Nuit d'été à Windhowl

Par Leuan le 28/8/2002 à 12:16:48 (#2044500)

Accoudé à la balustrade d'une terrasse suspendue au-dessus de l'eau Leuan regardait le lent ballet des derniers bateaux qui rentraient au port dans le jour finissant. Les gens de Lunedor n'étaient pas de grands navigateurs et se limitaient à des sauts de puce le long des côtes, leurs pêcheurs revenant toujours à la nuit après une journée en mer.

Sang de Lune... comment un seul conte de vaisseau fantôme à dormir debout avait pu quasiment vider les mers depuis des époques immémoriales, depuis le temps des Elfes et des Nains ? Le jeune paladin soupira en regardant les coques ventrues et pataudes défiler devant lui en se dandinant avec la grâce de bouchons de liège. Aucun navire de ces contrées n'aurait réussi à garder l'allure d'une simple nef de commerce Avalléanne. Les quelques navires d'origine Angelusienne qu'il avait pu voir, pris lors de quelque guerre passée sans doute, valaient un peu mieux mais leurs équipages Lunedoriens semblaient souvent n'en exploiter la voilure qu'en partie.

Le Sang de Lune ? Peut-être mais il n'y avait pas que cela... Luirn Clar lui avait dit que de plus les distances entre les îles du royaume étaient si grandes que la navigation entre elles n'était pas envisageable mais des Angelusiens le faisaient bien parfois, eux, pour vendre leur pesant d'or leurs miroirs et armes d'une qualité bien supérieure à presque tout ce qui se faisait dans Lunedor. Quelques hardis corsaires faisaient aussi le voyage parfois, si leurs fanfaronnades n'étaient pas que du vent.
Au cours des trois années presque entières qu'il avait passées à Windhowl Leuan avait réussi à se procurer quelques plans de navires et cartes maritimes, soigneusement conservées dans son domicile de Stonecrest. Il avait prêté une oreille attentive aux quelques marins qu'il avait réussi à saôuler de sa poche ou surprendre en état d'ébriété et qui avaient fait le voyage entre les îles... chose moins facile qu'on ne pourrait le croire puisqu'il s'agissait souvent d'hommes choisis pour leur discipline et leur loyauté...

Il estimait qu'un navire Angelusien correctement gréé devait se rendre de Raven's Dust à Arrakas en cinq semaines. Rien d'insurmontable pour les Lunedoriens s'ils avaient eu des embarcations dignes de ce nom. Mais la monarchie Lunedorienne semblait avoir un amour immodéré pour le seul moyen de transport actuellement disponible et la possibilité qu'il offrait de trier les candidats au voyage en exigeant d'eux richesse, passé sans tâche et services rendus à la couronne dans les guerres contre les gobelins, les orques et les brigands d'Arrakas.
Sa chère Ysengwen avait amplement donné la preuve qu'en fouinant un peu et en contactant les bonnes personnes tout restait possible. Mais le résultat était là, les nouveaux venus sur l'île de la capitale royale n'y arrivaient qu'au compte-goutte et pour la plupart dûment autorisés.

Et comme les vaisseaux qu'il voyait passer devant lui les arts et les techniques, sans parler du commerce, n'avançaient qu'avec peine... Mais ce prix et la vulnérabilité qu'il entraînait face aux Angelusiens ne pesait apparemment pas bien lourd dans la balance face à la stabilité que la monarchie Lunedorienne semblait vouloir trouver dans la paralysie des hommes et des idées...
- Messire, il se fait tard. Je crois que je devrais rentrer. Le couvre-feu vous savez. Un monsieur bien habillé comme vous ils ne lui feraient sans doute rien mais un pauvre hère comme moi...
Souriant Leuan fit signe au jeune homme qui avait partagé son repas de ramasser sa caisse à outils et ils s'enfoncèrent dans les ruelles du quartier du port. Soudain en proie à une crise de fou rire, tirant l'épaule de l'autre le jeune paladin lui murmura à l'oreille :
- Fait moi plaisir, je veux croiser autant de ces satanées patrouilles que possible, et surtout qu'ils me voient.

Il avait appris ce qu'il voulait savoir. Le déclin du commerce dans le port de Windhowl au profit d'Havreclair suite à l'invasion de la ville avait entraîné une baisse d'activité notable parmi les charpentiers de navires, les tisseurs et apprêteurs de voiles, forgerons spécialisés et autres métiers associés... au point que son jeune compagnon lui avait dit que trouver du jour au lendemain une soixantaine de travailleurs hautement qualifiés pour ce vaisseau de plaisance qu'il avait feint d'avoir en tête serait on ne peut plus facile.
Une quantité importante de ces gens vivaient maintenant sous la menace du désoeuvrement forcé, et ne portaient dans leur coeur ni les Ogrimariens ni le roi Théodore.

En tant que Rédempteur il avait le devoir d'aider les plus désemparés d'entre eux. Mais les Ogrimariens auraient sans doute un peu de mal à croire que son seul bon coeur l'attirait dans ces ruelles malodorantes, alors il allait leur fourrer sous le nez l'explication évidente, commode, satisfaisante qui le rendrait pour ainsi dire invisible. Peut-être, plus tard, aurait-il à faire appel aux services de ces constructeurs de navires. Ce n'était pour l'heure qu'une vague intuition mais en tout cas il comptait revenir fréquemment dans les environs et il ne faudrait pas que sa présence éveille trop les soupçons.

Il se demandait juste avec un certain amusement jusqu'où l'information de son nouvel intérêt pour les bas-fonds remonterait...

Par zdravo le 28/8/2002 à 13:42:01 (#2045087)

:lit:

très bien écrit ;)

mais au juste... tu dis havreclair ( Lh :p ) mais pas hurle-vent ( wh ) (heuu SC g oublier :p )

C un terme propre o red ? :confus: :aide:

Par Imris-Delacour le 28/8/2002 à 18:02:17 (#2047075)

*termine de lire* Super il est beau ton texte.

Par Tcharek M'Sakar le 28/8/2002 à 18:16:53 (#2047170)

:lit: :)

Ah le sang de lune! Je suis content de voir que cet legende est utiliser dans ce texte.

j'ai bien aimé ton récit. Trés bien écrit :merci: