La Voie des Lys [Part VI]

Par Serenade le 11/8/2002 à 4:08:32 (#1945350)

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Les débuts:

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A lire aussi:

L'adversaire maudit de Sérénade.
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Assises, à même le sol, autour de la petite table où était servi le repas, Sérénade et Harmonie dégustait sans mot dire la soupe chaude dans des bols de bois âprement taillés. Gisait sur le côtés les restes d'une volaille où l'on pouvait encore voir quelques morceaux de blanc que les jeunes femmes ne manqueraient pas de finir. La pièce était un peu brumeuse, la cheminée ne refoulant pas la totalité de la fumée que le feu dans l'âtre ne manquait pas de produire. Depuis le jour de l'apparition de Yarren, Sérénade s'était rapprochée de sa soeur jumelle, daignant enfin lui adresser la parole... mais pour une temps relativement court.

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Quelques jours plus tôt:

Les deux occupantes de la pièce restèrent quelques instants interdites, s'observant l'une l'autre d'un regard vide. Ce fut Sérénade qui brisa la glace.

- Par Sélène, qui était-ce?

Encore sous le choc de la rencontre inopinée et du duel oratoire qui s'en est suivi, Harmonie mit quelques secondes avant de répondre, secondes qu'un silence pesant venait s'accaparer.

- Juste une vieille connaissance... ne t'en inquiètes pas.

- Mais pourquoi...?

- J'ai dit que ce n'était rien!

Harmonie se rendit compte qu'elle s'était emportée mais ne pouvait faire machine arrière sur sa décision.

- Il pourrait revenir et s'en prendre à toi. Sais-tu te défendre?

- Me défendre?

- Oui! Te servir d'armes. Couteau, épée, arc... sais-tu les manier?

- Bien sûr.

Sans hésitation, Harmonie dégaina sa dague et s'élança sur sa soeur. Sérénade, prise au dépourvu par l'attaque rapide, n'eut à pein le temps de faire un mouvement qu'elle se retrouva enserrée, la lame sur se gorge offerte.

- Tes réflexes sont lents.

Sérénade se dégagea d'un hochement d'épaules et s'éloigna d'Harmonie, un éclair dans les yeux.

- Comment oses-tu?

- Tu es faible. Face à un adversaire de ma nature, tu ne feras guère le poids. Et je suis loin d'être la plus douée dans mon domaine.

- Face à quelqu'un comme toi? Que veux-tu dire?

- Tu es une Lys, quoi que tu en dises. La tradition coule en toi comme elle coule dans mes veines et celles de notre mère. Tu te dois donc de réagir comme l'une des notres.

- Les Lys... vous n'avez que ces mots là à la bouche.

- Parce que c'est la réalité. Aussi triste et ennuyeux que cela puisse être, elles existent.

Sérénade hocha la tête en soupirant.

- Cela n'a pas suffi que ma vie soit déjà une parodie physiquement, elle doit aussi l'être socialement?

- Il ne faut pas le prendre comme cela, la vie n'est pas totalement parfaite, mais elle est la vie. Toi au moins a eu l'occasion de vivre libre, ne serait-ce qu'un certain temps.

Harmonie rangea son couteau dans le fourreau de cuir qui pendait à sa ceinture. Elle alla vers la fenêtre pour vérifier que ce Yarren n'était plus là. Sérénade s'approcha d'elle.

- Je suis désolée. J'oubliais que tu étais restée là-bas depuis tout ce temps.

Harmonie baissa la tête pour regarder sa soeur dans les yeux.

- Ce n'était pas une si mauvaise chose... J'ai beaucoup appris au contact des Lys. Certes des choses différentes, mais néanmoins fortement utiles.

- Mais sais-tu ce que c'est que t'amuser. Courir pieds nus dans les champs, prendre le soleil allongée dans le foin, dormir à même le sol avec pour seuls bruits ceux des animaux?

- Non, mais toi sais-tu reconnaître les plantes curatives, résister à la douleur, voler jusqu'au pantalon que porte un homme sans qu'il s'en aperçoive et pour finir, le tuer de cent façons possibles?

- Voler, ça je sais faire. J'ai beaucoup pratiqué.

- Crois-tu?

Harmonie jeta sur le sol la bourse que sa soeur portait il y a juste quelques instants, avant qu'elle ne porte l'attaque.

- Mais...

- Une voleuse se faisant voler... cela arrive tous les jours. Même aux plus talentueuses.

Sérénade fit la moue de ses mauvais jours. Comment sa soeur pouvait-elle l'humilier comme elle le faisait? Mais dans un sens, cette dernière n'avait pas tort, elle qui se croyait forte en ce domaine venait de trouver maille à partir avec une soeur de loin plus habile qu'elle. Sérénade devait se rendre à l'évidence, tandis qu'elle perdait son temps à courir après une vie qui ne lui avait jamais vraiment appartenu, Harmonie en profitait pour parfaire ses compétences transmises par leur mère.

Sans nul doute devait-elle se soumettre, du moins pour un certain temps, à ses ordres, ne serait-ce que pour acquérir les bases de l'enseignement de la Voie des Lys. Après elle verrait bien.

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Et voilà que Sérénade avait commencé l'entraînement sous les yeux soucieux d'Harmonie. Chaque matin elle commençait par un échauffement, poursuivant avec le maniement du couteau et la connaissance des plantes. Les environs de HurleVent regogeaient de végétaux aux propriétés diverses et cela permettait d'en étudier un grand nombre. Mais le caractère routinier de la chose n'était pas pour plaire à la jeune fille.

Le déjeuner se passa dans le silence qui accompagnait généralement le caractère enflammée de Sérénade lorsqu'elle se bloquait sur quelque chose. Harmonie savait qu'elle se révèlerait réfractaire, mais elle ne se doutait pas d'avoir affaire à une personne si indépendante. En y réfléchissant bien, elle aurait du s'en douter. On ne pouvait décemment vivre pendant huit ans de façon solitaire sans avoir dévellopé une grande indépendance. Elle semblait avoir remis son destin envers Sélène, l'une des nombreuses déités de ce Royaume, mais elle évait évolué sans amis véritable, du moins à sa connaissance n'en avait-elle pas.

Alors que Sérénade se levait pour ranger sa coupelle désormais vide de toute nourriture, en aucune façon elle n'ouvrit la bouche pour prononcer le moindre mot. Dans son mutisme forçé, Harmonie y décela une pointe de tristesse dont elle n'arrivait pas à déterminer la cause. Puis elle marcha jusqu'à la porte, sortant de la maison sans lui dire au revoir.

La jeune fille aimait bien Harmonie, sa soeur jumelle, mais elle éprouvait bien des regrets quand à sa vie passé. Celle-ci lui appartenait alors que maintenant elle n'y pouvait plus grand chose dans son déroulement. Tout juste si on lui laissait une liberté de mouvement relative. Peut-être par pure paranoïa, elle se sentait épiée de toute part, surveillée dans ses moindres déplacements. Lilyade était-elle toujours à l'affut, tapie dans un recoin de la ville? De toute façon, Sérénade s'en fichait. Elle ne pourrait le savoir que si la femme à la peau d'ébène le décidait... C'était frustrant; en l'espace de quelques mois, elle avait découvert qu'elle était faible, après avoir longtemps cru le contraire.

L'air était assez frais et quelques gouttes de pluies venaient s'écraser contre le manteau court de Sérénade. Elle pouvait aisément remarquer que HurleVent était désert. Seules quelques Walkyries étaient occupées à patrouiller dans les rues en quête d'hypothétiques contrevenants. Mais tout comme els honnêtes gens, ils avaient eux aussi quittés l'endroit pour les patûrages plus verts de HavreClair ou de SilverSky. Seuls quelques personnages importants arrivaient à attirer quelquefois les aventuriers de passage. Malheureusement, HurleVent n'avait plus beaucoup d'attraits; si ce n'est son calme, en opposition avec HavreClair ou la Capitale...

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Mais pour une raison encore inconnue, un magicien déambulait dans la ville. Ils étaient facilement reconnaissable à leurs longues robes leur couvrant la totalité du corps. Celui-ci semblait chercher quelque chose. Brun, avec un air déterminé, il n'en demeurait point assez mince, le visage fin. A sa ceinture, une bourse de cuir se oscillait de gauche à droite au rythme de ses pas et ne manqua pas d'attiser la convoirise de celle qui aimait être avant tout une voleuse... quoi qu'en déduise sa soeur. Marchant précautionneusement, elle s'approcha assez près de l'homme pour qu'elle puisse distinguer distinctement ses traits. Il était commun, le genre à passer à côté sans s'apercevoir qu'il est là... étrange sensation de rencontrer ce type de personne.

Mais il ne fallait pas se laisser aller à de telles réflexions. Se concentrer sur sa tâche, voilà l'aptitude principale que devrait avoir toute bonne voleuse. Sérénade le pensait et tentait de l'appliquer à la lettre. Ne rien laisser au hasard, car il était son ennemi intime. Elle étudia donc le comportement du petit magicien et nota un fait étrange: il semblait marcher dans l'attente d'un évènement, mais lequel? Elle ne le savait pas et se contenta donc d'attendre...

Mais il ne faisait rien pour intéresser la jeune adolescente. Impatiente d'agir, elle se faufila entre les allées, aussi furtivement que ses pieds agiles le pouvaient. Sérénade patienta un moment, non loin de l'homme et l'observa scrupuleusement, attendant le moment propice. Celui-ci survint rapidement: il s'était attardé non loin des fleurs plantés au bas des murs de l'enceinte nord et en humait les parfums. Il semblait ne plus être conscient... c'était là qu'elle devait frapper. Vive comme un chat, elle bondit, une lame aiguisée dans le creu de sa main droite, et coupa net les fils attachant la bourse à la ceinture. Elle s'en saisit et recula de plusieurs mètres, toujours à l'affut d'une réaction. Mais celle-ci arriva trop tard, Sérénade s'étant déjà enfuie au loin.

Le sourire aux lèvres elle contemplait certes un maigre butin, au vu du poids, mais il s'agissait là plutôt d'un victoire contre la mauvaise fortune. Suffisament éloignée des lieux, elle s'évertua à délier les fils qui lui cachaient le trésor.

- Mais que...?

Sans qu'elle puisse y faire grand chose, la bourse disparut. Tournant la tête de toute part, du coin de l'oeil elle put apercevoir une silhouette qui ne lui était pas inconnue... celle du mage. Il enserrait sa bourse d'une main heureuse, tout en lui souriant... ce n'était guère bon pour elle. Sans se départir des formalités d'usage, bien inutiles dans ce cas présent, elle se mit à courir en direction de la sortie de la ville, afin de détourner son poursuivant, si le mage s'y décidait, de son véritable but: son repaire. Sérénade connaissait la ville comme sa poche et, bien qu'elle ne fut pas si grande que cela, elle permettait aisément de semer quelqu'un. Le coeur battant à tout rompre, elle s'arrêta près des gigantesques champs qui ornaient la partie sud de HurleVent et observa derrière elle; aucune trace de sa supposée victime.

Quel manque de chance de tomber sur une bourse piégée. Elle s'était faite avoir comme une débutante. Le visage encore empourprée par la course et le poing rageur d'avoir gaché une opportunité intéressante, la seule depuis ces quelques semaines, elle rentrait bredouille retrouver sa soeur pour une lecture. Qu'allait-elle devenir? Sérénade avait encore bien des doutes à faire disparaître avant de répondre clairement à cette question...