Un fil d'or et d'argent [Poème]

Par Mekere le 30/6/2002 à 23:27:23 (#1736543)

Dans leur antre de terre et de sang
Les trois sÂœurs se concertaient
Pour un fil fait dÂ’or et dÂ’argent
Dont la frêle existence était menacée
Par la lame implacable de ciseaux acérés

La plus jeune des sÂœurs, belle et affable
Protestait : « Ce fil que je tisse, brin par brin
NÂ’est a nul autre comparable
De cet enchevêtrement de joie et de chagrin
J’ai crée le miel de ce destin.

La seconde plus âgée tenait en ses mains
Le filÂ… le jaugeant, le soupesant
« Pouce par pouce, »soupira t’elle « matin après matin
J’ai écouté le fil me narrer l’histoire de ces deux amants
J’aurai aimé la lire encore… éternellement….

La plus vieille, laide comme une harpie
Ridée et aigrie, tenait les ciseaux
Vieille édentée au cœur a l’amour tari
Ayant refusé ce qu’elle considérait être des maux
Du fil tant aimé, menaçait la vie

« Mes sœurs... rien ne dure éternellement
Je suis la pour y veiller
Même une histoire entre deux amants
Ne pourrait s’éterniser »

Alors que les ciseaux se refermaient
Dans un claquement sinistre, la vieille édentée
Mêla son rire aux pleurs de amants qui s’élevaient.
Le fil tombant a terre devant les yeux effarés
De ses deux sÂœurs qui voulaient le voir durer

La vieille regarda ses sÂœurs lÂ’air mauvais
« Assez de sentiments » dit elle « ce que vous construisez
Ces fils si fragiles, tous je les détruirai !
Ravalez ces airs tristes et recommencez à travailler »

Sans un mot les deux cadettes se regardèrent
Pleurant le fil détruit, pleurant comme les amants…
La plus jeune se leva, le regard emplis de colère
Envers cette aînée qui n’avais plus de sentiments.

« Ce que tu détruis sœur… je peux le refaire !
Ces deux amants seront dorénavant mes protégés
De leurs fils dÂ’or et dÂ’argent, je retisserai leur histoire
Qu’a jamais entre eux deux la vie puisse continuer »

« Tes efforts sont vains, pauvre jeunette » grommela l’aînée
La vie et l’amour ne peuvent à jamais perdurer
La peur, l’ennui, les regrets sont mes alliés
Pour ne pas qu’une histoire puisse durer »

« Même l’espoir se trouve en enfer «
Dit la plus jeune, « l’amour peut vaincre tes envoyés »
Mille fois je recommencerai ces ouvrages éphémères
Du moment qu’un seul accède a l’éternité ! »

La plus jeune retourna a son rouet
Entremêlant a nouveau les fils d’or et d’argent
Recréant par la même le fil déjà brisé
Permettant un nouveau « nous » pour les amants

La vieille regarda cela de son air revêche
Répondant d’un ton méprisant a la cadette affairée
« Un fil déjà brisé est fragile petite pimbêche !
Combien de temps crois tu que cela va durer… »

« Il y a de l’espoir en enfer » Répéta elle
Tant que lÂ’amour entre eux deux existera
Le fil que je tisse sera tel
Que rien ni personne ne le détruira… »

Par Calice Kerl AK le 30/6/2002 à 23:57:30 (#1736717)

(:lit: )

Glisse, glisse au fil de l'eau comme au fil du temps. L'amour n'est qu'un bateau remué par les tourments.