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Le dernier voyage d'un merle.
Par Kyriane Feals le 5/8/2002 à 17:55:03 (#1919554)
Une réunion solitaire.
Dans sa géôle.
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Par les barreaux, Ea pouvait voir les rayons du soleil filtrer en une ligne continue et éclairer le mur. Les squelettes des rats qu'elle avait tué pourrissaient maintenant dans un coin de la géôle et répandaient dans l'ai une odeur nauséabonde. Au loin, le chant des oiseaux rappelait à la prêtresse d'Ogrimar que la vie ne s'était pas arrêtée et que le temps filait inexorablement.
Elle avait envoyé son message depuis de longues journées, passées à endurer les tortures de son maudit hôte. Malheureusement pour lui, elle n'avait pas cédé et ne cèderai jamais, malgré toutes les blessures qu'il pourrait lui infliger. Couverte d'ecchymoses des pieds à la tête, pas une parcelle de son corps n'avait été épargné. Ea psalmodiait pensivement une chanson à la gloir de son Dieu et attendait l'ultime espoir qu'elle avait de s'en sortir encore intact, autant physiquement que psychiquement...
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Le merle songeait qu'il avait déjà du parcourir un long voyage depuis que l'humaine lui avait demandé de rejoindre le Château Noir. D'ailleurs il ne savait pas où il se trouvait, mais quelques compagnons pourraient sûrement l'aider.
Il avait les ailes lourdes d'avoir volé depuis des jours sans prendre un repos digne de ce nom. Il n'aurait même pas eu la force de siffler cette douce musique que seuls les merles savent nous faire entendre, unique et ensorcelante. Mais l'humaine lui avait parlé presque avec le respect qu'elle accordait à d'autres gens de sa race, si tant est qu'elle ait eu du respect pour eux. Il lui obéirait et s'en irait, messager d'une infortune qui n'allait à personne, pas même à une humaine.
Trouver Haessa, voilà ce qu'il devait faire. Elle aussi devait parler son langage et cela paraissait dangereux au merle. Si tant d'humains commencent à nous comprendre, comment cacher ce qu'on pense d'eux? Cela devenait bien difficile.
Il s'approchait maintenant de la colline des Cent Rois, au sommet duquel le fameux château devait se trouver. Et, effectivement il était là, sombre citadelle perdue au milieu des brumes, émergeant parmi les arbres. Elle jurait avec le magnifique décor qu'offraient le paysage environnant et n'offrait aucune accroche architecturale précise si ce n'est les hideuses statues qui ornaient les murs. Elles paraissaient presque vivantes, prêtes à se jeter à corps perdu sur le pauvre petit intrus qui s'approchait. Cela effraya le merle qui hésita un infime fraction de seconde à continuer son voyage, pourtant si près du but.
Qui a dit que les animaux n'avaient pas de courage? Ce dernier démentait cette affirmation et voleta vers l'une des fenêtres ouverte du château et jeta un oeil à l'intérieur de la pièce. Elle était vide et froide comme presque tout ce bâtiment. Rien n'indiquait qu'il était habité, pas même ce semblant de propreté qui permettait de savoir qu'une présence régnait bien en ces lieux. Les araignées avaient trouvé là un endroit parfait pour y venir tisser leurs grandes toiles blanches afin d'attraper la maigre pitance qui viendrait égayer leur morne vie. Passer à attendre ses proies... quelle tristesse. Mais aussi quelle grandeur d'âme pour un être que celle d'accepter que la récompense ne soit presque jamais à la hauteur de cette infinie patience. Le merle en observa une avec appétit mais il devait d'abord trouver cette Haessa avant de penserà prendre du bon temps.
Il entra dans la pièce et s'envola vers le plafond d'où il pourrait passer d'une pièce à l'autre au vu des trous qui ornaient les murs. D'un oeil rapid, il nota avec intérêt qu'aucune d'entre elles ne comportaient de meubles, ni même de décorations et il douta un instant que quelqu'un eu pu résider ici-même. Mais l'humaine ne l'avait pas envoyé ici par pur hasard, il davait donc continuer ses recherches.
Un bruit ténu lui indiqua qu'il n'était plus tout seul. Le merle se dirigea vers l'origine de ce dernier et s'approcha d'un pan de mur à moitié écroulé et qui débouchait sur une chambre. Le noir dominait et rendait sinistre l'aspect de l'endroit. Les draps du lit était impeccables et aucune poussière, aucune toile, ne venaient souiller la netteté qui siégeait, telle une matrone à l'affut. Il était impensable d'espérer trouver pareil chose dans un château si délabré. Mais le fait était qu'elle était là, devant son regard furtif...
Une porte à laquelle il n'avait pas fait attention s'ouvrit brusquement et émit un grincement plaintif qui se répercuta dans le silence à travers tout le bâtiment. A travers l'encadrement, une humaine. Elle avait les cheveux aussi noirs que celle qui lui avait demandé de livrer son message mais paraissait plus dure, plus agressive. Elle semblait chercher quelquechose du regard mais pestait de ne point trouver. Puis son regard se posa sur le merle. Aussi froid que pouvait être le château, il exprimait une profonde haine envers la vie en général et, en cet instant, plus particulièrement envers lui, le messager de la dernière chance pour une humaine qu'il ne connaissait pas il y a seulement quelques jours. Le merle se demanda tout à coup s'il n'aurait pas du être ailleurs finalement. Face à ce simulacre de bestialité, il eut peur comme jamais, même lorqu'un chat avait manqué de le tuer il y a longtemps.
Il siffla la seule chose qu'il pouvait se rappeler alors qu'un indicible terreur l'avait envahi.
- Haessa !
A l'entente du nom, le visage de l'humaine changea et devint plus prosaïque que celui d'une statue s'il eut été possible.
- Qui êtes-vous? Et comment connaissez-vous mon nom?
- Je ne suis qu'un simple merle, comme vous pouvez le voir, et j'ai pour vous un message des plus urgents.
- Un merle porteur d'un message? Voilà une bien étrange chose.
- Vous semblez si bien comprendre notre langage, vous devriez savoir qu'aucune chose n'est étrange en ce monde.
- Je ne comprend pas que votre langage, j'en connais d'autres... beaucoup d'autres... Enfin bref quel est ce message?
- Un humaine m'envoie, elle a pour nom Ea.
- Ma nièce? Que me veut-elle?
- Elle semblait mal en point et se trouvait lors de notre entretien dans une cellule?
- Une cellule? Où? Et pourquoi?
- Ca je ne le sais. elle m'a dit que vous sauriez la retrouver.
- Elle n'a pas eu tort, je le puis assurément...
- Voilà, mon rôle est terminé, je vais donc prendre congé de votre présence.
- Attendez, venez un peu plus près, jeune merle.
Haessa resta impassible. Le merle fit également de même.
- Je ne suis plus tout jeune... si l'on vous comparait à vous j'aurais près de quatre-vingts ans.
- Quel être historique que j'ai devant moi. Venez, approchez, je vais vous donner une juste récompense pour tous vos efforts.
Haessa s'approcha d'une étagère sur laquelle étaient alignés un certain nombre de pots et fioles diverses.
- Que diriez-vous d'un ver? Vous devez avoir faim et la fatigue doit consumer tout votre corps? Non?
Se laissant gagner par un désir plus insatiable que n'importe quel autre, sauf peut-être celui de l'amour, le merle voleta jusqu'à l'étagère et secoua ses plumes en signe de contentement. Mal lui en pris car presque immédiatement, Haessa le saisit d'une poigne de fer et l'amena devant son visage.
- Voilà un ingrédient de choix pour le rituel. Tu as bien fait de me l'envoyer, ma chère nièce.
Sans que le merle n'esquissa le moidre mouvement, la femme lui brisa la nuque d'un coup sec, le tuant net, sans aucune souffrance, si ce n'est la fatigue qu'il éprouvait alors.
Elle avait maintenant ce qu'il fallait pour rejoindre Ea et tirerait l'affaire de son emprisonnement au clair. Si celui qui la maintenait enfermé n'était pas dans son droit, et elle doutait qu'il le soit, il lui en coûterait de sa vie, elle le jurait sur sa Foi en Ogrimar.
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Un pic vint aiguilloner le cerveau d'Ea, toujours passive dans sa cellule.
Ainsi finissait la vie d'un merle courageux, mais néanmoins stupide. Haessa la remercierait de son choix car un merle était nécessaire dans l'accomplissement du rituel qui lui permettrait de la contacter.
Son visage s'éclaira d'un sourire furtif, sans joie, mais néanmoins présent. A présent son destin reposait entre les mains de sa tante... et seul Ogrimar savait comment cela se terminerait.
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Dans un endroit obscur, Sallaryk se tenait devant un prisme et le scrutait, imperturbable.
Sa voix, résonnante comme si un écho caverneux la lui renvoyait, se fit entendre, interrogative.
- Quel est donc ce sourire, belle Ea... crois-tu que quelqu'un t'enlèvera à moi? Tant que je serais là, jamais...
http://membres.lycos.fr/kyrianefeals/Ea.jpg
http://membres.lycos.fr/kyrianefeals/SallarykFleur.jpg
Par Khaelon Lloth le 5/8/2002 à 18:24:19 (#1919790)
:lit: :)
Par Angel Wyvern/Darken le 5/8/2002 à 20:11:03 (#1920639)
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