dehors de mon corps. A présent, la réalité se rappelait à moi, comme l'odeur d'opium et de moisissure qui me prit au nez lorsqu'il ouvrit. S'écartant pour me laisser le passage, il vit que je n'étais pas décidée à entrer.
Il me prit alors fermement par les épaules et me poussa vers l'avant d'une façon qui otait toute idée de resistance. Il me guida au salon. Là , la table était déjà dréssée. La bonne avait laissé quelques plats sur le fourneau qu'il s'empressa de mettre à table.
Son excitation était clairement visible. Il mangea rapidement, ne s'attardant pas sur le fait que je n'avale rien, puis il entreprit de me faire la visite de sa "maison". Je le suivais mollement, comme résignée. Jusqu'à ce qu'il me conduise devant sa chambre...
Il avait du donné des instructions très précises pour qu'elle soit préparée au mieux pour acceuillir notre première nuit. Des bougies savament placées diffusaient une lumière tamisée, et quelques brins d'essence de rose avaient été allumés, embaumant la pièce d'un parfum qui aurait pu être agréable nonobstant le contexte. Le lit avait été paré de draps de satin pourpre dont je n'osais imaginer le prix, et un vêtement de nuit avait été pendu sur un cintre à mon intention.
Sans ménagement, il me le tendit et me dit d'aller me préparer.
Comme je mettais un certain temps à réagir il se mit à crier. Sa voix...presque inhumaine, me fit sursauter.
J'allais donc revêtir cette parure. Une fois de plus, nonobstant le lieu et la personne, elle aurait pu être un des plus beau atour qu'il m'ait été donné de porter. Mais la réalité la rendait aussi rèche qu'amère, aussi hideuse et méprisable que toute la mise en scène de Gherardhäen.
Je ne sais encore comment, mais j'eu le courage de retourner dans la chambre. Peut-être la crainte des représailles...
A ma vue dans cette tenue, il ne pu contenir un sourire d'aise. Le regard brillant, il se leva à ma rencontre. Je fermais les yeux, je me figeais. Intérieurement, je priais le monde de s'écrouler. Je priais Artherk de mettre fin à cet instant, de foudroyer cet homme sur place...et même plus.
Mais rien n'y faisait.
Déjà il était devant moi, et je pouvais sentir son haleine. Je retenais mon souffle, les yeux toujours fermés.
Je baissais la tête le sentant contre moi.
Il passa sa main sur ma nuque. Je frissonais de dégout, réprimant tant bien que mal la panique qui me submergeait. Sa main glissa jusqu'à mon menton. Il cherchait à me faire relever la tête. Je me détournais, alors il me saisit le visage avec violence.
Enserrant mes joues dans sa main, je lui disais qu'il me faisait mal, je lui demandais d'arrêter...mais il n'écoutait pas. Il avait dans les yeux cette lueur de folie inhérante à toute personne qui céde à une pulsion bestiale. Il plaqua ses lèvres contre les miennes. Alors je me débattis. Je m'écartais brusquement et lui crachais au visage. C'est ce qui fut le déclencheur de sa fureur...
Il m'attrappa et me projetta sur le lit. Comme je roulais sur moi-même pour en descendre, il incanta un sort d'immobilisation.
Du moins c'est ce que je compris lorsque je me rendis compte que mes muscles ne me répondaient plus. Impuissante, je le vis se dévêtir. Je criais, appelais au secours...mais lui riais.
Cela l'amusait de m'entendre m'égosiller, pire, cela semblait l'exciter. Il me narguait, me rappelant que personne ne viendrait me secourir.
Mais tous ça je le savais déjà . Alors je décidais de rester digne.
Me maintenant toujours dans une certaine immobilité, il se présentat nu devant moi. Il releva alors lentement le bas de la parure sur mon ventre, je détournais la tête et je fermais les yeux.
Il soufflait...comme un animal.
Je ne criais pas quand je sentis qu'il arrivait à ses fins. Pourtant la douleur que je ressentis était à peine imaginable. Le déchirement...la chair que l'on écartelle...
Je serais les dents et je pleurais.
Il avait l'air déçu de ne pas m'avoir entendu crier. Mais cela n'entamait pas son ardeur. Je le sentais en moi et je me sentais sale. J'étais prise de haut-le-coeur, mais je pensais à ma mère...Avait-elle subit cela elle aussi ? Comment aurait-elle réagit ?
Je serrais les dents encore et toujours, etouffant toute réaction.
Les larmes ruisselaient doucement sur mon visage, mais je savais que je n'avais plus qu'à attendre...tous les cauchemards ont une fin. Ces minutes me parrurent interminables...je savais que je pouvais de nouveau bouger mais j'étais pétrifiée.
De toute façon, cela ne servait plus à rien de lutter...le mal était fait. Sa fureur s'éstompa peu à peu. Je sentis son corps se tendre, se muscles se contracter, puis plus rien...
Il se leva, se rhabillant sommairement, et il sortit de la chambre.
Dans mon souvenir, je restais un moment allongée...inerte.
Je me sentais salie à un point inimaginable.
Oui il arrivait toujours à ses fins. Maintenant qu'il avait obtenu cela, je me prenais à espérer que ça lui aurait suffit.
Et tout mon corps n'était que douleur, mon visage était une rivière et rien au monde n'aurait pu me parraitre plus horrible à cet instant.
(pas que je veuille vous faire languir, mais il reste une dernière partie...à suivre donc ^^)
Par Iwakura Shin OS le 6/11/2002 Ã 22:39:00 (#2500448)
ah enfin la suite =)
Toujours aussi bien écrit... :)
Par Ranah D'Hµr le 6/11/2002 à 22:39:46 (#2500456)
Par Lorana le 7/11/2002 Ã 13:06:25 (#2503634)
Par Isis's spirit le 7/11/2002 Ã 15:28:53 (#2504989)
Par Lysanda le 7/11/2002 Ã 18:58:33 (#2506906)
Par Isis's spirit le 8/11/2002 Ã 9:53:00 (#2510890)
Par Arken le 8/11/2002 Ã 13:26:36 (#2512500)
Par Drazhar Ul'Gar le 8/11/2002 Ã 21:04:02 (#2516216)
Par Arken le 12/11/2002 Ã 13:23:06 (#2543737)
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