Sur un toit.

Par Khae-Lynn le 9/10/2002 à 21:01:40 (#2307278)

Les nuages avancent au gré du vent qui souffle dans mes cheveux entremêlés et les fait s'agiter en tout sens. A l'horizon, une trainée rougeâtre laisse encore deviner que le soleil vient à peine de se coucher pour laisser place à cette nuit si douce qu'elle en est captivante.

Debout sur le toit d'une maison, bras écartés, je domine la ville de HavreClair et tous ces aventuriers inconscients qui déambulent dans les rues pavées de pierres anguleuses. Je respire toutes ces humeurs qui déclenchent en moi une frénésie propre aux créatures comme je peux l'être. Je préfère ne pas me laisser aller car surgiraient inévitablement ces ennemis qui avaient éradiqués certains de mes compagnons d'infortune dans un grand flot de sang.

Après tout, nous sommes maudits, je crois. Mais maudits par qui? Pas par ceux qui nous ont crée, je l'espère, car je ne me rappelle pas avoir fait quoique ce soit dans ma prime jeunesse pour mériter un tel sort de la part des dieux. Ceux-là même que vous servez, mortels, et qui vous manipulent comme on manipule son jouet favori.

Libre, voilà ce que j'étais devenu. Libérée de l'étreinte de ce monde encore attaché à des croyances futiles, j'ai aperçu enfin ce qui se cachait derrière le voile de ténèbres que vous avez tous appris à redouter. Un autre univers s'est offert à moi, empli de crainte, d'un pouvoir sans commune mesure et d'envies à assouvir.

Bien sûr, il y a toujours un prix à payer, mais j'ai accepté celui qui m'était offert sans remord, sans ce repenti propre à vos petites têtes avides d'une expérience fragile et fragmentaire. J'aspire votre vie que vous arrivez à peine à remplir, c'est plutôt un cadeau que je vous offre. Je vous regarde passer en me demandant ce que vous imaginez, ce qui vous permet d'avancer inexorablement vers cette fin inéluctable sans y faire référence constamment... voilà si longtemps que je n'ai pas connu l'impatience, ce moment d'extase lié à l'éphémère.

Et voilà que vous passez sans me voir alors que vous me regardez tous, vous enfuyant au loin poursuivre vos chimères impalpable. Seriez-vous devenu si pris de cours que vous n'accordiez plus de temps envers vos vrais ennemis? Vos occupations ne sont que liquide s'écoulant entre vos mains sans que vous puissiez y faire grand chose... ne l'ignorez pas et vous aurez peut-être une chance d'être sauvé.

Accroupis sur le montant, je choisis avec parcimonie ma prochaine victime, de préférence un jeune gaillard un peu trop impétueux que je pourrais séduire et amener à une fin indigne de l'aventurier qu'il souhaite ardemment devenir. Je lui déchirerais la carotide et aspirerais ce liquide sombre, synonyme de vie qui coule dans ses veines. Je ressens déjà cet infime battement, tout au fond de moi, d'un coeur qui s'agite déjà à la pensée de ne plus sentir ce goût unique qu'a le sang.

Finalement, mon choix s'arrête sur une jeune femme à la crinière blonde qui semble perdue. Elle est sûrement nouvelle dans cette ville... c'est bien, personne ne la pleurera. Voilà bien cinq siècles que j'attends cela et j'espère bien en profiter à nouveau.

Autrefois, on m'a appelé Iris, mais je suis redevenue Khae-Lynn, jeune femme maudite aux larmes de sang se réveillant d'un long sommeil... et j'ai faim...

Par Aina HarLeaQuin le 10/10/2002 à 1:52:07 (#2308443)

La prétention et la faim peuvent amener au vide total, à l'ennui complet, à ce puit sans fond de morosité. L'extase éphémère du goût de ce liquide vital arraché à un autre ne dure qu'un temps. Et on souhaite la retrouver de plus en plus, pour se perdre en elle. N'est ce pas une autre façon de mourir? Encore plus pitoyable?

Une éternelle assoiffée

up ce post au passage. :merci:

Par Syndrael le 10/10/2002 à 18:49:54 (#2312466)

:lit: :)

*Apprécie*