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Disparaître après mourir
Par septimus le 16/9/2002 Ã 11:56:48 (#2166373)
J'erre, sans but, dans le monde des morts trop actifs, en frontière avec les vifs. Ma vision d'eux est changée. Je les perçois en noir et blanc, privé des couleurs de la vie. Je les vois tels qu'ils seront un jour, raides et froids dans leur couche mortuaire. Je vois les vivants tels qu'ils seront un jour ici : morts. Rien en eux ne m'attirent. Je suis mort et ils le seront bientôt : Quel intérêt à s'en occuper si c'est pour ne rien changer?
J'avais une tâche, un but à remplir, qui a guidé ma vie et était sensé guidé ma mort. Mais je n'ai plus qu'un vide immense au milieu de moi. Je me rappelle vaguement la lumière que j'étais quand je suis arrivé ici, éclairant les morts comme un soleil qu'ils n'avait vu depuis des siècles. Ma lumière est maintenant une flammerole, une faible lueur de bougie, vacillante dans un vent qui n'existe pas, ou qui n'existe que dans mon âme.
Je sais, ou plutôt on me souffle, que je pourrais la rallumer en me "servant" dans les sentiments des autres, m'en nourissant comme un carnivore se délecte de la viande qu'il avale. Mais je ne peux m'y résoudre. C'est leurs sentiments, leurs vies, et je ne renierai pas ce que j'étais de mon vivant, même si je ne m'en rappelle pas beaucoup. Je ne demandais pas et donnais, donnais sans rien attendre en retour. Je ne prendrais pas pour ne rien rendre maintenant. Aussi sûr que cette flamme qui s'éteint, ca me détruirait.
Ma flamme vacille comnme je me sens happé vers le bas, mais cette fois, elle se rallume soudain pour briller d'un nouvel éclat. Les hasards de mes errances m'ont amené devant une vivante. Elle semble dormir dans une grotte profonde. Pourtant, ses rêves m'apparaissent. Elle est vivante, mais ils sont morts. Je les vois clairement : morts et dispensateurs de morts. Je contemple le visage de cette personne qui possède de si ténèbreux rêves, ou cauchemars, et celui-ci me dit quelque chose. Un soupçon de mémoire s'agite en moi, cherchant à faire surface. C'est important, je le sens. Un nom. Un nom qui a guidé ma vie et ma mort. Un nom, un tâche, un but, une destinée.
Eternitia !
Son nom comme ma mémoire traverse les frontière des morts et des vivants. Le nom de mon aimée. Comment ai je pu l'oublier? Ses rêves comme son destin est toujours aussi sombre. Je m'assois ses cotés, murmurant son nom, caressant ses longs cheveux de jais de ma main éthérée, mais elle ne peut m'entendre, ne peut me sentir. Ses rêves, ou ses cauchemars, sont toujours aussi affreux. Je tente de les infléchir vers plus de douceur mais je suis trop faible. Que faire?
Je doute qu'elle ait jamais compris mon but avec elle. Elle m'a toujours repoussé, pensant sans doute aux divers désirs inavoués que j'aurais pu avoir. Si elle avait su. Vouloir son bonheur, qu'il soit dans la Haine et l'Amour, la Colère ou l'Amitié. Tel était et restera mon but. Mais elle ne connait pas ou peu l'autre facette de l'Humanité. Que faire?
Encore une fois, la pensée du sacrifice final me vient à l'esprit : lui donner mes sentiments, mes pensés, ma mémoire ou ce qu'il en reste. Elle connaitrait ainsi l'autre face de l'Humanité, sans jamais l'avoir vraiment vécu. Elle pourrait ensuite choisir en connaissance de cause, entre la Haine, l'Amour, ou tout autre voie entre. Je resterais en elle, un peu comme une conscience, à lutter contre son ascendance haineuse. Mais ce ne serait qu'un relicat de moi, une empreinte plutôt. J'aurais disparu entièrement, et du royaume des vivants après ma mort, et du royaume des morts après ce dernier sacrifice.
J'hésite encore devant ce choix sans retour possible. Si je disparais, je ne pourrais plus infléchir ses choix de manière consciente, mais si je ne le fais pas, je ne suis pas sûr de pouvoir le faire tout court. Je pleure sur son triste sort, le mien ne comptant peu, et mes larmes traversent la frontière entre nos mondes, cristalisant durant le voyage.
Un petit diamant repose sur sa poitrine comme elle dort, de son sommeil si tourmenté.
Par Eternitia LQCA le 16/9/2002 Ã 22:42:06 (#2170539)
Comme chaque soir, elle était allée au hasard, tantôt sur les pavés, tantôt sur une plage. Elle s'y était arrêtée, avait regardé le ciel sans lune, écoutait la mélancolie des vagues.
Puis lorsqu'elle s'était sentie lasse, elle avait fait demi-tour, croisant ci et là quelques passants dont la plupart sortaient ou se rendaient à la taverne.
Elle était revenue dans cette sombre caverne où elle s'était éveillée. Combien de temps cela faisait-il ? Elle n'en était plus sûre... Elle s'était allongée, dos au mur, comme toujours pour faire face à l'entrée, prévision en cas d'une éventuelle visite inopportune. A côté de sa couche, composée de deux morceaux de tissus dont un servait à la protéger de la rigueur du sol et l'autre du froid et de l'humidité de l'antre, était posée une fine dague à la lame torsadée.
Elle avait fermé les yeux et comme chaque nuit, elle avait fait le même rêve... ou plutôt le même cauchemard... Toujours de la même façon, elle revoyait ce champ de bataille où beaucoup avaient péris... ce champ de bataille où pour la première fois elle avait tué un homme... Tous les autres auparavant attaqués avait été sauvés par leur pierre de destinée. Mais celui la... il était vraiment mort... jamais elle ne l'oublierait même si elle savait qu'Elle avait guidé son bras.
Puis comme chaque soir, ce vide, ce trou noir et cette vision... celui qu'elle aimait... disparu... au pied d'une falaise... lui non plus ne se relèverait jamais. Et pourtant elle espèrait.
Puis, alors qu'elle se voyait elle-même dans ce rêve, elle entendait cette voix, ni celle d'un homme, ni celle d'une femme... cette voix qui lui avait ordonné, qui l'avait obligée à vivre le soir où elle avait voulu mourir. Cette voix... qui l'avait condamnée à transmettre encore et toujours ce message dont elle était la porteuse. A chaque fois, sans pour autant la réveiller, son tatouage, cette rose noire qu'elle portait depuis toujours au creux des reins s'était mise à la brûler.
Mais ce soir là , elle s'éveilla, quelque chose venait de la toucher, quelque chose de froid... même de glacial... elle regarda sa poitrine et y vit une minuscule goutelette, une larme... mais elle n'avait pas coulé de ses yeux.
Elle se redressa brusquement, l'oeil aux aguets, l'oreille sur le qui vive. Rien... elle eut beau scruter l'obscurité de la grotte... rien... Et pourtant elle avait une sensation étrange, elle ressentait un présence...
Puis elle se souvint de cette étrange discussion... entre Mallefica et Lord... ils parlaient d'un fantôme, d'un Ange voulant la protéger... Le nom de Septimus avait été évoqué...
Cela lui paraissait impossible, on ne pouvait parler aux morts... et pourtant... Elle se redressa un peu plus, s'adossant à la paroi et ramenant l'étoffe qui lui servait de couverture contre elle.
Septimus ? C'est toi ? Si c'est bien toi je t'en prie parle moi... Je suis si mal.
Comme elle prononçait ces mots, une larme coula sur chacune de ses joues.
Par septimus le 17/9/2002 Ã 1:19:44 (#2171272)
Jamais les frontières des mondes ne m'ont été aussi frustrantes. Jamais je ne regrette autant d'être mort. Elle a besoin de moi. Elle a besoin de moi, et je ne peux rien faire. Elle pleure, et pour la première fois, je ne suis pas là pour la consoler. Ses larmes coulent sur ses joues, et je crie mon agonie de ne pouvoir la réconforter. La lumière qui me compose augmente d'intensité comme ma rage de l'aider progresse, comme mon désir de la prendre dans mes bras et de la réconforter est mis à l'exergue. Mon amour pour elle et pour son bonheur me donne la force, me donne la puissance. J'ai prêté serment : je ne dois pas la trahir.
Soudain, je sens la foi que j'avais épuisée me revenir, cette foi dans mon Dieu qui m'a permit de mettre dans le droit chemin les disciples de mon Dieu. Je Le sens prêt de moi. Il me donne la force pour agir sur le monde des vivants. Mais je comprends à ce moment que c'est la dernière fois que je la verrais de ce coté-ci des abysses.
Une lumière dorée apparaît devant Eternitia. Elle gagne en intensité de seconde en seconde, jusqu'à dévoiler en son sein un silhouette humaine. Elle continue à grandir comme de longues ailes roses et dorées se déploient dans la grotte, l'illuminant d'une couleur digne du plus beau soleil couchant. Les trait de la silhouette s'affine, jusqu'à laisser entrevoir l'homme qu'était Septimus : une silhouette petite et frêle, avec une chevelure marron et courte. Les paupières de l'être de lumière s'ouvrent pour dévoiler un regard bleu acier perçant. Celui-ci est doux et plein de générosité, et se pose avec amour sur Eternitia.
Un bras de lumière et d'or se lève, et sèche une larme sur la joue d'Eternitia comme celle ci allait tomber par terre. La larme devient or et éclabousse la salle de sa lumière dorée métallique.
Je suis là Eternitia. Je suis ton ange, ou c'est ainsi que les autres me désignent. J'ai pu être Septimus, je ne sais plus. Je ressens ta douleur mon aimée, je ressens ta peine. Je peux t'aider comme je l'ai promis dans un lieu que je ne connais plus, et te sauver du mal qui te ronge.
Le veux tu mon aimée?
Je peux l'aider certes, mais je lui mens en même temps. Un mensonge comme ceux que je faisais de mon vivant. Un mensonge qui me coute à moi, pas à elle. Un mensonge pour qu'elle soit heureuse. Je peux l'aider, mais ce faisant, je disparaîtrai. qu'elle choisisse de la voie qu'elle souhaite prendre. Je m'efforcerai d'aider son libre arbitre.
Par Eternitia LQCA le 17/9/2002 Ã 1:36:53 (#2171347)
Néanmoins et malgré son incrédulité, elle espérait tout au fond de son être de revoir celui qui l'avait tant de fois aidée, protégée... Elle attendit, chaque seconde paraissant une éternité, accentuée par le silence de la nuit.
Lorsque cette lueur apparut, au début faible et frêle puis prenant plus d'importance à chaque instant, Eternitia ne put s'empêcher de cacher ses yeux de son draps. Décidément elle ne supportait vraiment pas la lumière.
Elle fit néanmoins un effort et après nombreux clignements de paupières, elle put l'apercevoir. Il n'avait pas changé... Ainsi Lord et Mallefica avaient raison... même au delà de la mort, il était resté fidèle à ce serment qu'il lui avait fait le jour où il lui avait déclaré son amour...
Elle le fixa, à la fois abasourdie et heureuse. Elle reconnut ce regard plein de bonté qu'il avait si souvent posé sur elle.
La forme lumineuse lui proposa de l'aider, tout comme elle le lui avait demandé quelques instants auparavant.
Comment veux-tu m'aider ? Que sais-tu de mon mal ?
Elle le fixa intensément, ses yeux noirs d'habitude vides de tout sentiment étaient à présent emplis de larmes.
Par septimus le 17/9/2002 Ã 15:38:39 (#2174145)
Je porte mes mains à ses joues pour sécher les larmes qui les innondent.
Je peux t'aider mon aimée. La Haine t'a choisi comme réceptacle, t'empêchant autant que possible d'être libre de tes choix. Elle t'empêche de connaître l'Amour, l'Amitié et le bonheur. Elle te pousse à faire des actes que tu ne veux pas faire. Elle te vole tes choix. Elle te vole ton humanité.
Moi qui t'ai appris à écouter ton coeur. Moi qui y ai gardé une petite place malgrès la mort, les desastres et le cataclysme. Je connais ton coeur, je l'entends d'ici. Il est envahi par la Haine et il crie famine à d'autres sentiments.
C'est en cela que je peux t'aider. Je suis mort et vais bientôt disparaître. Je peux te donner les sentiments qui te manquent. Je peux te donner mes sentiments, mes pensées, le reste de ma mémoire. Je peux te léguer cela. Je pense que tu les connais, que tu peux me faire confiance pour ne pas te tromper. T'ai-je jamais trahi?
Ca y est. Je lui ai tout dit. Je voulais lui cacher ma fin prochaine, mais je n'ai jamais rien pu lui cacher. Elle sait tout. Un fond d'angoisse m'envahi comme je pense qu'elle pourrait me repousser comme elle l'a fait tant de fois. Va t elle croire que je veux la posséder comme un vulgaire fantome? Le doute m'étreint et je manque de défaillir dans les limbes du néant.
Non, elle connait ma vertu et mon serment, elle ne doutera pas de moi. Je reprends confiance et ma lumière, celle qui me porte au delà des cercles des mondes dans celui-ci, reprends sa vigueur. Maintenir cette forme me coûte beaucoup.
Dépêche toi mon aimée et amie. On m'appelle. Pose tes questions et fais ton choix, libre de toute influence.
Je plonge mon regard dans le sien, attendant sa réaction. Je pose mes mains dans les siennes. Le contact en est doux et chaleureux.
J'essaie par ce contact à éloigner la Haine de son esprit. Il ne faut pas qu'Elle l'influence, pas aujourd'hui.
Par Eternitia LQCA le 18/9/2002 Ã 22:03:49 (#2184168)
Elle répète en elle même chaque mot qu'il prononce, en décomposant chaque syllabe.
Après avoir glisser sa main dans ses longs cheveux, elle le reagrde de haut en bas.
Si j'ai bien compris, ce que tu veux faire va te coûter si l'on peut le dire ainsi, ta vie de fantôme... est ce bien cela ?
Tu n'as pas l'air bien ainsi, et si j'ai bien compris ce que tu m'as dit, alors oui, tu as mon accord...
Une nouvelle fois, ses yeux s'emplissent de larmes. Cette fois, elle le perdra à jamais.
Par septimus le 19/9/2002 Ã 12:09:26 (#2187136)
Je lui souris tendrement. Elle a accepté. Même à l'approche de ma disparition imminente, je suis comblé de bonheur. Mon bonheur est toujours passé par celui des autres, et longtemps ai je été malheureux, car elle l'était aussi. En acceptant ma proposition, je suis certain de pouvoir la rendre heureuse. Mon sacrifice ne sera pas vain, j'en suis certain.
Merci mon Dieu. Même à la fin, Tu ne m'auras pas abandonné alors que j'ai failli le faire. Si Tu peux m'entendre, écoute ma prière et mes remerciements. Je ne Te rejoindrai pas aux Elysées comme Tu aurais pu le souhaiter, mais ma récompense est plus grande encore : je vais faire le bonheur de celle que j'aime.
Ma lumière augmente en intensité comme je me prépare au dernier sacrifice. Mes ailes se déploient, et la grotte, si triste auparavant, s'illumine d'une chaude et bienfaisante lumière. Je soulève Eternitia de sa couche et la prends dans mes bras, plongeant mon regard dans le sien. Je la sens apeurée, mais mon contact et doux et réchauffe sa peau.
Je passe pour la dernière fois ma main dans ses cheveux, et lui souris. Je replie mes ailes sur nous, pour nous englober dans la lumière qu'elles émettent. Elle baigne désormais dans la lumière. Celle-ci est jaune et mordorée, avec des reflets bleus. Je commence à lui donner mon essence. Mes ailes, en contact avec sa peau, commence à doucement rentrer en elle, la fortifiant intérieurement. Elle me regarde, effrayée, et je la rassure.
N'ai pas peur. Je te lègue mes sentiments et mes souvenirs, pour que tu les connaisses et apprennes d'eux. C'est mon héritage et je te lègue tout. Ne crains pas l'Amour que je te donne, ne crains pas l'Amitié que tu reçois. Ais confiance en moi.
Mes ailes éthérées ont disparus, remplissant son coeur et son être de la bonté et de la générosité que j'ai pu posséder. Je l'enserre de mes bras, ceux ci commençant à fusionner avec elle, lui donnant ma mémoire ou ce qu'il en reste. Le reste mon corps suit, la fortifiant de mes sentiments pour que son coeur connaisse enfin d'autres sentiments. Enfin, je m'adresse à elle pour la dernière fois.
Adieu mon aimée. Ne me pleure pas, car j'aurais réussi ma vie et ma mort. Vie ta vie comme tu l'entends. C'est mon legs, ma dernière volonté.
Adieu mon amie.
Je l'embrasse tendrement comme les dernières parcelles de mon corps disparaissent, comme mes derniers sentiments lui sont données, comme mon Amour lui est donné sans attendre de retour. La lumière diminue peut à peu, et la grotte retrouve son aspect initial, lugubre et froid. Quand elle reouvre les yeux, il ne reste plus rien dans la grotte...
Fin
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