[Campagne] Envahisseurs

Par Nof SuivantSamedi le 25/9/2002 à 15:37:28 (#2229794)

La tempête hurle, déchaînée, troublant la vision par des trombes d’eau éclatant lourdement sur les pavés du port, le vent claquant avec force et violence sur les vêtements des marins, manquant à chaque instant de les déséquilibrer, eux et leurs lourdes cargaisons. Le mat craque et oscille à la lueur des éclairs, seul éclairage intermittent, alors qu’ils s’affairent, hurlant à l’encontre de leurs congénères à quelques pas d’eux, tentant sans succès de se faire entendre par delà le vacarme des éléments déchaînés. Déterminés, leurs yeux brûlent de l’énergie de la peur.

La bouche déformée par un cri silencieux, il titube en arrière, de quelques pas, avant de sombrer dans le vide. Son corps planté de flèches s’écrase au sol alors qu’un grondement puissant de tonnerre roule, sans fin. Le dernier archer est tombé. La porte massive, centenaire, gigantesque et unique entrée de la ville fortifiée se met à trembler. Ses planches épaisses grincent et gémissent, les lourds madriers de plomb les renforçant se tordent. De lourds chocs sourds retentissent contre son bois pétrifié, toujours plus forts, toujours plus nombreux. Bientôt, toute la ville résonne des coups monstrueux, et, chaque homme, chaque femme valide, met main sur une arme improvisée. Ils ne peuvent plus fuir. Ils vont devoir se battre, le dernier havre est en train de tomber. La guerre est perdue.

Lentement, une à une, les planches cèdent, tombant au sol, le faisant exploser en une gerbe de boue. Dans l’obscurité, milles paires d’yeux flamboient. Deux milles fentes couleur sang. Explosion de lumière, un éblouissant éclair en arrière plan illumine la scène, dessinant leurs ombres. Une silhouette colossale lève un bras d’où pends encore une chaîne rompue, et la horde charge. Chaque ruelle, chaque carrefour, les lames parlent, les membres sombrent dans l’épaisse couche de boue qui se teinte d’écarlate.

La lame glisse le long de sa jambe, transperçant son armure d’écailles, l’éraflant sur toute sa longueur. Poussés par la pluie et le vent, ses braies poisseuses se collent à sa chair à vif, alors que ses camarades le hissent. Partir, fuir, plus aucun espoir ne réside dans leur patrie. Alors que les créatures escaladent de plus en plus nombreuses les parois du navire, ils s’acharnent, hache à la main, sur les dernières amarres. Fuir. N’importe où, mais fuir au funeste destin qui les attend.

Malgré le déluge incessant et glacé, le ciel se teinte d’ocre. Partout en ville, les langues dévorantes des flammes longent les murs, consumants bois et chairs. Plutôt que de rejoindre les Envoûtés, ils entraîneront les Filles avec eux dans la mort. Pas leur maître, ils le savent, il ne peut être vaincu ainsi.

Les mains griffues s’agrippent à son visage, lacérant sa peau. Il tente de se dégager, la créature resserre sa prise en plongeant ses ongles dans la matière molle et gluante de ses yeux, qui explosent comme des baies trop mures. Il hurle, et la lame du monstre se plante dans sa gorge. Il s’écroule. Son dernier souffle lève son bras. Sa hache retombe sur la corde. Le navire, malmené par la mer déchaînée, s’éloigne du port, alors que les derniers envahisseurs sont jetés par-dessus bord.

- Qu’est ce qu’il a ? Il a l’air fiévreux… on ne peut pas le laisser là.

(A suivre)

Par Thallya le 25/9/2002 à 18:26:42 (#2230886)

:lit: :lit: :merci: :merci:

Attend la suite avec impatience.