Banalités (attention! texte violent)

Par Thunor le 17/10/2002 à 20:32:26 (#2353919)

La pièce est en désordre.

Un désordre commun, de ceux qu’on trouve dans toutes les maisons où il y a trop de gens, dans les maisons où les enfants braillent, dans ces maisons où l’odeur puante de la vie s’accroche à toutes choses, le moindre objet, le moindre tissu. La table est dressée, la soupe fume encore dans les assiettes, odeur alléchante, met à portée de main. Le guerrier nephilim mange tranquillement, levant parfois les yeux vers l’un ou l’autre des ôtes. Des bougies ornent la table, compensant de leurs amples lumières l’obscurité de la nuit. L’ambiance semble à la détente et peu de paroles s’échangent, chacun vacant à ses occupations. Seul l’enfant se trouve à la table avec Thunor, son regard réfléchissant l’étincelante armure de métal. De temps à autre, le séraphin lui adresse un sourire…
Les parents, peu attentif au regard de leur enfant, sont assis sur les deux fauteuils qui font face à la cheminée. Une odeur piquante s’élève du feu, et celui-ci crépite comme un volcan…Les braises dansent comme si leur seule ambition était de s’échapper de cette cage de bois pour visiter la charmante petite maison.
Il ne reste aucune trace de la tension qui a pu exister en ces lieux quelques heures auparavant. Thunor appréhendait fortement cette rencontre. Tout s’est déroulé au mieux. Tout se déroule toujours au mieux quand on sait négocier, et la négociation est un art qui lui appartient. Son père lui a appris dès son jeune age à observer les gens, trouver leurs faiblesses et les exploiter. Les humains sont tous les mêmes…. Prévisibles….

Tout le monde savait qu’un guerrier d’Ogrimar cherchait des organes, du sang voir même des êtres vivants ; et les marchands de l’Ombre s’étaient passés le mot que ce séraphin payait cher et payait vite. Thunor n’avait aucun mal à trouver ce qu’il cherchait, il n’avait qu’à dépouiller les paysans du royaume pour ensuite acheter ce dont il avait besoin. Voler aux pauvres est toujours plus simple que de voler aux nobles et c’est surtout moins risqué. Dans le règne animal, c’est toujours le plus faible qui est le plus en danger ..
Chaque marchand approvisionnait ses stocks en soudoyant des médecins, des croque-morts, voir parfois même en se servant directement sur des champs de batailles… Bizarrement les assassinats s’étaient multipliés ces temps-ci aussi, et la Garde semblait ne rien y entendre. Encore plus étrange, les défaillances de pierre étaient de plus en plus fréquentes, et les plus grands sorciers du Roy avaient conclu que l’arrivée de l’haruspice expliquait sans doute ces phénomènes. La peur était le lot quotidien de tous. La peur et la colère, face à l’impuissance d’une fin proche. Les hommes, rongés par leurs sentiments, avaient la chair bien plus goûtues que d’ordinaire et Thunor le savait. Plus un homme a peur, meilleur est son sang car il circule plus rapidement dans ses veines aux derniers instants.
Mais le fidèle du Très Haut était surveillé de toute part. La prison et les amendes avaient été ses seules punitions pour les nombreux meurtres d’enfants qu’il avait commis, mais il savait également parfaitement que la garde l’avait à l’œil. Un seul faux pas, et il pourrait y laisser bien plus que de l’or. Dans ces conditions, il lui était impossible de se servir lui-même comme à l’accoutumé. Mais une des choses qu’il avait appris de lui-même et très rapidement est que le commun des mortels est corruptible de milles et une façon. Donner de l’or, menacer, torturer, assuraient à Thunor d’être fournit rapidement par un réseau des mieux organisés.

Thunor se prend le visage dans les mains. Il est serein et calme, et se remémorer ses choses ne lui feraient pas de mal après tout. Il sourit à l’enfant, qui le regarde toujours, et passe sa main sur ses doux cheveux. La nuit continue de s’avancer, et il ne faudra pas trop tarder. Thunor éloigne son assiette de soupe et s’attaque au plat principal.

Thunor ne ressentait aucun plaisir à dévorer de la chair déjà morte que son fournisseur principal conservait quelques heures grâce à des herbes. C’était juste de l’alimentaire. Les motivations du vendeur, Thunor les connaissait. Il avait une famille à nourrir, à protéger surtout. Et Althéa regorge de prédateurs, de dangereux criminels que les différentes factions et gardes indépendantes ne peuvent éliminer. Thunor protégeait la famille de l’homme en échange de ces repas. Il le payait également, de l’or, des armes, des matériaux chers, des robes pour sa femme. Tout ce que Thunor prélevait au cours de ces combats servait à payer ces morceaux de chairs humaines.
Ce soir là le Nephilim était transporté par une joie qui se manifestait plus par des débordements psychotiques de bonheur que par une joie « traditionnelle ». La garde s’était concertée et avait déclaré Thunor Hors-la-Loi. C’était maintenant officiel. Le Tueur d’enfants était indésirable sur les terres du Roy et sa tête serait fortement récompensée. Quelle meilleure victoire sur ces ennemis que de leur faire admettre qu’il est un danger pour eux, une menace ? Le guerrier savait parfaitement que cette « nomination » au rang de criminel n’impliquait qu’une chose : son nom était dorénavant reconnu par l’autorité, et était synonyme de peur.

Le vendeur avait du l’apprendre, car lorsque Thunor avait frappé ce soir là à sa porte, ce ne fut pas le même visage qui lui ouvrit. Morgan, paysan de son état et fournisseur du marché des ombres de Windowhl se trouvait être ce soir là bien plus inquiet qu’à l’accoutumée. Morgan n’était pourtant pas homme à montrer quelconque émotion. Son visage creusé, habituellement sans expression, était cette fois-ci trahi par quelques rides, gouttes de sueur qui marquaient son inquiétude profonde.
Thunor sentit que l’homme avait peur, sentiment à fleur de peau dont se délectait alors le séraphin . La porte se referma et la chaleur de la demeure s’abattit sur lui. Se débarrassant de son heaume, il s’assit à la table, à côté de l’enfant, là où il se trouvait à cet instant. La femme attisait le feu, et préparait la soupe par la même occasion. L’enfant devait avoir dans les 8 ans, et il était ravi de contempler les longues plumes noires du vieux Nephilim.
Thunor sourit.
Il salua négligemment la femme de Morgan et tourna son regard vers l’enfant. Il mit sa main dans sa poche et en sortit une petite souris grise qu’il tendit au bambin. Un rire éclata et la mère en fut tellement surprise qu’une bûche lui échappa de la main pour aller s’écraser sur son pied. Elle hurla. L’enfant se tue. La tension était palpable et Thunor commençait à deviner pourquoi. Il tourna ses yeux vers son vendeur.

« Le marché ne peut se poursuivre séraphin. Les gardes vous ont déclaré hors-la-loi, et malgré tout l’or que vous pourrez me donner, je ne peux prendre le risque d’envoyer ma famille en prison. »
La femme vint lui prendre la main et se serrer contre lui, comme pour faire comprendre au hors-la-loi que c’était une décision réfléchit, familiale et qu’il n’était plus le bienvenue chez eux.

Le guerrier s’en moquait, il n’avait jamais été le bienvenue dans cette famille, et Morgan n’ était qu’un revendeur après tout. Habituellement, la femme invitait poliment le séraphin à rester manger avec eux. Celui-ci acceptait et les affaires se réglaient ensuite.
On parlait de tout et de rien, la mère surveillant les moindres gestes de Thunor, et l’homme racontant au séraphin les ennuis qu’il avait eu récemment. Le fils du Très Haut écoutait toujours avec attention car il savait que chaque nom prononcé par le marchand était celui d’un homme à abattre.
Les deux hommes passaient ensuite dans la pièce arrière. Il fallait parler doucement car la petite dernière dormait toujours à cette heure-ci. Un petit bébé adorable à croquer qui provoquait une montée de salive fulgurante chez Thunor. L’homme indiquait l’endroit dans la forêt ou dans la montagne où il avait caché les corps, les organes, les morceaux. Thunor payait puis partait avec la carte à la recherche de ses réjouissances quotidiennes.

Pas ce soir, apparemment Morgan et sa femme en avaient décidé autrement. Devant le silence du séraphin, Morgan reprit la parole
« je suis désolé, mais vous devez comprendre que je ne peux plus. Il vous faudra trouver d’autres appuis. Je ne vous demanderai plus rien bien sur. Mais il va falloir partir maintenant…. Je vous en prie »
Pour toute réponse, Thunor passa sa main dans les cheveux de l’enfant en souriant. Le visage de la mère se crispa tandis que celui de l’enfant s’illumina
« Merci pour ta souris, elle est gentille. Elle a un nom ? »
« oui je l’ai appelé Tionne ma souris »
« Tu l’as appelé comme la dame de Stonecrest ? Mais c’est pas une dame ta souris, regarde » l’enfant retourna la souris et la montra au séraphin. Thunor sourit
« oh excuse-moi, c’est parce que je ne suis pas plus doué pour voir la différence entre une souris femme et une souris homme qu’ente Tionne et un homme »
La voix de Morgan intervient
« Partez maintenant Thunor ! »

Tout s’est passé si vite ensuite. Thunor est triste finalement, il aimait bien cette famille et elle lui manquerait très certainement. Il se lève enfin et se dirige vers le feu. Le corps du bébé a presque finit de brûler maintenant. Il aurait bien voulu le garder pour le manger, mais il avait perdu son contrôle. Le ton de Morgan ne lui avait pas plu voilà tout. Peu importe, ses intestins s’étalent sur la table à présent. Tuer le père n’avait pas été dur. Tuer la mère non plus.
Tuer nÂ’est jamais dur.


« Partez maintenant Thunor ! »
Le regard du séraphin était devenu rouge sang. Sa main cessa de caresser les cheveux de l’enfant. Celui-ci commença à crier quand la pression des doigts se fit trop forte. Il ne cria pas longtemps.
Thunor souleva son crâne et l’écrasa de toutes ces forces sur la table. Les os craquèrent dans un bruit sec, couvert par les cris d’horreurs de la mère. Le père se jeta sur son arme qui était au mur mais il ne fut pas assez rapide. Thunor était déjà sur lui et il l’éventrait d’un ample mouvement de dague. La mère courut vers la chambre du nourrisson et s’y enferma. Le loquet ne put retenir le guerrier qui de quelques coups fit s’étaler la porte à ses pieds. Il attrapa la femme par la gorge et la souleva de terre. Il la regarda mourir lentement au bout de son bras avant d’entendre le bébé pleurer. Gâcher un si beau moment par des cris de bébé ! Enervé, Thunor avait jeté le gamin vivant dans la cheminé. Les cris n’avaient pas duré longtemps.

Thunor sourit une dernière fois à l’enfant. L’armure brille toujours dans ses yeux et c’est bien la seule chose qui y brille. La cervelle s’écoule par son crane que Thunor a découpé afin d’assaisonner les intestins de son père et la cuisine de sa mère. La petite souris gambade joyeusement sur la table, allant d’un met à l’autre, d’un corps à l’autre.

Par Corwin Elentáris le 17/10/2002 à 21:00:59 (#2354115)

C'est bien écrit.

Par Forestia le 17/10/2002 à 22:05:10 (#2354419)

Décidément, le Thunor que j'ai connu est bel et bien mort... Quel dommage, gâcher une si belle vie !

Par Alynn Jaegar le 17/10/2002 à 22:17:25 (#2354473)

J'adore. :amour:

Par Tenel le 17/10/2002 à 22:29:27 (#2354531)

c'est marrant, autant j'avale 3 romans par jour, autant je peux pas lire un texte aussi long à l'ecran :(

super sinon ^_^ *dit comme les autres :p*

Par Eldarendil le 18/10/2002 à 3:11:16 (#2355354)

*Ecoute sans manifester la moindre émotion la Sylphe qui acheve de lui rapporter ce recit*

Par Taranium le 18/10/2002 à 11:06:26 (#2356466)

*lu :lit: *

T'aurais dû devenir écrivain :)

[edit]Le titre est très bien choisi aussi ;) [/edit]

Par Myriel le 18/10/2002 à 18:17:07 (#2358632)

superbement écrit ...

Re: Banalités (attention! texte violent)

Par Sans Coeur le 18/10/2002 à 21:59:00 (#2360073)

Tres bien écrit j'ai apprécié :)

Et depuis le temps que tu l'attendais ce titre Thuthu ;)

Provient du message de Thunor

Le guerrier sen moquait, il navait jamais été le bienvenue dans cette famille

Provient du message de Thunor

Tout sest passé si vite ensuite. Thunor est triste finalement, il aimait bien cette famille et elle lui manquerait très certainement.

Petite contradiction ?


(à très vite, je t'ai dit sur icq pkoi je passais moins)

Par Eilinel le 18/10/2002 à 22:19:25 (#2360229)

Baudelaire on ta reconnue
:amour:

Eilinel

Re: Re: Banalités (attention! texte violent)

Par Cyann le 18/10/2002 à 22:35:54 (#2360382)

Provient du message de Sans Coeur
petite contradiction ?

Tssss juste un effet de style qui le rend psychopathe voyons...utiliser la contradiction pour montrer un esprit dérangé, c'est très bien :)

Miss M :)

Par Taranium le 19/10/2002 à 1:43:14 (#2361469)

Sans Coeur je te déteste!
Cela empêcherait-il que tu m'aimes? Je crois pas. Donc non, ce que Thunor a écrit n'est pas contradictoire. Un sentiment ne doit pas forcément être réciproque. :)

La première phrase n'est employée qu'à titre d'exemple hein.

Par Sans Coeur le 19/10/2002 à 13:46:27 (#2363359)

Autant pour moi.

Par Missmite le 31/10/2002 à 19:29:04 (#2451508)

J'ai cru entendre le cri de l'enfant que l'on brule vif :confus:

Par Forestia le 31/10/2002 à 19:43:28 (#2451601)

Un rapport avec cette odeur de barbecue qui me faisait saliver ? :doute:

Par Shaena le 31/10/2002 à 21:19:16 (#2452208)

Elle se dirige d'un pas las et sans conviction dans les ruelles de Windhowl. Pour une fois qu'elle change de ville... Mais cette nuit là, quelquechose l'avait appelé... Elle ne savait pas réellement pourquoi, ni comment ça s'était fait mais on l'avait appelé. Alors ses pas la guidèrent vers la simple mais détruite demeure. Déja sur le pas de la porte on voyait couler le sang. Elle entra...
Les cadavres jonchaient la pièce, à moitié dévorés. Ce qu'avait fait l'agresseur était plus lié à la barbarie qu'à la finesse. "Il ne sait pas tuer...", fut la première pensée qui vint à l'esprit de la Nécromancienne. Et on continuait d'appeler... Elle porta alors son regard vers les braises du feu qui se mourrait. Un corps d'enfant était carbonisé. Elle s'agenouilla, se fichant d'ailleurs de tremper sa robe noire dans le sang qui ornait le sol. Cette "nourriture" était une fille. Comment le savait-elle? Aucune réponse ne lui venait. L'enfant criait... Mais dans son esprit. Un cri insuportable qui l'exaspérait mais qui l'appelait à l'aide.
Alors elle comprit ce qu'il fallait faire et, donnant un coup de dague, détacha ce qui restait de la tête au corps. Puis la concentration fit venir l'âme à elle. C'était fini... C'était terminé... Le bébé ne crirait plus. Shaena se leva et regarda la pièce une dernière fois. Les cadavres n'avaient pas bougés, et l'odeur de sang était étouffante.
Puis, enjambant les cadavres des parents, elle se dirigea tranquillement vers la porte et, après s'être retournée une dernière fois, disparut dans l'ombre d'une ruelle.

Il ne sait pas tuer...

Par Naala Blast EC le 20/11/2002 à 18:21:35 (#2604477)

J'adore :)

Et la suite de Shaena aussi (comme tous tes textes, Shaena, d'ailleurs, bravo : :) )

:lit:

Par Spart GreyWings le 20/11/2002 à 18:51:17 (#2604802)

Un peu pareil que tout le monde j'aime bien surtout la fin quand il tue tout le monde, dommage que je sache pas ecrire comme sa
:( :lit:

Par Meriador le 20/11/2002 à 19:16:57 (#2605083)

Lu avec plaisir, merci Thunor