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Retour à Trandling - 57ème partie
Par Galadorn le 11/8/2002 Ã 21:39:15 (#1947670)
Quelque part dans les entrailles de la montagne, l'eau égrénait le temps sur un tambour lisse et sombre. Les gouttes tombaient à l'identique dans un lac souterrain, et par un phénomène singulier d'accoustique, le clapotis régulier lui parvenait distinctement à travers les failles et les crevasses qui parcouraient la roche.
Sa langue était enflée, ses muscles étirés réclamaient un répit dans la douleur, et ni l'un ni l'autre ne parvenaient à tirer de sa bouche un quelconque son. Au fil des heures, ses hurlements noyés parmi ceux des fantomes qui sifflaient à ses oreilles s'étaient transformés en cris, ses cris étaient devenus des plaintes, les plaintes s'étaient muées en gémissements. Les jours s'étaient succédés sans qu'il puisse en garder le compte précis, rythmés par des hoquets de souffrance. Il avait cessé d'entendre les soupirs des mânes et les vibrations émanants de la Porte, seul le bruit de l'eau l'atteignait à travers son délire.
Lorsque sa conscience sombrait dans les méandres d'un sommeil agité, il ignorait s'il s'agissait d'épuisement ou s'il s'était évanoui. De toute manière, il n'en acquérait qu'une parodie de repos, alors que son estomac avait renoncé à se plaindre de la faim qui lui triturait les intestins. Hors d'atteinte, l'eau qui étancherait sa soif s'écoulait impertubablement. En même temps que la vie s'enfuyait de son corps, chaque écho lointain lui rappelait que l'instant de sa mort se rapprochait.
L'homme était attaché sur une table de basalte, écartelé par des chaines forgées dans un acier sombre et mat. Il n'avait pour tout vêtement qu'un pantalon de cuir grossier, utilisé par de nombreux aventuriers et mercenaires d'Althea. Sur sa peau nue ici et là les plaques de sang coagulé contrastait avec son teint pale. Aux endroits où le liquide vermeil avait coulé sur la pierre, la surface était devenue plus noire, avait dessiné des veinules qui se superposaient à d'autres artères plus anciennes. La roche semblait avoir bu avidement la sève qui s'était répandue de ses multiples blessures avec lenteur, n'en laissant aucune trace atteindre le sol. Les entailles qui couvraient le corps du prisonnier étaient superficielles, et avaient été causées avec une précision morbide.
Ses cheveux blonds étaient plaqués par la sueur sur son front, et ne dissimulait pas l'anomalie de son visage encore jeune, l'absence de ses yeux. Nulle cicatrice pourtant n'était visible à cet endroit. Sa barbe était en broussaille, mêlée de salive et de sang. Autour de son cou, il portait un médaillon dont la pierre précieuse reposait sur sa poitrine lacérée, et qui pulsait faiblement au rythme des battements de son coeur.
Galadorn.
Son nom vint se répercuter dans le labyrinthe dévasté de sa mémoire en lambeaux, réveillant un ouragan de souvenirs épars. Il s'appelait Galadorn, et il était un prisonnier du pouvoir sous la cité-forteresse de Trandling.
Une conversation l'avait tiré de sa torpeur, mais il ne bougea pas. Des éclats métalliques aux accents amortis, des raclements de bottes signifiaient le retour des hommes en armure vêtus de leur robes en tissu épais. Ses gardiens.
Au cours de sa captivité, il avait eu le temps de se familiariser avec les environs immédiats, et à en juger par les échos, la salle dans laquelle il se trouvait devait excéder en dimension la nef principale de l'église de Lighthaven. Il avait estimé que la voute se trouvait très haut au dessus de lui, à une quinzaine ou une vingtaine de mètres, mais privé de sa vue il n'avait pas pu le vérifier. La température était plus froide que dans d'autres partie des cavernes, comme lorsqu'il était arrivé dans le Labyrinthe d'Obscurité.
Le climat sous-terrain ne subissait pas l'influence des saisons. Loin au sud, sur les iles du royaume de Goldmoon, la neige recouvrait encore les champs, mais ici sous la terre, l'air avait été agréable à respirer, même s'il transportait avec lui un parfum capiteux de champignons et de moisissures. Après seulement quelques heures d'exploration, Galadorn s'était débarassé de sa lourde pelisse. En ce lieu, dans cette cave, il frissonnait. Seul son épuisement l'empêchait de trembler, alors que le froid s'immiscait peu à peu dans son corps, et que l'engourdissement gagnait ses muscles tétanisés.
Il reconnut la première voix, aux inflexions harmonieuses et douces. Elle appartenait à un homme qu'il avait surnommé "le chef de la meute", simplement parce que tout dans ses propos rappelait une personne habituée à commander et à être obéi sans avoir à hausser le ton. Les autres voix lui parlaient toujours avec révérence, et le consultaient sur divers sujets. Il avait ainsi appris que l'armée que commandait Zeed se trouvait encore à une dizaine de jours de Trandling. Cette nouvelle l'avait anéanti.
Il s'était imaginé que sa mission aurait été de trouver un moyen de fermer la Porte des Morts, pendant que son ami et ses soldats mèneraient bataille à la surface. La diversion lui aurait permis de se faufiler jusqu'à la gemme qui en controlait l'accès. Le signal avait été clair, même si le paladin ne lui en avait pas parlé dans sa lettre: Zeed lui avait fait parvenir sa propre pierre de destinée. Que s'était il donc passé? Quelqu'un l'avait il obligé à trahir son ami? Etait il mort?
Quoiqu'il en soit, Galadorn avait raconté tout ce qu'il savait à ses bourreaux. Là où la souffrance n'avait pas suffi, la sorcellerie avait déchiré son âme afin d'en extraire ses secrets.
C'était toujours la même personne qui le torturait. Le jeune homme lui avait donné pour sobriquet "le fou", car l'homme ricanait et marmonnait tandis qu'il pratiquait son art avec adresse. Son discours était pour la plupart du temps incohérent, et les mots les plus fréquents de son vocabulaire étaient "fascinant", "douleur" et "patience". Le moindre des plaintes de sa victime provoquait chez "le fou" un hulullement aigu, qui lui tenait lieu de rire.
Le "chef de meute" ne semblait pas s'intéresser à la prophétie, et ses questions avait surtout été centrées sur la pierre de destinée du Berseker, que Galadorn avait emmené avec lui. Il avait du narrer à trois reprises la mystérieuse apparition au temple, à chaque fois complétant sa description avec de nouveaux détails, avant que "Le fou" ne cesse de lui cisailler les biceps du bras droit. Dans un recoin de son esprit, derrière les sanglots et la honte d'avoir trahi son ami, sa conscience lui soufflait qu'il avait livré à ses tortionnaires une arme contre le paladin.
Les intonations du second personnage lui étaient inconnues. Ce n'était pas "le fou", mais un apprenti ou un élève du premier.
"- Seigneur, j'ai bien compris la nature du lien qui existe entre la pierre du prisonnier et celle de notre Maitre. Cependant, je n'ai pas encore saisi pourquoi il n'aspire pas sa vie au moyen d'un simple rituel de nécromancie."
Sa voix était un octave en dessous de celle du "chef de la meute", mais en avait le même caractère léger.
"- l'absorption ne transmet que la vitalité de la cible. Dans le cas présent, au fur et à mesure que notre victime se vide de son énergie, sa pierre de destinée assimile son essence, dont nous allons nous emparer."
"- Je comprends, Seigneur. La subtilité du méchanisme est de ne pas provoquer une mort violente, sinon la gemme le ramènerait à son sanctuaire en le reconstituant, mais d'attendre que la pierre gorgée de souvenirs libère la vie dans le canal que vous avez ouvert par le rituel."
"- Exactement."
Les deux hommes se tenaient devant le grand autel, à quelques pas de lui. Ils devaient sans doute l'observer tout en l'étudiant.
"- Mais pourquoi prendre tant de précautions pour un aveugle? Quelle importance sa vie a t'elle pour Lui?"
"- C'est parce qu'il s'agit d'un Rêveur..."
"- Un Rêveur?"
"- Chacun d'eux porte la marque de notre Maitre dans sa chair, investie de ses cauchemars et de ses connaissances. Lorsque cet homme mourra, son âme alimentera la pierre de tristesse de notre Maitre et ce dernier récupérera une partie des pouvoirs qui lui ont fait défaut après la chute de Draki."
Le coeur de Galadorn manqua de battre. Il connaissait à présent l'identité du nécromancien de Trandling.
Par Khaelon Lloth le 11/8/2002 Ã 21:53:52 (#1947749)
Par Dodgee MIP le 11/8/2002 Ã 23:54:01 (#1948160)
Demandez la dernière édition! Demandez le nouvel épisode!
Par IceDeaL Sylla le 12/8/2002 Ã 0:26:18 (#1948331)
Remarque je m'en plaint pas car comme tous le monde le sait:
"Plus c'est long et plus c'est bon.... ^^
Par Alanis Lyn le 12/8/2002 Ã 5:43:32 (#1949108)
Un sauveur, vite !
Par Itana Tilae le 12/8/2002 Ã 11:40:26 (#1949931)
Par Alith Anar le 13/8/2002 Ã 13:56:44 (#1956090)
Oh, jl'avais pas vu!
Par Zeed Mithror le 16/8/2002 Ã 20:02:16 (#1971755)
Et puis je n'allais quand même pas faire un post exprès pour vous annoncer la parution de la suite en cours de soirée (soit incessament-sous-peu ou encore plus-bientôt-tu-meurs-mais-je-mange-d'abord ;) ). Je vous préviens de suite, les amoureux des pavés bien gras vont être servis. Oui encore... plaignez vous ;)
Si vous voulez soutenir les auteurs deux solutions :
- le chèque à l'ordre des "gros-bourrins-de-la-plume" poste restante à Trandling (quand on aura reconstruit le bureau de poste)
- un message sympa (évitez "crevez bande de raclures", ce pourrait être mal pris et justifier des chutes de fléaux ;) ) par mail, MP, ICQ ou autre moyen de votre choix (il est conseillé de rajouter ces messages à la suite des posts dans lesquels nous vous assommons de mots ;) )
Vala c'est tout pour l'heure. A dans un p'tit tas de minutes pour le 58ème épisode...
Zeed Mithror
PS : le premier qui envoie un chèque je le pèle, je le vide comme un poisson et je le badigeonne de soufre à l'intérieur avant de l'allumer c'est clair ? Et le deuxième aussi mais plus lentement et je l'allume pas... je le laisse sécher.
PPS : non non je vous jure que c'est pas moi qui ai torturé Gala...
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