Comptons jusqu'à trois.

Par Jeanne DoreggaN le 16/9/2002 à 22:20:11 (#2170416)

Union des regards, deux faisceaux se croisent, s’accrochent, se fondent et s’abîment, langoureusement, dans une caresse éthérée qui n’existe qu’au fond de ces yeux aimants. Deux aimants, oui, soudés par un magnétisme puissant, qui attirent les corps l'un à l'autre, inexorablement.

Union des corps, fiévreuse et confuse, dans une animalité tendre et exquise, la peau contre la peau, les lèvres sur les lèvres, jusqu’au plus intime, avec l’inimitable désir de la fusion, de salive, de sueur et de sang. S’aimer sans masque et sans retenue, pour que le corps ne fasse qu’un.

Union des cœurs, au-delà de toute barrière, par-delà toute limite, plus loin que la raison, pour le seul bonheur de tout offrir et tout partager. L’amour abstrait qui lie les âmes de son fil d’éternité, couturier modèle sachant broder les destinées pour leur donner le plus beau des visages.

Union des vies, pour l’équation primordiale, pour que l’un et l’autre, l’un en l’autre, l’un à l’autre, fassent trois. Et de ce commun accord, l’amour fécond apporte le fruit de toute union : l’être né des deux êtres.


Ils avaient porté Jeanne au plus vite, tous savaient que c’était imminent et elle n’avait aucun doute à ce sujet. Les prêtres du temple l’accueillirent avec un calme pratique et responsable, ils l’installèrent sur une couche épaisse où la Sœur s’occuperait d’elle. La douleur avait été insupportable et déchirante, comme si elle voulait être à la hauteur de l’alchimie prodigieuse dont elle était l’ultime étape. Jeanne se raccrochait à Neo, agrippée à son regard, suspendue à sa main, fixée sur sa pensée, et cela suffisait à la préserver du pire. Le meilleur tarda infiniment, pour s’éveiller enfin dans un cri perçant, tout noyé qu’il était par sa première bouffée d’air. Sa mère devrait attendre encore avant de poser son regard sur lui –ou sur elle ?–, le soulagement lui avait arraché ses dernières forces, et la main que tenait Neo était redevenue molle…

Par Kehldarin Osten le 16/9/2002 à 23:30:51 (#2170775)

Il est peu de joies dans la vie des humains si fortes, indiscutables et appaisantes : quand votre coeur s'élance et semble ne pas vouloir redescendre ; quand votre propre cadeau à la vie vous surprend et vous émerveille, et que vous osez enfin voir que ce cadeau c'est aussi celui que la vie nous fait.

Dans sa tête les pensées se mélangeaient, s'imbriquant en une émotion si intense et si troublante. Le visage rougissant, Kehldarin s'empressa de quitter le temple. Il avait l'impression de voler le bonheur qu'il voyait en restant, en quelques sortes. Mais avant de sortir, il se retourna vers sa filleule, leva la main deux doigts joints, et murmura pour lui-même :

Qu'à jamais les miracles d'Artherk te gardent dans la lumière et la joie de la vie, et qu'il offre toujours le bonheur à ton coeur resté pur, Jeanne.

Se mordant les lèvres, il ne put terminer sa bénédiction, transporté de joie, de respect et peut-être bien d'amour. Mais dans son regard il y avait la joie simple et absolue de ceux qui savent qu'ils sont déjà exaucés.

Par Balkis Legend le 16/9/2002 à 23:39:48 (#2170807)

Un être fait son entré dans ce monde. Espèrons de tout coeur qu'il ou elle se portera bien entouré de ceux qui sauront l'aimer.

Felicitation a vous deux.

Très joli tes textes Jeanne :chut:

Creer la vie.

Par Alanis Lyn le 17/9/2002 à 4:23:07 (#2171660)

On parle tant de la magie de la mort, et si peu de celle de la vie. De celle qui cree un etre à partir du neant, l'eleve vers l'existence... Quelle responsabilité, quelle puissance entre les mains de ceux qui l'invoquent. Le realisent-ils ?
Oh, il n'est peut-etre pas de plus belle chose que l'amour d'un enfant, que de voir grandir et murir cette partie de soi, cette creation qui n'a ete qu'une en son etre avant de devenir conscience unique, avant de devenir son propre chemin d'avenir.
Mais une faiblesse aussi, comme chaque chose precieuse à laquelle on lie son coeur, à laquelle on enchaine un fragment de sa vie.
C'est un aboutissement, un commencement, une quete, parfois si longuement attendue, quelque fois imprevue... mais jamais anodine.

Par Syndrael le 18/9/2002 à 11:34:16 (#2179034)

Les enfants sont parfois agréables à fréquenter.. quand ils sont chez les autres. Car valent-il la peine d'y perdre liberté et jeunesse ?..
Contrainte et alienation, puis bonheur ephémère, et douleur de l'émancipation.. certains bonheur sont hors du temps, au delà.. Pourquoi chercher et tout risquer lorsque l'on est comblée ?

*Se souvient d'avoir dû récemment subir le spectacle d'un accouchement très.. très éprouvant.*

Par Lysanda le 18/9/2002 à 18:28:17 (#2182442)

Elle apprit la nouvelle avec un sourire, La mère allait bien, le petit aussi, l'avenir se profiler merveilleusement pour Neo et sa petite famille, cette simple pensé la remplissait de joie, il n'est rien de plus doux que de voir le bonheur s'intaller aprés la tourmente.