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Q : Ah encore ce vieux texte avec ce tanneur malade ? R : Bah oui.

Par Kalder'Shee le 10/12/2002 à 1:37:39 (#2748813)

Eh oui comme quoi tout arrive, je me dois de reposter ceci. C'est plus de la précaution que du nombrilisme, hélas... j'aurais aimé être taxé de prétention, ça m'aurait changé :p

Bref, si vous ne l'avez pas lu, tant mieux, si vous l'avez déjà lu... toutes mes excuses ! promis j'en ferai un tout bô tout neuf.

*erf, sait pas vraiment s'il pourra tenir sa promesse*
*fera tout pour :chut: *

Karne le Tanneur

Le linge frappe le roc dans un 'floc' sourd. Julie le presse à nouveau pour en finir avec cet épuisant essorage. Plus que deux tuniques, et elle pourra enfin courir voir sa tante qui a déjà préparé l'armature de sa robe de mariée. A cette idée, la fraîche jeune femme esquisse un sourire de joie anticipée. Le temps passe si lentement ! Encore 5 jours de longue attente avant le mariage avec David ! Elle s'imagine, virevoltant dans la belle robe, telle une abeille butinant le bonheur. Elle fait une pause, le temps de lever les yeux et de remercier le soleil qui lui épargne la pénible tâche d'étendre le linge au sec. Elle n'aura qu'à déposer les vêtements sur la vieille meule qui orne le jardin. Elle passe sa main sur son front pour essuyer la sueur qui pique ses yeux.

Puis les ténèbres.

Une sensation : celle de pendre la tête en bas, ballottée de gauche et de droite. Une autre : celle de ne pouvoir bouger. Un son : le lent ressac sur des rochers, amplifié par un écho étrange. Une odeur : le sel marin, puis une forte fragrance de varech. Son bras droit semble paralysé, à cause de la pression d'une corde. Julie ouvre enfin les yeux. Elle se rend compte de sa position : un lien, attachée au plafond, lui enserre les bras et le bassin, une autre lui lie les chevilles. Elle a la tête en bas, et cette tête lui procure une douleur intense... Elle a froid. Elle est nue.

Un plafond ? Elle se contorsionne pour mieux voir, à travers la cascade de cheveux bruns, mais cela ne mène qu'à accentuer une souffrance plus générale. L'obscurité est omniprésente, ici. Elle ne distingue rien.

Alors elle se met à murmurer :

"Il y a quelqu'un pour m'aider ?"

Mais personne ne vient. Rapidement, en rythme avec cet énervant ressac, la panique afflue, et les murmures cessent pour les cris, puis les hurlements. Enfin, une voix lui parvient, l'écho faisant résonner les accents familiers...

"Oh ! Pas maintenant ! N’abîme pas la voix. Pas déjà ! Ce serait du gâchis ! lance une voix masculine.
- Délivrez-moi, j'ai mal ! La blague a duré trop longtemps !
- Hé ! Hé ! Une blague ? Non, pas une blague, un concert !
Cette voix... peu souvent entendue, mais néanmoins connue...
- Qui êtes-vous ? Susurre Julie, avec une pointe d'appréhension.
- Tssss ! Ne compte pas sur moi pour te dire ceci, ma belle Julie. Ta voix me suffit, pas le sens de tes mots !
Un éclair passe. Elle sait qui est cet homme.
- Karne ! C'est bien toi ? Karne, le tanneur de Windhowl ?"

La réponse ne vient pas. L'homme fait la tour de la salle, en plaçant ponctuellement des bougies. Julie, à force de contorsions, et au prix d'une vive douleur dans les bras, aperçoit une silhouette athlétique, et un visage d'une grande beauté. C'est bien Karne, le tanneur si solitaire, le jeune homme qui refuse toute relation amicale ou amoureuse, bien que toutes les jeunes femmes de Windhowl en soient tombées amoureuses un jour.

Ses yeux ne luisent pas de la lumière habituelle. Elle est absente, cette lueur passionnée qui brille alors qu'il est concentré sur le minutieux travail pour lequel il voue sa vie. A la place, la jeune femme ne voit que hâte et excitation. Elle tourne en le regardant se déplacer vers un grand brasero, qu'il allume rapidement. Alors, avec un haut-le-cœur, elle perçoit de légers éclat métalliques provenant d'une table invisible jusqu'à lors. La lumière grandit, se stabilise, se reflète sur l'onde marine, et les lueurs deviennent menaces : de sombres instruments à pointes, lames courtes et longues, des tisonniers huilés, et d'autres outils dont l'utilité reste trouble... Tout cela posé, rangé scrupuleusement...

Elle voudrait hurler, gesticuler, s'échapper. Mais elle reste muette, paralysée. Elle tourne les yeux vers Karne, qui la fixait déjà depuis quelques secondes avec avidité, un sourire tendrement cruel sur ses lèvres. Elle ferme les yeux lentement. Elle a compris.

La voix du tanneur s'élève dans l'intimité du huis clos, comme celle d'un amant joyeux, alors qu'il s'approche d'elle et tend sa main vers son visage avec tendresse.

"J'ai tout préparé pour toi, Julie. Regarde comme cette grotte est belle, avec ces reflets qui scintillent si joliment sur les murs! Ecoute cet écho ! Quelle acoustique, n'est-ce pas ? Je vais te montrer quel niveau de perfection ta voix peut atteindre, lorsqu'elle est bien orchestrée ! Tu verras ! Il faut que je sois fier de toi !"

La bouche de la jeune femme se déforme brusquement et un sanglot éclate. Des larmes de panique coulent, impuissantes.

Karne saisit une lame courte, qu'il fait courir sur le flanc de sa victime. Elle essaie de bouger, mais les oscillations de la corde la ramènent inlassablement, entaillant ses chairs. Elle cesse de sangloter, pour se concentrer sur son immobilité, échappatoire momentanée à la torture... Le fil passe sur la hanche, longe le contour des fesses, poursuit sa course jusqu'au genou, tout en laissant un mince filet de liquide écarlate... Il reprend au même endroit, mais plus profondément. Les gémissements commencent, il tressaille de plaisir...

Enfin, arrivé à la fesse, le bourreau redresse l'outil, et appuie doucement... La lame s'enfonce, de presque un centimètre, et les véritables cris retentissent dans l'écho de la grotte. Karne ôte rapidement la fine feuille de métal. Son regard trahit sa déception. Il se baisse, incline la tête pour mieux regarder le visage déformé par la peur de sa victime.

"Allons ! Mets-y du tien, un peu ! Je ne veux pas faire tout le travail !
- Par pitié ! Laisse-moi partir ! Lâche Julie dans un sanglot.
- Ah ! Non ! C'est trop tard, le concert a commencé ! réplique Karne, imperturbable. Alors je te demanderai pour la dernière fois de ne pas parler, car je me fiche bien des mots, seuls les cris ont une saveur à mes oreilles, pas les piaillements ineptes !"

Il se relève, lui saisit la main droite, et dépose délicatement le fil de la lame sous l'ongle de l'index. La crispation de la jeune femme ne porte pas ses fruits, il affermit la prise, et avec d'infinies précautions, il tranche la fine peau, semble satisfait du glapissement qui en résulte, continue son mouvement en mettant la pointe dans le prolongement du doigt et fait pénétrer le métal dans la chair.

Une douleur rayonnante déchire l'espace interne de Julie. Elle se répand dans le bras et dans son épaule comme une inondation, lui faisant oublier son état et ses autres douleurs. La jeune femme se laisse alors sombrer dans les affres de la souffrance, préférant perdre sa dignité au profit de l'oubli... Ses cris deviennent un instrument, dont le bourreau se sert pour orchestrer un morceau de plaisir dément pour un esprit dérangé. Un cri presque inhumain, s'échappe de la gorge incontrôlable lorsque l'ongle cède sous la brusque rotation de la feuille d'acier.

"Je le savais ! s'exclame Karne. C'est presque parfait ! Plus qu'un instant, et je pourrais dire que je suis fier de toi, Julie ! Donne-moi encore un cri comme celui-là, en un peu plus travaillé, et je pleure de bonheur ! Ô, quelle ivresse !"

Le bourreau file vers la table, prends à pleine main un nouvel outil, une lame plus grande, tout aussi acérée que la première. Il revient, semble hésiter, réfléchir, et d'un geste brusque il plonge la pointe dans le brasero.

"Ca donne d'excellents résultats ! Tu verras !" Commente-t-il avec un enthousiasme non feint.

La réponse n'est que grognement. La pauvresse est à la limite de la conscience. Elle reviens peu à peu à elle, commence à bouger la tête, et quand la lame blanchit, elle regarde à nouveau Karne avancer vers elle. Il décide de profiter de cet instant de conscience pour jouer avec le visage de sa victime. Il approche la pointe vers la joue.

"Non, pas la joue, cela risque de diminuer la qualité du son."

Il détourne son attention sur la tempe droite, écarte la masse de cheveux dont certains prennent feu en dégageant une odeur écœurante de roussi. La jeune femme commence à trembler, ses yeux se révulsent de terreur, et le tisonnier improvisé entre en contact avec la peau. La combinaison du hurlement ainsi généré et du bruit de grésillement semble satisfaire pleinement Karne, qui glousse d’un plaisir obscène. Le contact prend fin, et le bourreau glisse à l'oreille de sa victime quelques mots :

"Il existe des parties du corps plus sensibles que d'autres, je vais te montrer !"

Il exécute un mouvement circulaire théâtral, qui se termine sur le coté du sein. La lame, encore chaude, y pénètre comme dans une motte de beurre. La puissance du cri surprend le tanneur, qui décide de voir où cela pourrait le mener. Il entreprend de faire tourner la lame de gauche et de droite, par à-coups. La cruelle symphonie monte crescendo, et, jeté violemment dans un moment de grâce, Karne laisse filer une larme de ses yeux bleu azur.

Il se rappelle. Cette fille, qu'il avait vue se traîner avec son énorme seau rempli. Quand elle était tombée dans ce trou, elle avait poussé un cri... bien qu'inesthétique et détestable, il avait aimé. Il ne l'avait pas aidée, et même il l'avait suivie jusque chez elle, où elle s'était fait battre par son père, dans un déchaînement de violence qu'il ne croyait pas possible. Et il avait aimé cela aussi. Même, il s'était délecté de ce spectacle de haine.

Le lendemain, il avait voulu être acteur, cette fois-ci. Il avait poussé la fillette dans l'eau, avait sauté à sa suite et l'avait rouée de coups... Puis, alors qu'il s'était aperçu que ses poings n'étaient pas assez puissants, et que la fillette ne criait plus, il avait dégainé sa dague, et lui avait planté dans le bras. Le cri tant attendu avait fusé comme une récompense, un don, et il asséna tant et tant de coups, pour recevoir tant et tant de plaisir, que rapidement les cris cessèrent, ne laissant que les clapotis stériles de ses mouvements assassins.

Les clapotis...

Clignant des yeux, et revenant de son rêve éveillé, il s'aperçoit qu'il ne reste que le ressac... La musique a cessé. Le corps sans vie de Julie pend comme un cochon égorgé. Karne recule, conscient du fait qu'il a gâché par son inattention une occasion de parvenir au son parfait. Furieux contre lui-même, puis contre la femme qu'il vient de torturer, il larde de coups le cadavre, jusqu'à le rendre méconnaissable.

Enfin, vidé de son énergie, il tombe à genoux, le visage hagard et couvert de sang, Il passe sa langue sur ses lèvres rougies, observe le corps sans vie, dont des pans entiers de peau et de chair sont à vif... Il se relève, lèche avec tendresse le sang vermillon qui coule encore des artères sectionnées, tranche un lambeau de chair, le porte à ses lèvres et le mâche lentement…

"Il m'en faut une autre, se lamente-t-il enfin. J'ai été impatient, et peu malin avec la pauvre Julie. Elle aurait dû vivre au moins 4 jours, le temps de travailler au mieux sa voix, de s'habituer à l'acoustique... Quelle poisse ! Proteste-t-il dans un souffle de dépit. Petite imbécile de Julie ! Tu as toujours été une peste, et tu n'as pas changé ! Toujours prête à faire échouer les efforts de tes camarades, n'est-ce pas ? J'espère que tu es contente, maintenant que tu as payé !"

Par Warek SethDae le 10/12/2002 à 6:05:54 (#2749182)

Merci Kalder !
Ca fait longtemps que j'attendais de relire ce texte, qui etait perdu depuis bien longtemps. et cela dit peu doivent l'avoir lu dans ceux qui sont aujourd'hui sur le serveur ou sur le forum (a par les meubles de harn ! )

Un meuble de Harn

Par Kalder'Shee le 10/12/2002 à 7:20:53 (#2749284)

*prend bien note d'avoir une très sérieuse discussion avec Ysthar, et Nienna*

m'ci au passage, Warek ;)

Par Sarto le 10/12/2002 à 7:44:55 (#2749347)

Provient du message de Warek SethDae
Merci Kalder !
Ca fait longtemps que j'attendais de relire ce texte, qui etait perdu depuis bien longtemps. et cela dit peu doivent l'avoir lu dans ceux qui sont aujourd'hui sur le serveur ou sur le forum (a par les meubles de harn ! )

Un meuble de Harn


Nan, il était pas perdu, je l'avais sous la main depuis que Kriss l'avait remis sur le forum je crois :)

Par Yseult le 10/12/2002 à 13:41:02 (#2751500)

houaiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii

vas y kalder t'es le plus fort!!!!!!!!!

*tire sur les cordes du ring pour y entrer et aider son ami!!*
:chut: fallait peut etre pas dire ca....

vas y je suis de tout coeur avec toi!!!!!!!!!!!

bisous de force +99

Par Kirshtan le 10/12/2002 à 17:41:20 (#2753764)

Moi aussi je voulais le relire depuis belle lurette, merci Kalder

Par Ame Sombre le 10/12/2002 à 17:48:37 (#2753837)

Très beau texte. Sur un thème qui avait été abordé avant, récemment, par toi, par d'autres et qui sera de nouveau abordé un jour. ;) Il y a tellement de façons de le faire...

...

Par Alexia Schezar le 10/12/2002 à 18:32:23 (#2754243)

Il sait ce que j'en pense... :enerve: :hardos:

Re: ...

Par Sarto le 10/12/2002 à 18:44:47 (#2754387)

Provient du message de Alexia Schezar
Il sait ce que j'en pense... :enerve: :hardos:


Oui, il en a pas écrit assez :hardos:

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